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RETOUR VERS LE FUTUR

Alors qu’à Paris on célèbre les 50 ans de Mai 68, à Bali nous fêtons le retour des visiteurs. Si les précédents avaient fui l’île par peur du volcan, leurs remplaçants sont d’une toute autre trempe: de véritables sandinistes sans dieu ni maître. Sous les pavés, la plage? On leur avait plutôt promis sur le sable des montagnes d’ordures et des mers de plastique: le retour de la baie des Cochons. On les avait terrorisés à coup d’images d’éruptions datant des sixties ou d’expats paranos exhibant des masques à gaz post-nucléaires sur « fessebook ». Malgré cela, ces Che Guevara en claquettes ont bravé barricades médiatiques et « Bali bashing » pour manifester leur amour de l’île. « Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi! » Canggu, la ville-nouvelle a certainement dû se jumeler avec la commune de Novosibirsk, sinon comment expliquer ces foules de jeunes cosaques, fuyant froid sibérien et goulags. Ces utopistes aux looks improbables, issus d’un marxisme plus proche de Groucho que de celui de Karl, ont au moins le mérite de nous faire sourire. Moins peace and love, mais tout aussi végétariens, les Indiens affluent aussi en masse. Ils ont la particularité d’être peu regardants sur la pollution, sachant que chez eux chaque inspiration réduit d’une semaine l’espérance de vie.

C’est dans ce contexte de regain de fréquentation que la night de Bali se refait une beauté. A Petitenget, le Quartier latin de l’île, Red ruby, la plus cougar des discos, vient d’effectuer son deuxième lifting en un an.
« Soyons réalistes, demandons l’impossible! » Jungle s’est mise sur son 31 pour fêter ses 2 ans de guerilla contre les clubs traditionnels et le voisinage. Leur mot d’ordre: il est interdit d’interdire. Mais comme les libertés ne se donnent pas mais qu’elles se prennent, c’est la lutte finale! Dans un souci plus communautaire, voici le retour des festivals. Moonlight ou encore Air Festival: DJs de type Cohn-Bendit, contre-culture, workshops, macrobiotique: « the cereal killers are
back ! » Par contre, pour l’amour libre il faudra repasser: les travailleuses du sexe sont à l’affût.

Dans un esprit moins hippie, Uluwatu se mue en centre du monde. Certes, c’est la victoire des campagnes sur les villes mais nous sommes loin du trotskisme. « Soyez réalistes, demandez l’impossible! » Des méga-projets architecturaux comme Ulu Cliffhouse ou Omnia accueillent du haut de leurs falaises les gourous planétaires Carl Cox, Ritchie Hawtin ou Martin Garrix. Mais comme « exagérer, c’est commencer d’exister… » A ce sujet, une petite pensée pour Avicii, autre DJ superstar, disparu il y a peu. Dans mon esprit sinueux, la tristesse de cette disparition n’a d’égale que la satisfaction de savoir que dorénavant il nous épargnera ses petites melodies « à la con » que l’on garde en tête contre son gré des journées entières.

Après ce printemps du renouveau, que nous réserve l’avenir? « Un Summer of Love »? Prendrons-nous nos désirs pour des réalités? Car ce monde n’est pas un conte de fées: Mesdames, si vous perdez votre soulier à minuit, c’est que vous êtes bourrées!

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