Accueil Cover Story

PROPRIETAIRES ET AMOUREUX DE CHIENS ET CHATS A BALI RACONTENT…

Alvia passe des vacances de chien sur la plage de Legian
Alvia Indira (cf.La Gazette de Bali n°134 – juillet 2016) habite à Jakarta et passe désormais toutes ses vacances à Bali, à raison de trois à quatre fois par an. A force de se promener le matin sur la plage avec son mari, elle a fait connaissance avec le petit monde des chiens de la plage de Legian. « Au début, je faisais juste des selfies avec les chiens, et pas tous, parce que je suis toute petite et les grands chiens me font peur », se rappelle-t-elle dans un éclat de rire. Et petit à petit, elle a appris à connaitre les chiens, leurs propriétaires et tous les bénévoles qui chaque jour viennent les nourrir et les soigner. « Ma grand-mère était mariée avec un chrétien et nous avions un chien chez nous, ça m’a familiarisé avec ces animaux dès l’enfance », ajoute-t-elle. « Je rêverais d’avoir un chien chez moi à Jakarta mais c’est interdit dans mon immeuble. Alors, je me rattrape quand je viens à Bali. J’ai tellement progressé avec les chiens que depuis 6 mois, j’arrive même à les séparer quand ils se battent. » Son histoire d’amour avec les chiens a vraiment démarré quand un chien s’est souvenu d’elle après 4 mois d’absence. Depuis, elle est vraiment devenue la marraine de Pinky et Rosie, Bali dogs frères et sœurs qui vivent sur la plage et qu’elle prend totalement en charge même à distance : « les amies de la plage m’envoient des photos régulièrement et je contribue à les nourrir ou à les soigner quand nécessaire. » Et quand elle arrive à Bali, l’essentiel de son bagage est rempli avec de la nourriture pour ses protégés à 4 pattes. « Tous les matins, je distribue à manger à une dizaine de chiens, environ 2,5 kilos de nourriture, un mélange de poulet et de croquettes. Et je leur donne à manger à la main, et bizarrement, ce sont les plus bagarreurs et les plus mauvais garçons qui tiennent le plus à ce que je leur donne à la main, c’est beaucoup d’émotion à chaque fois. » Quand elle rentre à Jakarta, ses amis les plus proches lui proposent de l’aider financièrement pour nourrir ou soigner les chiens de Bali mais Alvia agit en dehors de toute organisation, elle ne veut pas endosser la responsabilité de gérer leur argent : « s’ils ont envie de soutenir l’action des bénévoles, il leur suffit de déposer un peu d’argent sur les comptes ouverts par I LOVE BALI DOGS à Sunset Vet et dans un pet shop sur Jl. Basangkasa, c’est une vraie organisation qui a été montée pour s’occuper de tous ces chiens qui vivent une belle vie sur la plage, la plupart ont des maitres mais passent le plus clair de leur temps avec leurs copains à batifoler sur la plage de Legian, pour notre plus grand plaisir. »

CS-Odd-cat-café-The Odd Cat Café : Julie Le Saux voulait agir pour les chats de Bali
« Mon petit ami balinais a ouvert ce café après un voyage au Japon. C’est là-bas qu’il a découvert le concept des cafés à chats et il s’est tout de suite dit qu’il fallait apporter cette idée à Bali. Un lieu où l’on pouvait jouer avec des chats tout en dégustant des gâteaux : le rêve de tous les amoureux des félins ! Il semblait important de profiter de cette ouverture pour secourir les chats abandonnés de Bali. On entend souvent parler des Bali dogs ici, mais il ne faut pas oublier les Bali cats ! Le manager est allé se former auprès de la fondation « Villa Kitty » : un centre de sauvetage et d’adoption de chats abandonnés qui a officiellement ouvert ses portes en 2011 et qui accueille plus de 150 chats actuellement (cf. Mon Bali par… de cette édition). Il y a appris à prendre soin des chats et a décidé de travailler avec l’association. Les 13 chats qui se trouvent dans le café viennent de Villa Kitty ! Le plus difficile pour l’ouverture a été de trouver une équipe qui aime les animaux et qui parle anglais. L’éducation en Indonésie n’incite pas vraiment à aimer les chats et les chiens errants ! On organise des adoptions régulièrement. Les chats du café restent dans le café – sauf s’il y a de véritables coups de cœur qui se créent bien évidemment – mais nous avons toujours sous la main les photos et les informations des chats qui attendent d’être adoptés à Villa Kitty pour pouvoir les montrer aux clients qui désirent adopter. A Bali il y a énormément d’abandon de chats. Et les chats de race ne sont pas plus protégés que les autres ! Au contraire, ils coûtent souvent trop chers en entretien. Il est courant de voir les propriétaires abandonner leurs animaux domestiques chez le vétérinaire en apprenant le prix d’une opération (et de venir le réclamer deux semaines plus tard quand les associations ont financé l’opération) ou encore de l’« oublier » en quittant Bali… Il est difficile d’éduquer les gens à l’idée que les chats ne sont pas de simples jouets. Il arrive souvent que des personnes qui adoptent nous rapportent leurs protégés seulement quelque semaines après : « il a grandi », « il a trop de poils », « je pars en vacances »… L’Odd Cat Café a donc aussi pour but d’éduquer : apprendre aux enfants à s’occuper des chatons, sensibiliser les gens sur l’importance d’adopter plutôt que d’acheter des animaux de race. Le café a des prix très accessibles, ça permet de toucher un public très varié : des touristes, des expatriés, des Indonésiens… Il y a des habitués qui viennent plusieurs fois par semaine, des familles qui viennent jouer avec leurs enfants. La pluparts de nos clients ont déjà beaucoup d’animaux à la maison. Ils reviennent ici parce qu’ils ont un préféré, pour profiter de leur pause déjeuner ou simplement pour faire une pause pendant leur voyage à Bali ! »
The Odd Cat Café, Jl. Raya Semer n°60, Kerobokan. Tél. 087 861 636 874

