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Raconter Bali ?

Pierre-Jacques Ober est un réalisateur de documentaires français installé en Australie. Il vient à Bali régulièrement depuis une quinzaine d’années.

C’est l’aube. Comme chaque matin, je suis parmi les premiers à voir le soleil se lever sur l’Australie. Pas difficile. Je me lève tôt et j’habite sur le point le plus à l’est. C’est tellement grand que j’aurai déjà passé 3 heures dans le noir lorsque le soleil se couchera enfin ce soir à l’autre bout du pays. A des milliers de kilomètres à l’ouest. En fait, pratiquement en face du Double Six…

Raconter Bali ? La première fois, c’était il y a plus de 15 ans, pour tourner une pub pour le Club Med… Carte postale, petits fours, gentils animateurs et l’envie d’être ailleurs. La deuxième fois, je ne me souviens plus exactement de tout sauf que je devais vraiment être largué et que Le Wharehouse était à mi-chemin entre l’Australie et le Sarawak… Et ainsi de suite. Réussissant d’une manière ou d’une autre à me retrouver à chaque fois, complètement autre part. Il m’aura fallu une sixième visite, l’année dernière, pour qu’enfin je me sente pleinement présent à Bali. Quatre semaines chez un ami en banlieue de Denpasar, ne sortant qu’une fois tous les 2 jours pour une séance de chirurgie dentaire. Quatre semaines de vie normale.

Raconter Bali ? Et bien figurez-vous que cette fois-ci j’ai trouvé le moyen de me faire bombarder de bananes pourries par un gros orang-outang ! Et que pour la deuxième année consécutive, je me suis débrouillé à rater de très peu l’arrivée du Beaujolais nouveau…Et pour que vous sachiez vraiment tout, je peux même vous dire que cette fois-ci, si je suis venu à Bali, c’était pour m’empiffrer de jambon de Bayonne…

En fait c’est mon fils qui devrait raconter Bali. Je l’ai emmené avec moi. Notre premier voyage entre garçons. Imaginez que tout à coup, pour lui, la vie soit devenue Charlotte au chocolat et DVDs à volonté… Mais ce qui restera le plus de ce voyage sera le fait que pour la première fois, mon fils a découvert que son père n’était pas le seul « French » sur terre… On ne l’a pas cherché mais cette fois-ci, partout où on est allé, il n’y avait pratiquement que des Français. Bali c’était un parfum nostalgique de la France… Ce cher pays de mon enfance… Mon petit Tim avait beau être à Bali, il se retrouvait tout à coup complètement ailleurs… C’est à s’y perdre. Et c’est si délicieux. De fantasme exotique, Bali est devenue au fil du temps un jalon régulier dans la vie qui s’écoule. Le décor familier de moments importants.

Le soleil est maintenant bien au dessus de l’horizon, une autre journée commence au Pays de l’arc en ciel. C’est l’heure de la baignade du matin, le temps de vous quitter. Mais j’avoue que je vais garder pour quelques jours encore les images de vos couchers de soleil, le temps que la vie ici ne reprenne le dessus. Et j’aurai donc une petite pensée le soir pour Patrick le plongeur d’épaves, pour Charlie le rêveur des Iles de la Sonde, pour les jeunes Pamela Javanaises et les vieilles Enfield… Pour Bali, le pays du jambon de Bayonne…

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