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Que la force soit avec elle !

Qu’on se le dise, l’Alliance française nouvelle mouture n’a rien à voir avec l’ancienne. Sous l’impulsion de Magali, les choses sont en train de changer. Fini les salles de classe poussiéreuses, la bibliothèque minimale et le manque d’espace chronique. L’Alliance vient de déménager à Renon, en face du Lapangan Puputan et les nouveaux locaux sont en adéquation avec l’ambition retrouvée de la culture française à Bali.

La jeune femme l’affirme d’emblée, sa tâche consistera également à “apporter des supports culturels pour la communauté” et c’est bien là que réside la nouveauté la plus importante pour les Français. Consciente que l’activité économique trépidante de l’île attire de plus en plus les francophones, particulièrement les Français dont le nombre est en augmentation constante, la France a décidé de faire de la branche balinaise un relais de son action culturelle en Indonésie.

Un changement de taille par rapport à la politique qui prévalait ces dernières années. Par exemple, nombre de Français s’étonnaient du fait qu’il était impossible d’apprendre le bahasa indonesia à l’Alliance. Cette lacune appartient désormais au passé. Magali affirme aussi qu’elle a l’intention de constituer “une bibliothèque digne de ce nom”, complète, fonctionnant en partie sur le principe d’une bourse d’échange et absolument au fait de “l’actualité littéraire”. De quoi satisfaire les accros de la lecture et les soulager de leurs souffrances…

Autant de nouveautés qui donnent le ton des changements à venir. Leur dénominateur commun est “le dynamisme”, comme tient à le souligner leur initiatrice. Elle se dit fière des nouveaux locaux qui servent les exigences de “visibilité” de l’Alliance nouvelle formule. Il n’y a pas moins de cinq salles pour les cours, une bibliothèque, un espace central modulable qui pourra accueillir un ciné-club « avec des cycles consacrés au cinéma d’expression française ». Autour, un jardin et une cafétéria, lieux de rencontre informelle qui donneront une âme à l’ensemble, “avec des viennoiseries à petits prix”, dit Magali qui espère que les étudiants indonésiens aimeront goûter à des produits français.

Théâtre, danse, concerts, expos, seront programmés à Bali chaque année dans le cadre de l’action culturelle française qui ne se limitera plus comme par le passé aux Centres culturels français de Java. Les gros événements qui ne pourront se dérouler dans les locaux de l’Alliance seront “délocalisés”, précise la jeune femme. Un programme d’échanges culturels va être défini avec par exemple un atelier-théâtre « pour les Indonésiens qui apprennent le français ». Enfin, il est question de diffuser une émission de radio en langue française très prochainement sur Radio Plus.

L’énumération de tous ces projets au bénéfice des résidents français ou francophones donne le tournis. Surtout que ces derniers n’étaient pas habitués jusqu’alors à tous ces égards, loin s’en faut. Magali Morel, qui dirige seule l’Alliance, en a conscience et se donne deux ans minimum pour réussir son ambitieuse mission au cahier des charges bien rempli. Il est vrai que l’ancienne étudiante en ethnologie ne se laisse pas intimider facilement par le travail et avoue avoir « très rarement besoin de vacances ». « J’aime l’enquête, la recherche et la vie monacale », explique cette jeune femme originaire du Val d’Oise.

Bonne élève, elle ne choisira « ethno » à Nanterre qu’après une année d’errance en Histoire de l’Art à la Sorbonne. Elle avoue « ne pas avoir apprécié la mentalité et l’atmosphère » de la vieille faculté du Quartier latin et surtout souhaité « quelque chose de plus large » pour ses études. Après une maîtrise sans rendre de mémoire, elle s’inscrira en indonésien à l’INALCO après un premier séjour dans l’archipel. Elle passera ensuite un an à l’université Gajah Mada à Jogjakarta, titulaire d’une bourse du gouvernement indonésien pour se perfectionner en bahasa indonesia et finira par enseigner brièvement le français au CCF.
“Je préfère vivre avec les gens plutôt que de les analyser”, explique-t-elle au sujet de son renoncement à l’ethnologie qu’elle considère comme « une intrusion ». Revenue en France, elle passe sa maîtrise de « Français Langue Etrangère » afin d’être apte à enseigner en Indonésie, puis effectue un stage à Semarang. Ensuite, elle part à Jakarta pour une première mission de coopération. Elle passe plus d’un an comme prof de français dans deux universités de la capitale mais aussi comme chargée de mission pour la langue française à l’Ambassade de France. Enfin, elle fait un DEA en Histoire dont la thèse porte sur « la formation de l’état colonial à Java ».

Cette année à Jakarta lui a mis «du plomb dans la cervelle » et lui a permis de « bénéficier du savoir des autres et d’apprendre l’univers professionnel ». C’est donc aguerrie par cette expérience que Magali se lance courageusement dans la réhabilitation de l’Alliance française de Bali. Pour le plus grand bien des étudiants indonésiens aussi, dont la présence régulière depuis 1989, date de fondation de la branche de Denpasar, est la preuve de l’intérêt que portent les Indonésiens pour la langue et la culture française à Bali. Seul lien avec le passé, les profs restent les mêmes, trois permanents et trois vacataires.
Les programmes d’enseignement sont remaniés et l’Alliance va proposer des cours intensifs, en plus des cycles longs habituels, ainsi que des cours adaptés directement aux exigences touristiques avec des spécialisations « hôtellerie et restauration » et des stages sur place pour le personnel des hôtels. Outre les cours en classe, les personnes intéressées pourront bénéficier de cours en petits groupes et même de cours particuliers.

Déménager, diversifier les cours, développer les activités culturelles et les échanges avec les CCF, mettre en place un programme d’enseignement du français à l’université Udayana, former des enseignants et gérer la partie administrative sont donc les grands axes de l’immense tâche qui attend Magali Morel.

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