Accueil Billets Le billet de Didier Chekroun

RADIO NOSTALGIE

Y’a plus de saisons ma p’tite dame, tout fout le camp ! Un été festif s’achève et inlassablement nous sommes entourés de ces « c’était-mieux-avantistes », ces gens qui prétendent que tout était mieux avant. A les écouter, nous sommes ridicules à tenter de vivre le présent. Alors qu’ont-ils, ces aigris du maintenant, à nous faire regretter le passé ? Est-ce que l’on était plus heureux avant ? Il faudrait me le vanter, ce passé que les déclinistes glorifient.
« Les soirées à Nyang Nyang, ça c’étaient des vraies parties ! » Certes, mais pour y accéder, il fallait passer par de terrifiants barrages de stups.
« Ah je regrette le Doublesix, c’était
formidable ! » Tellement formidable qu’il a dû fermer ses portes car plus personne n’y allait ! « J’adorais Baccio et Déjà vu, on dansait face à la plage ! » Pourtant le concept était très hivernal: slalomer entre les prostituées en écoutant de la soupe. « C’était plus relax, on pouvait sortir en tongs. » Bien sûr, mais la déco était sommaire, et on avait beau être en shorts et sandales, on n’était qu’entre Occidentaux, alors qu’aujourd’hui nous partageons, en toute harmonie, les dancefloors avec nos hôtes indonésiens. Je me demande subitement: et avant, est-ce que l’on disait aussi que c’était mieux avant, quand les gens vivaient leur présent, qui est notre passé ? Et est-ce que maintenant sera le « c’était-mieux-avant » de dans dix ans ? Aujourd’hui, nous avons plus de choix au niveau des clubs. La musique est plus éclectique, les artistes viennent du monde entier, alors qu’avant nous subissions le diktat de médiocres DJs de Jakarta. Certes, le mauvais goût est toujours omniprésent. Le kitch s’est malheureusement emparé du monde. La ruée des peuples vers le laid fut le principal phénomène de la mondialisation. Pour s’en convaincre il suffit de circuler dans une ville chinoise, d’observer les nouveaux codes de décoration de La Poste française ou la tenue des touristes. Le mauvais goût est le dénominateur commun de l’humanité. Mais heureusement, à Bali, nous avons toujours d’autres alternatives. Grâce au progrès technologique, le son est plus pur (Jenja) et les jeux de lumières plus impressionnants (Envie). Et à regarder les queues d’adolescents ébahis devant la Favela ou Mexicola, on réalise à quel point la nuit balinaise a de l’avenir. Car tout cela n’est qu’une histoire de temps, donc d’âge. Ce que ces aigris du présent regrettent le plus, c’est leur propre jeunesse, l’époque où ils osaient lâcher prise. Pour eux, défendre l’avant n’est qu’une fuite. En avant. Nous vivons une époque formidable, où l’on peut danser avec des écouteurs, en sélectionnant sa musique aux silent disco parties, où organiser, avec succès des festivals comme Gipsyland, en ne communiquant que sur la rencontre de la techno et du kombucha. Tout un programme !
Et pour vous, tout était mieux avant ? Réflechissez-y honnêtement. Exceptionnellement, cette nuit (de fête) ne portera pas conseil. Alors démerdez-vous ! Mais ne vous laissez pas influencer par les autres. Car malheureusement, à la fin, ce sont toujours les cons qui l’emportent. Question de surnombre !

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