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Sari Api fait son beurre dans les petits pots

« Ne pas trop grandir pour rester authentique », telle pourrait être la devise d’entreprise de Sari Api, ce label de céramiques implantée sur les hauteurs d’Ubud et dirigée par la Suissesse Suzan Kohlik. Installée à Bali depuis le milieu des années 90, cette ancienne étudiante des Arts appliqués de Vevey a appris son métier dans un atelier d’artistes géré en coopérative à San Francisco. Pendant douze ans, elle s’est faite la main et aussi un nom au sein de ce collectif baptisé Ruby’s Clay Studio, « un truc tout droit échappé des années 60 », commente-t-elle amusée.

Après son aventure américaine, Suzan va s’établir à Bali sur un coup de cœur et avec de nombreux projets en tête. Notamment des projets de création et de fusion avec ces artistes et artisans balinais qu’elle découvre avec enthousiasme et parmi lesquels elle rencontrera son futur mari. Mais comme on dit souvent aux Etats-Unis, « la réalité mord » et Suzan devra réviser sa perception et ses habitudes héritées de ses amis néo-hippies de Californie. « Les potiers américains essayent de vivre de leur art sans esprit de compétition, contrairement à ici », constate la Suissesse, qui rappelle également que la céramique est inconnue dans la tradition balinaise. En clair, la poterie ne soulève guère d’enthousiasme parmi ses nouveaux amis balinais. Quant aux artistes étrangers, ils jalousent leurs privilèges et cultivent le secret. Qu’à cela ne tienne, il en faudrait plus pour décourager cette Suissesse au passeport américain…

Une fois adaptée à son nouveau milieu et débarrassée de ses réflexes californiens, Suzan va se mettre au travail. Elle crée chez elle un magnifique studio de céramique, dans lequel elle donne aussi des cours, et ouvre une boutique près de la Monkey Forest pour diffuser ses créations. Couplés à un café, le Juice Ja, où on sert ces boissons « bio » incontournables à Ubud, les petites entreprises créées par Suzan Kohlik emploient aujourd’hui une dizaine de personnes. « J’ai changé mes rêves pour m’adapter et me suis lancée dans le business, mais je regrette encore parfois de ne pas partager autant qu’avant », précise-t-elle avec honnêteté. Sa limite est là, dans cette aventure à échelle humaine qu’elle privilégie au plus haut point. « Pas question de passer à la vitesse supérieure et de monter une usine », explique-t-elle.

Le partage, c’est désormais dans l’enseignement qu’elle le retrouve. Suzan donne des cours pour les adultes et les enfants et organise de nombreux ateliers à des prix très abordables. Elle dispense également des cours aux enfants handicapés de la fondation Senang Hati. Les ressortissants de pays à forte tradition céramiste, comme les Japonais, les Coréens et les Taïwanais représentent le gros des troupes de ses acheteurs et comptent parmi ses étudiants les plus fidèles. Cela donne une indication sur la qualité des produits Sari Api et, comme on peut le déduire facilement, sur la valeur de son enseignement.

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