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Shit happens… à Kuta

« Sabar ya, berdoa, ikhlas… dan minum jamu ya! » Qu’est-ce qu’il a dit ? Il vous a présenté ses condoléances. C’est gentil mais il n’a pas parlé de jamu sur la fin ? Pour être tout à fait exact, il vous encourage à être patient, à prier, à accepter et effectivement à boire du jamu. En intellectualisant la chose, et pour ceux qui s’efforcent de percer les mystères de l’Orient, on dira que le corps ne pouvant être séparé de l’esprit, il convient de soulager les deux en période de deuil. Ce que l’on peut aussi interpréter de manière moins poétiques mais finalement équivalente : le stress, c’est un truc à se rendre malade, et pour ne pas être malade, faut boire du jamu. Quoi qu’il en soit, si les mots et la forme sont différents de ce que l’on peut connaître en Occident, la bienveillance reste la même.

En revanche, il y a une chose à laquelle il est difficile de s’adapter, en particulier pour nous Français qui bénéficions sûrement du pire système de santé à l’exception de tous les autres, c’est l’administration hospitalière.

A Bali, la quasi-totalité des hôpitaux sont des établissements privés. Il y a bien Sanglah, l’hôpital central de Denpasar. Mais pour une personne non avertie et de surcroît en situation difficile, le moment n’est pas idéal pour une immersion dans l’Indonésie profonde. De plus, en tant qu’étranger, vous serez probablement redirigé vers « l’aile internationale » qui elle s’avère être privée. Bref, in fine, vous allez vous retrouver dans un hôpital privé.

Cela implique qu’après une prise en charge minimum, il vous faudra montrer patte blanche avant de pouvoir continuer. Que ce soit sous la forme d’un contrat d’assurance ou du versement d’un acompte en espèce sonnante et trébuchante, si vous êtes dans l’urgence, c’est urgemment qu’il vous faudra apporter des garanties financières. Vous vous en doutez, les tarifs sont à la tête du client. D’autant plus quand celui-ci est a priori assuré. Si vous ne l’êtes pas, ou du moins pas couvert dans le cas présent, il vous faudra constamment le rappeler et essayer d’éveiller l’empathie chez votre interlocuteur pour qu’il ne sale pas trop la note. Ca parait surréaliste d’avoir à négocier dans de tel moment mais sachez que cela peut s’avérer vital. Plus de liquidités, plus de soins. L’hôpital se contre-fout de la charité.

Mais l’humanité des Indonésiens n’a rien à voir là dedans. Comme dans de très de nombreux pays, la santé est un business. Ce serait même leur faire un mauvais procès tant ils savent être présents dans les épreuves. Très présents même. Couloirs et chambres d’hôpitaux sont souvent remplis de familles et d’amis qui camperont là le temps qu’il faudra, avec thermos, tapis de sol et jeu d’échec. Lors d’un décès, les mêmes organiseront des funérailles le plus rapidement possible. Des cérémonies pouvant parfois sembler expéditives, mélangeant religion et tradition, souvent plus rituelles que formelles mais en définitive profondément humaines. Et la vie de continuer pour ceux qui restent, d’où le jamu !

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