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Saint Pierre… à Kuta

A la sortie de l’avion, pour l’humble touriste et ses nombreux semblables, les derniers mètres menant vers les portes du paradis sont un interminable et sinueux chemin dessiné par des piquets et un ruban de tissu bleu. Pour les autres, il y a le « VIP Service ». Appelé aussi « Fast Track », il s’agit d’un service d’aide à la personne qui moyennant une poignée de dollars permet à tout un chacun de passer nonchalamment devant tout le monde. Mieux encore, selon des rumeurs absolument non confirmées, il serait possible dans le cadre d’une offre « platinum » de le faire en saluant la file d’attente d’un majeur tendu vers le ciel. Dans la plupart des cas, ces services se réservent à l’avance par email ou par SMS en envoyant nom, prénom et numéro de vol à un agent. Pour ceux qui n’avaient pas réalisé ce que représentaient plusieurs longs courriers déversant en même temps des centaines de passagers vers quelques stoïques fonctionnaires qui, pour tamponner chaque passeport, prennent toujours le temps qu’il faut pour le faire comme il faut, des rabatteurs arpentent la file d’attente en susurrant : « VIP ? Yes, VIP ? » Si l’on ne peut que saluer l’effort pour trouver une solution à la congestion quasi quotidienne dans l’aéroport, solution qui par ailleurs rencontre un franc succès auprès d’un certain public, plusieurs questions demeurent. Tout d’abord, est-ce légal ? Sur ce point, les réponses les plus fréquentes sont : « Qu’est-ce que t’entends par légal ? Bien sûr que c’est légal, ma femme s’en est servie la semaine dernière  ! » On est aussi en droit de se demander si c’est un manque de courtoisie vis-à-vis de ceux qui font la queue ? « Certainement pas ! De par le fait que je paye, j’y ai droit ! Et comme disait Monsieur Clint, dans la vie, y a ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent ! » Mais la question la plus essentielle reste celle-ci : si on considère qu’il serait certainement plus efficace d’ouvrir davantage de guichets aux heures de pointe, d’autant plus que ces guichets existent déjà, peut-on dire que ce genre de service constitue un lucratif pansement sur une jambe de bois et par la même un frein à une nécessaire réorganisation ? Et surtout, est-ce qu’en être client signifie faire partie du problème ? « C’est l’histoire du bœuf avant la poule ton truc. Qui me dit que parce que je vais poireauter 2 heures ils vont ouvrir plus de guichets ? Et ce serait moi le problème ? Dis pas des trucs comme ça hein. A Bali faut qu’on se serre les courbes et qu’on tire tous dans le même bateau ! » Se faciliter ou non la vie avec quelques billets est ici un cas de conscience quotidien. Un cheminement personnel qui a souvent commencé par « faut pas le faire », pour doucement glisser vers « faudrait pas le faire » puis vers « juste cette fois », pour finir par « tout le monde le fait, c’est comme ça que ça marche ! » Mais finalement, une fois sorti de l’aéroport, que l’on ait fait ou pas fait la queue  importe peu. Car une même conviction tous nous rassemble : celle qu’il faut dire non à la corruption !

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