Recherche femme, de préférence jeune et balinaise, honnête, pas fainéante, sachant cuisiner, faire les courses et s’occuper d’un nourrisson, disponible 8h par jour / 6 jours par semaine. Salaire de départ : 1,1 million par mois. En publiant son annonce sur Facebook, cette jeune maman était sans doute la seule à ne pas pouvoir imaginer le torrent de critiques qui allait bientôt déferler dans les commentaires de son post. Dans une sorte de grand chelem de la loose, elle est parvenue en quelques mots anodins à donner une raison plus ou moins valable à des dizaines et des dizaines de gens de s’indigner ou de la stigmatiser. Pour certains d’entre eux, véritables professionnels du commentaire acerbe et constamment aux aguets de polémiques, on peut dire que c’était même jour de fête tant ils n’en attendaient sûrement pas autant.
Alors bien sûr, Haters gonna hate et les rageux vont rager, mais tout de même. Entre les discriminations en tous genres sur le sexe, l’âge ou l’origine, l’allusion au fait que l’aptitude à ne pas piquer dans le porte-monnaie de la patronne ou à ne pas faire la sieste planqué derrière le frigo serait un plus non négligeable, ainsi que le peu de considération témoigné par une offre de la moitié du salaire minimum légale pour effectuer les 12 travaux d’Hercule, il faut bien avouer qu’elle aurait difficilement pu faire pire. Inévitablement, elle s’est donc entendu dire que, en substance, il était regrettable que quelqu’un comme elle existe encore de nos jours, que tout travail méritait salaire, que les Javanais aussi savaient faire le ménage et qu’inversement les Balinais ne savaient pas faire que ça, qu’une personne avec de faibles moyens n’était pas forcément un voleur et que de toutes façons, homme ou femme, le concept même de pembantu était complétement rétrograde. Ce à quoi elle a répondu en précisant qu’étant seule à la maison elle serait plus à l’aise avec une femme, qu’étant elle-même balinaise elle cherchait une aide pour préparer les offrandes et que sur la question du salaire, elle ne pouvait pas proposer plus en raison de ses propres revenus. Des arguments plutôt convaincants qui comme toujours n’auront convaincu personne, l’obligeant à retirer son annonce pour mettre fin au déluge.
Au final aucune provocation ou malveillance de sa part. Juste une certaine forme de 1er degré, pragmatique et naïf. Une parole sans filtre et maladroite qu’on retrouve également dans l’annonce de cet hôtel de luxe de Jimbaran à la recherche de staff je cite, non hindou. Un pré-requis écrit en majuscule dans le titre… Leur problème était qu’avec 100% d’employés hindous, ils se trouvaient fort dépourvus au moment des cérémonies. Eux aussi ont bien sûr pris assez cher, jusqu’à se faire menacer du retrait de leur licence. Après s’être platement excusés et avoir republié une annonce sans mention discriminatoire, ils ont eu tout le loisir d’embaucher qui il voulait, selon des critères de leur choix mais cette fois en les gardant pour eux. Poker Face.