IMG_20170510_152239Deborah, 12 ans de vie commune avec Missy, petite chienne de rue
Pour Deborah Young, une Américaine originaire de Tucson installée à Bali depuis 16 ans, la vie ne vaut d’être vécue qu’en compagnie de chiens et de chats. Issue d’un milieu professionnel centré autour de l’épanouissement personnel, les méthodes de guérison holistique et les thérapies corporelles, elle avait même essayé de venir s’installer ici avec son chat. « Depuis l’enfance, j’ai toujours eu des animaux autour de moi et il me serait impossible de vivre sans eux », confie-t-elle. Et le fait est qu’après quelques mois à Bali sans son chat, laissé à une amie, elle a finalement recueilli un chien errant sur une plage de Nusa Dua. La petite chienne a vécu avec elle quelques temps sur la propriété que Deborah avait soigneusement bordée d’une barrière jusqu’au jour où l’animal a réussi à s’échapper pour finalement se faire écraser par une voiture. C’était il y a 12 ans. Peu après ce malheur, Deborah passe devant un bengkel près de la Monkey Forest à Ubud, dans lequel des chiots semblent à vendre. Le propriétaire lui en donne une. C’est Missy, une chienne de rue avec un peu de sang de Kintamani, affirme-t-elle. Quand l’hiver austral arrive en mai-juin, la fourrure de Missy s’accroit sur le plastron, se justifie Deborah. Cette petite chienne un peu frêle a sa propre personnalité, comme toutes les races et comme tous les individus. « Je trouve que ces chiens de rue de Bali sont très faciles à dresser, mais ce n’est pas l’opinion de tout le monde. On voit souvent des étrangers un peu dépassés par la situation. Pour ma part je considère qu’ils apprécient être dirigés, ce sont vraiment des chiens de meute », explique-t-elle sur la réputation difficile des chiens locaux, souvent accusés d’être difficilement contrôlables. C’est néanmoins plus facile lorsqu’on les a eus petits, ou lorsqu’il s’agit d’un chien de refuge qui sera reconnaissant, précise encore Deborah. Pour l’entretien, « c’est très facile, pas besoin de séances de grooming dans les multiples pet shops qui fleurissent aujourd’hui partout à Bali, je le fais moi-même », assure-t-elle. Il est plus facile de les nourrir aujourd’hui car on trouve toutes les marques d’aliments pour chien et chat, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années. Il n’est d’ailleurs pas bon de les nourrir avec des restes de riz, ce qui constitue souvent le régime de la majorité des chiens de kampung à Bali. « Les chiens d’ici sont très fidèles mais vous devez leur consacrer du temps. Ce sont des bons chasseurs, ils vous protégeront des serpents et ils ont un patrimoine génétique très marqué par la survie », poursuit-elle. Pour Deborah, les avoir comme simple animaux de compagnie représente en fait le plus bas niveau de possession d’un chien de Bali. « Ils sont très obéissants quand dressés correctement et comprennent un vocabulaire important », explique Deborah qui possèdent également trois chats de race locale qu’elle a recueillis dans la rue. « Il y a tant de bêtes qui ont besoin d’un foyer ici », conclut-elle.

