Quand j’ai rencontré mon futur beau-père à Java, on m’a dit qu’il se nommait Sudarto. Tout court. Je l’ai donc appelé ainsi pendant des mois jusqu’au jour où mon mari m’a gentiment glissé : « Au fait, il faut dire Pak Sudarto ». Mais son gentil papa n’avait jamais bronché ! Parfois les Indonésiens vous informent au détour d’une phrase que vous faisiez erreur sur leur nom (depuis une bonne année) mais que ça n’a aucune espèce d’importance ! Quand je pense aux cultures occidentales, y compris latino-américaines, qui sont accrochées, voire souvent agrippées, à la transmission des traditions ancestrales, patronymes compris, j’ai trouvé le manque de formalisme des Indonésiens rafraichissant.
Dans la plupart des îles de l’Archipel (Java et Bali, par exemple) c’est très récemment que l’usage du nom de famille a été adopté. Vous avez sûrement déjà remarqué que frères, sœurs et ascendants en portent des différents, qui ont été donnés par les parents au même titre que le prénom. Et si mes ex-belles sœurs s’appelaient toutes Lestari c’était juste que leurs géniteurs manquaient d’inspiration ! Ceci étant, si l’on n’aime pas notre nom on peut en modifier l’orthographe ou intervertir avec son prénom ou même en changer ! Un ami à nous, décorateur d’intérieur, a choisi de passer de Nyoman Putra à Nyoman Bungalow pour booster sa carrière ! Bien sûr, tout cela n’est pas terriblement pratique au quotidien. Et si, dans le cas des Balinais, nos voisins se prénomment presque tous Ketut comme ça m’est arrivé à une époque on nage carrément dans le flou !
Avant de me marier, ça ne me disait pas de porter le nom de mon futur époux : Akbar. Je me disais que si l’on vivait un jour en France, cela risquait fort de nous attirer des ennuis. Mais comme on pouvait changer de nama keluarga en toute légalité, le jour où il a fallu demander un acte de naissance, l’employé de mairie a troqué Akbar pour un nom plus neutre de notre choix pour la modique somme de 20 000rp ! Malheureusement, depuis les bombes de Bali les changements d’identité sont, parait-il, plus réglementés. Tout fiche le camp, ma bonne dame, et surtout la liberté !