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Robin Lim : une croisade pour le bébé

Une héroïne aux pieds nus, Ibu Robin Lim déclare que sa vocation de sage femme est venue avec la mort de sa soeur suite à des complications de grossesse, cependant qu’en rêve, elle avait déjà revêtu la robe de sa grand mère, une accoucheuse. « En Indonésie, une femme enceinte a 300 fois plus de chances de mourir que si elle ne l’était pas », déclaret-elle, connaissant les mauvaises conditions d’hygiène d’ici. Robin elle-même a sept enfants ; elle a une généalogie complexe avec des origines indonésiennes, américaines, philippines, chinoises, allemandes et irlandaises… Complexité qui se révèle dans son travail. C’est une écologiste, une pacifiste, une écrivaine, une poétesse, une enseignante et par dessus tout, c’est une sage-femme. Elle s’appuie sur des principes simples : respect de la nature, respect de la culture et mise en oeuvre avertie de la médecine. Diplômée aux Etats-Unis et en Indonésie, elle utilise la médecine chinoise, l’homéopathie, la phytothérapie… et a créé un jardin où poussent les plantes dont la clinique a besoin. Réunissant les connaissances des diverses traditions de Bali et d’Hawaï, elle a créé aussi un petit labo pour transformer les plantes en gélules. Et son livre « Obat Asli », sur les plantes médicinales, est dans tous les foyers.

Robin Lim veut redonner aux femmes leur savoir perdu avec la médecine officielle depuis le 19e siècle ; ses efforts vont vers la naissance sans violence, contrastant avec l’hyper-médicalisation des cliniques « modernes ». Inépuisable dans sa vision, elle a publié « After the Baby’s Birth », suivi d’un guide nutritionnel « Recipes for Pregnant and Breastfeeding Women ». Tambour battant, sa longue chevelure nattée dans le dos, elle forme des sages-femmes à toutes ces techniques, sans oublier son intérêt pour le placenta, « un chakra oublié », sujet de son dernier livre.

Elle a créé en 2003 Bumi Sehat (Terre Saine) à Ubud, une clinique « communautaire » et se bat pour obtenir le droit des familles à une naissance gratuite. « Dans les hôpitaux ici, la mère qui vient d’accoucher ne peut pas rentrer chez elle avec son bébé tant que la note n’est pas payée », explique-t-elle. Cruelle réalité, inhumaine. En 2006, elle a remporté le Prix Alexandre Langer qui récompense son travail fait « de choix courageux, gardant son indépendance d’esprit tout en possédant un fort enracinement social, signalant des situations critiques et proposant de nouvelles voies. » Sa réputation de sagesse, d’intégrité et de dévouement a encore gagné du terrain en 2010 avec « Guerilla Midwife », un documentaire sur son action, sélectionné à Cannes et dans plus de 25 festivals. L’obstétricien français Michel Odent y apparaît, c’est lui qui a changé l’univers de l’accouchement, à la suite de Frédéric LeBoyer, et qui a suggéré la naissance en eau chaude.

Bien des familles françaises d’expatriés et de visiteurs viennent consulter ici. Ainsi, Icha a échappé à la « césarienne programmée » par l’hôpital comme une fatalité incontournable pour venir accoucher ici en douceur de sa petite Alice. Patricia aussi a eu son petit garçon ici, Adeline a pu être sauvée d’une fausse couche hémorragique, Jean-Philippe et Axel, deux fiers papas, ont aidé leurs épouses à accoucher dans l’eau chaude. Catherine, quant à elle, fait partie des donateurs auprès des sages-femmes étudiantes et a contribué à l’impression du livre « Ibu Alami », cependant que le docteur Yves Roire de Nouvelle-Calédonie a offert son temps comme bénévole. « L’association Solidaritas nous a soutenus dans le projet de clinique d’Aceh et ils ont creusé un puits de 120 m de profondeur ! révèle Robin Lim, nous sommes plus que reconnaissants, sachant l’importance vitale de l’eau propre ! »

Aujourd’hui, Ibu Robin a été sélectionnée comme l’une des 10 candidates au prix « CNN Heroes 2011 » qui attribue 250 000 USD au vainqueur. La décision en revient au public qui vote par Internet. Robin, entêtée et affectueuse, fait tranquillement avancer sa campagne, l’argent et la reconnaissance médiatique, elle en a besoin pour sa clinique, pas pour elle. « Vos familles françaises sont formidables, dites-leur de voter pour moi ! » dit-elle sans une trace d’ego. On peut voter jusqu’à 10 fois par jour, jusqu’au 7 décembre.

[http://www.cnn.com/SPECIALS/cnn.heroes/archive11/robin.lim.html
www.bumisehatbali.org->http://www.cnn.com/SPECIALS/cnn.heroes/archive11/robin.lim.html www.bumisehatbali.org]

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