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RAHMAT N’A PAS AIME SON NYEPI

L’année dernière pour Nyepi, le Nouvel An, je n’étais pas à Bali mais mon chéri était là et hébergeait un ami javanais, Rahmat… tout ça pour se débiner finalement sous prétexte d’une mission spéciale ! En réalité, comme tous les hyperactifs, il déteste rester enfermé chez lui pour Silent Day ! Rahmat, réalisant qu’il allait se retrouver seul, avait invité un autre copain, Gun, à partager ce moment spécial avec lui.

Quand j’ai revu Rahmat, je lui ai demandé comment ça s’était passé, pensant qu’il avait apprécié, en ce jour de l’an balinais, le jardin et la piscine loin des regards des pecalang, les securiti balinais, plutôt que d’être enfermé dans un kost. De plus, on avait laissé le frigo plein. Mais Rahmat n’a pas aimé son Nyepi.

En fait, les Balinais commencent leurs préparatifs un peu plus tôt chaque année et Gun, après s’être retrouvé coincé dans un embouteillage créé par le sauve-qui-peut généralisé des locaux désireux d’être au bon endroit au bon moment, s’est vu fermement bloquer l’accès par les pecalang et a dû rebrousser chemin ! Au final, le pauvre Rahmat s’est retrouvé tout seul chez nous dans le noir car il n’a pas pensé ou osé demander si on avait des bougies !

« Pourquoi tu n’as pas allumé discrètement une lampe ? – J’avais peur que les pecalang balancent des pierres dans la fenêtre et nous collent une amende – Mais tu vois bien qu’on est hors de leur vue ! ». En fait, nous, d’habitude, on se calfeutre mais on a toujours une ou deux loupiottes allumées et on fait de l’Internet – on est accro ou on ne l’est pas !

Bref, Rahmat était un peu contrarié. La vraie raison à cela, à mon avis, c’est que les Indonésiens redoutent plus que tout d’être seuls et qu’ils ont une sainte frousse des esprits et fantômes ! Il avait donc passé une nuit glauque à tendre l’oreille aux craquements et autres bruits suspects tout en ayant honte de nous en faire la narration ensuite !

Une autre fois, à mon retour de France, je retrouve mon Yoyok penaud. Il me raconte que Rahmat est fâché et ne veut plus le voir. Pourquoi donc ?! « Une nuit, dans mon sommeil, je l’ai pris pour toi et lui ai touché le bras ! Il a bondi, m’a traité de tous les noms et s’est enfui. » Hilare,
je m’étonne : « Pourquoi dormiez-vous quasiment collés l’un à l’autre alors qu’on a plusieurs chambres ?! » Seuls les Indonésiens et leur peur des ténèbres peuvent comprendre ce genre de chose… en tout cas rien d’étonnant que la veille de Nyepi, ils fassent bloc, tous ensemble, contre les démons qui survolent l’île de Bali dans l’obscurité !

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