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Quand Tahiti rencontre Bali

« C’est plein d’émotions ici. Ils sont forts. Les Tahitiens n’ont plus le goût de l’art comme ça », déballe dans un souffle Teia Teaue. Bien sûr, il en avait entendu parler de cette île, de cet autre
« paradis » sorti tout droit des fantasmes occidentaux, mais il reconnaît que son séjour à dépassé ses espérances. « Ici, c’est magnifique, les femmes, les gestes, leurs déplacements », poursuit ce fils de charpentier. Invité par Danny Leverd, riche propriétaire d’une ferme perlière de Bora Bora installé depuis peu à Bali, Teia Teaue a pu rencontrer et confronter son art à celui des Balinais. « Juste pour le plaisir », rappelle-t-il.

A l’initiative du mécène, de jeunes sculpteurs balinais ont été contactés, certains par le biais d’écoles, et ils se sont tous amusés à confronter leur habileté à créer des Tikis, cette statuaire polynésienne ancestrale aux codes précis, sous la direction débonnaire de Teia. Au rendez-vous, rires, complicité, découverte réciproque de deux univers avec des mots simples et du cœur.
« Ici, je retrouve un peu du Tahiti d’avant, quand il y avait encore le partage », ajoute ce Polynésien qui collabora, avec Paul-Emile Victor, sur un projet d’école. Teia, qui ne parle pas anglais, a noté qu’ici aussi, on disait « matahari » pour le soleil. Teia et ses amis balinais se sont donc exprimés surtout avec les mains, mais quoi de plus naturel pour des sculpteurs !

De la douzaine d’artisans balinais, qui viennent d’Ubud, Gianyar et Singaraja pour l’essentiel, Teia Teaue reconnaît qu’ils n’ont pas tous « pigé tout de suite la pose du Tiki ». Mais il n’en revient pas de leur dextérité. « Ici, ils travaillent sans manche à leurs outils », remarque-t-il encore. Le Tiki est habituellement travaillé dans toutes sortes de matériaux, mais l’équipe de Teia s’est limitée au bois. Les Balinais semblent eux aussi ravis. Si le motif du Tiki est différent de ce qu’ils travaillent d’habitude, « ça ne présente pas de difficultés particulière », explique Made, de Blabatuh, qui ne pratiquait que les thèmes balinais. « Ici, on sent l’art ancestral », poursuit Teia qui pense déjà à son prochain séjour avec son épouse et ses enfants.

En tant que peintre, Teia travaille des thèmes macabres et non traditionnels. Il a déjà exposé en France. « J’ai commencé à toucher du bois à l’âge de sept ans et la peinture vers dix ans », déclare-t-il. Après cette brève rencontre, le Tahitien semble tout bouleversé et s’interroge déjà sur cette nouvelle influence. Des tas d’idées lui viennent en tête, il veut peindre ici,
« peut-être des femmes », et aussi « construire un pont entre les deux îles ». Mais surtout, revenir bientôt. « Je dois découvrir tout ça pour le mettre dans mon travail », affirme-t-il en conclusion.

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