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SENS’O® : quand la copie incite à la coopération

Roberto est un homme au cerveau en perpétuelle ébullition, au débit de mitraillette, mille idées à la seconde. C’est sans doute grâce à cette belle énergie qu’il a réussi en si peu de temps à s’imposer dans le monde du luminaire en Indonésie. « J’ai commencé avec très peu de moyens à Bali, je concevais des meubles en résine, j’avais un petit atelier dans les rizières. Un jour, un client m’a confié un vase des Philippines en me demandant de le reproduire en résine, j’ai eu l’idée d’en faire quelque chose de plus utile, c’est ainsi que mon aventure des lampes en résine a commencé ». Depuis, il a développé un véritable univers autour de ses lampes, un univers qu’il décrit plein de « sensualité, rondeur et chaleur ». Le créateur est très versé dans la colorthérapie, certaines de ses lampes diffusent aussi des mantras, il aime à raconter des histoires à propos de chacune d’elles. Les clients ne s’y trompent pas, ses lampes sont plébiscitées dans le monde entier, bientôt dans de grandes chaînes de distribution. Pour faire face à la demande, il a monté une usine à Java en joint-venture, la production est ainsi passée à près de 10 000 lampes par jour !

Ce chef d’entreprise responsable a aussi à cœur l’écologie : « les lampes basse consommation, c’est bien, mais peu de gens savent qu’elles contiennent du mercure et qu’il est difficile de les recycler, même en Europe. Voilà pourquoi nous développons en ce moment des lampes à base de LED qui consomment encore moins et qui ne posent pas ce genre de problème ». Ses recherches l’ont aussi amené du côté des polymères à base de pommes de terre ou de maïs pour le corps de ses lampes. Dernier volet de ses préoccupations écolo, la chaussette ! « Plutôt que de mettre sa lampe au rebut quand on veut changer son luminaire, la solution c’est de changer l’enveloppe de la lampe, ce que j’appelle la chaussette. Nous en avons conçu de toutes les couleurs et de différents motifs, c’est bien pour l’environnement et bon pour le porte-monnaie ».

Dernier volet de notre entretien, la copie. « Les copieurs ne contribuent pas seulement à écorner notre chiffre d’affaires, ils font baisser les prix, produisent une mauvaise qualité et cassent le positionnement de nos produits », c’est le constat mi-amer qu’il dresse de cette plaie des affaires en Indonésie. Dans la rue qui longe son usine, il a dénombré sept boutiques qui proposent ses lampes. Une enquête menée ces derniers mois à Java lui fait estimer à une petite centaine ceux qui picorent sur son dos. Le problème s’est accentué ces derniers mois, il a découvert que des modèles à peine conçus et pas encore dans ses boutiques se retrouvaient déjà dans celles de la concurrence. « Ca ne servirait à rien de les poursuivre pour copie illégale, ceux qui s’y sont déjà essayé ces dernières années ont perdu leur temps et beaucoup d’argent. J’ai une idée qui devrait faire cas d’école si nous réussissons à la mettre en pratique : le kerjasama (la coopération), une certaine envie de partager nos expériences ». Roberto a dans l’idée que, s’il propose à ses contrefacteurs de gagner plus d’argent qu’en le copiant sauvagement, ça devrait les inciter à franchir le pas de travailler main dans la main avec lui. « Mon but, c’est surtout qu’ils produisent des lampes de meilleure qualité parce que ça nuit à ma marque. Je vais donc leur fournir certains composants, contrôler la façon et le plus dur certainement, imposer les prix de vente par le biais d’un label Sens’o, nous vendrons le tout à travers une coopérative ». Le patron de Sens’o s’est entouré d’avocats du célèbre cabinet de Jakarta Pacific Patent pour inciter ses futurs partenaires à assister à la première réunion où il leur exposera son projet très bientôt…

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