CS-CYRILLECyrille, sauveteur de chiens presqu’à plein temps
« Je suis arrivé il y a 7 ans avec mon chien à Bali. Je suis un ami des animaux de longue date, plutôt solitaire, j’ai sans doute passé plus de temps enfant avec toutes sortes d’animaux qu’avec mes congénères. Ici, j’ai commencé à me rapprocher des chiens de rue, j’ai été choqué par la manière dont ils étaient victimes de préjugés, victimes d’une culture locale qui n’a pas beaucoup de compassion pour les animaux. Le chien n’est envisagé que du point de vue de son utilité : la viande, le gardiennage, le statut social qu’il procure ou l’argent généré par sa reproduction. Il y a bien sûr des exceptions. Tio Russ est une Indonésienne musulmane qui gère actuellement 160 chiens dans le refuge qu’elle a créé et qu’elle fait vivre grâce à des dons. En dehors des associations, nous sommes une vingtaine à Bali à consacrer beaucoup de temps, d’argent et d’énergie à soigner les animaux, les recueillir, les nourrir. Pour ma part, quand je ne travaille pas ou que je ne dors pas, je m’occupe des chiens, c’est ma vie. J’ai un sixième sens pour repérer les chiens en difficulté, je les soigne, j’en nourris environ 25 chaque jour dans la rue et en cas de besoin, je les recueille avant d’essayer de les placer mais c’est très difficile. Je m’étais dit à l’origine que je ne dépasserais pas 7 chiens mais j’en ai à présent 16 chez moi et 6 en clinique et ailleurs. Je garde des chiens avec des handicaps mentaux, traumatisés, dont personne ne veut. Il y a bien sûr quelque chose entre Bali et les chiens, j’ai envie d’écrire là-dessus. Chaque jour des chiots sont abandonnés parce que les maitres ne stérilisent pas leurs animaux, ils s’en foutent et n’ont aucune envie de leur consacrer la moindre roupie même quand ils gagnent des dizaines de millions par mois. Je suis souvent confronté à beaucoup de malveillance mais je reste diplomate pour ne pas nuire aux chiens, ce sont les animaux qui priment pour moi et c’est gratifiant de les voir après quelques mois de soins et de bonne nourriture retrouver confiance en eux. Il n’y a que sur Facebook que je me défoule. Mais nous sommes aidés par quelques vétérinaires extraordinaires comme le Dr Budi, Sunset Vet ou Kedonganan Vet, j’ai une ardoise auprès de chacun d’eux. Et il y a des particuliers qui m’aident aussi, parce que je dépense environ 10 millions par mois et mon salaire ne suffit pas. »
Si vous voulez soutenir Cyrille, écrivez-lui à [email protected]

CS-LEELALeela et son encombrante famille à quatre pattes
Leela Portret ne pensait pas en arrivant à Bali il y a 4 ans que sa vie serait autant dépendante de ses chiens. Elle en possède 5 qu’elle a recueillis à l’île Maurice alors que son mari y était en poste dans un hôtel. Après Maurice, bref passage de quelques mois en France puis un poste se libère à Bali. « Je me suis demandé pourquoi le transport de Jakarta à Bali coûtait plus cher que le vol de Paris à Jakarta », confie-t-elle « mais mon mari m’avait caché que les chiens rentreraient clandestinement à Bali en raison de la loi sur la rage qui interdit l’entrée et la sortie d’animaux ». Après cette première déconvenue, ce sont les voisins qui posent difficulté dans le lotissement de Kerobokan où ils viennent de régler le montant de leur loyer pour un an. « La plupart des locataires avaient des animaux domestiques, mais un voisin a menacé de les empoisonner sous prétexte qu’ils étaient trop bruyants », se rappelle cette femme originaire de Trinidad. « Pourtant personne ne se souciait des motos pétaradantes qui nous réveillaient la nuit… Nous avons donc dû déménager au bout de trois mois de pression et nous sommes donc réfugiés à Nusa Dua où les voisins sont plus tolérants. Enfin, leur tolérance n’en fait pas non plus des amis des animaux ! » Leela a pris l’habitude de nourrir les chiens du quartier devant son portail mais a remarqué qu’au bout de trois à quatre mois en général, ils s’évanouissaient dans la nature ou bien étaient simplement empoisonnés : « Dans la mesure où les chiens disparaissent toujours la nuit, je me suis demandé si un voisin n’attendait pas que les chiens soient bien dodus pour pouvoir les revendre pour leur viande ? » Entre-temps, Olivier, le mari de Leela, a quitté Bali pour un poste « sur une petite île de l’Océan Indien où les chiens sont interdits, déclare-t-elle flegmatique. J’attends donc soit son retour à Bali, soit un poste où nous pourrons emménager avec notre famille nombreuse. »

Socrate Georgiades, Cassandre Bachellier
et Eric Buvelot

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here