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Réhabilitation du corail ou comment inverser la tendance?

Etant juste de retour après trois mois au Royaume-Uni, j’ai été saisi par les changements dramatiques dans l’apparence des paysages. Au milieu de la saison sèche, la terre semble aride, le sol est à nu et la végétation n’est pas aussi luxuriante que pendant la saison des pluies, qui se produit en gros de novembre à mars. Mais les phases du climat local sont en train de changer, les saisons sèche et humide sont moins distinctes et les précipitations ne sont plus aussi prévisibles que par le passé. Dans mon jardin, la vitesse à laquelle les plantes ont poussé pendant mon absence reste impressionnante. Tout pousse vite sous les tropiques, particulièrement sur un sol volcanique aussi fertile ! Ces conditions permettent même au plus pauvres de subvenir à leurs besoins.

Le trajet entre le sud densément peuplé de Bali vers la côte nord peut sembler long et fatigant, ce qui signifie que de nombreux endroits restent encore relativement préservés. Sur terre, les forêts denses des montagnes du centre de Bali et du Parc national de l’Ouest en sont la preuve, alors que, les plongeurs le savent bien, les eaux alentour des côtes du nord et de l’est offrent encore les plus beaux récifs de corail restants. Comme les autres habitats marins et côtiers ici, les coraux de Bali ont été placés sous une pression extraordinaire à cause des activités humaines, surtout ces cinquante dernières années. On dit qu’il ne reste que 7% du corail d’Indonésie en condition parfaite !

Nombre d’hôtels, maisons et boutiques autour de nous ont été construits en utilisant du sable de corail obtenu en brûlant des morceaux de corail dans des fours afin de les réduire en une poudre utilisable pour faire du ciment. Si vous regardez les murs entourant les maisons et jardins, vous pouvez vous rendre compte qu’ils sont faits de morceaux entiers d’anciens coraux vivants. C’est pourquoi les plateaux de récifs comme ceux qu’on peut voir à marée basse le long de la plage de Sanur dans le sud de Bali sont sans forme, alors qu’ils étaient couverts de jardins de coraux auparavant. Par le passé, les villageois étaient payés pour prélever le corail vivant. Hommes, femmes, enfants se déployaient dans la mer, arrachaient le corail, le ramenaient sur la plage où il était empilé en énormes tas avant d’être chargé sur les camions des chantiers. Les villages n’ont pas reçu grand-chose pour leurs efforts mais les impacts écologiques, sociaux et économiques ont été dramatiques. L’ablation des coraux vivants (et de la mangrove ailleurs) supprime les barrières protégeant des grandes marées, provoque l’érosion des terres et l’inondation des maisons et jardins des communautés.

Tout aussi sérieusement, les quantités de poissons qui élisaient domicile dans les récifs n’avaient plus d’endroits pour vivre et se reproduire, réduisant par conséquent la nourriture et les revenus dont disposaient les pêcheurs et leurs familles. D’autres facteurs, comme la pollution des sols et des fonds marins (pesticides, fertilisants, déchets et l’accroissement des écoulements d’eaux fraîches transportant de la vase et de la boue dans la mer) et la pêche à l’explosif ont contribué à ce problème. Mais l’ablation des coraux vivants a sans aucun doute eu l’impact le plus grave sur la vie marine ici.

Je travaille comme volontaire pour une ONG locale, la Fondation pour la nature indonésienne (LINI, voir
www.lini.or.id). Démarrée en 2008 et maintenant dans sa 6ème année, LINI poursuit son action auprès des communautés de pêcheurs du nord de Bali. Je suis intimement persuadé que les résultats les plus durables en matière de préservation de l’environnement ne peuvent être obtenus qu’en encourageant les communautés locales à gérer eux-mêmes les ressources marines dont elles dépendent, plutôt que de se reposer sur le travail des agences gouvernementales et des organisations écologiques.

Les épaves de navires sont bien connues pour attirer toutes sortes de vie marine (celle de Tulamben étant peut-être la plus connue ici). Il y a des discussions pour couler plus de vieux bateaux autour de Bali pour cette raison et aussi pour attirer plus de plongeurs de loisir. Mais il y a aussi plein d’autres méthodes de restauration des récifs. Depuis 2010, LINI aide les communautés côtières à réhabiliter les coraux en utilisant des structures artificielles, le but étant de faire revenir les populations de poissons et d’améliorer les habitats. Ces récifs artificiels peuvent également procurer des zones de pêches alternatives afin de réduire la pression sur les récifs naturels. De ces endroits, le poisson peut être prélevé comme nourriture ou pour le commerce des aquariums, réduisant de façon significative l’impact sur les récifs naturels.

Les structures sont faites de dômes procurant une base pour la pousse de nouveaux coraux ainsi que des refuges pour les poissons. Les dômes hexagonaux forment un paysage tridimensionnel sur l’ancien fond dénudé, donnant une large surface sur laquelle les coraux et autres organismes marins peuvent s’implanter et croître. Elles deviennent rapidement des refuges à de grandes quantités de poissons. Elles sont peu coûteuses et les villageois peuvent les fabriquer eux-mêmes en utilisant des matériaux du coin. Et c’est ce qui se passe jusqu’à aujourd’hui, plus de 1800 récifs artificiels ont été posés comme une sorte de collection ornementale à Les, au nord de Bali. Dans les cinq ans à venir, LINI entend déployer 10 000 structures sur plus de 2km de côte. En une année seulement, chacune de ces structures peut générer plus d’argent que ce qu’elle a coûté. En 2012, une étude a démontré qu’après 12 mois, 10 mètres carrés de récifs artificiels (pour un coût de 1100 USD) produisaient des revenus entre 190 et 370 USD par mois par pêcheur.

Le rêve de LINI est de stimuler le business local, y compris les hôtels de bord de mer, afin qu’ils aident à construire ces récifs près de leurs concessions de plages. Sur le long terme, ça serait merveilleux de voir une ligne continue de coraux réhabilités s’étendant sur des dizaines de kilomètres de Sanur à Candi Dasa ! A cause de la montée des températures, le blanchiment du corail se produit à Bali. Les récifs sont là depuis des milliards d’années, les menaces que leur imposent les humains sont bien réelles. J’invite tous ceux qui visitent Bali à aller voir les récifs coralliens durant leur séjour. Ce n’est pas grave si vous n’êtes pas plongeur, utilisez simplement un masque, un tuba et des palmes et plongez la tête sous la surface.

Pour toutes questions sur la vie naturelle en Indonésie, posez vos questions par courriel à [email protected], ou sur Facebook à
« Ron Lilley’s Bali snake Patrol »

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