Accueil Billets Le billet de Papaya

PREPARATIFS DE NOCES A LA BALINAISE

Chouette, je suis invitée par Putu à la campagne au mariage de sa petite sœur Komang. Vêtus de nos beaux habits de cérémonie, on embarque dans la voiture Kadek et la petite amie de Putu. C’est Ketut, le benjamin, qui est au volant… et on n’est pas en avance ! En traversant Denpasar, on passe devant une clinique et soudain la conversation, en balinais, s’anime ; bien que je ne comprenne que l’indonésien, j’entends qu’il est question de certificat médical. Ketut descend, pénètre dans le complexe hospitalier… et n’en ressort pas. J’interroge les autres passagers, qui restent évasifs : il est allé chercher un certificat médical. Bon, attendons. Euh, un certificat pour quoi, si ce n’est pas indiscret ? – Pour aller au mariage. – Comment ça ?! Son patron est tenu de le laisser partir, non ? – Il ne veut pas. – Pourquoi donc ?! » Silence, la queue du chat balance. Ils restent placides. Moyennant quoi, on cuit dans ce parking en plein cagnard. Le gâteau que j’ai confectionné commence à fondre, je frise le malaise pour cause de déshydratation et, si ça continue, c’est dans cet endroit pas vraiment romantis qu’on va le célébrer, ce mariage !

Devant la passivité – ou la patience – générale je pars à la recherche de Ketut. C’est au sous-sol que je finis par le retrouver assis, immobile, parmi d’autres gens… dans la salle d’attente d’un médecin ! Finalement, une bonne heure s’est écoulée avant qu’il ne réapparaisse. La consultation a pris d’autant plus de temps que le jeune homme voulait faire croire au docteur qu’il avait mal au ventre; celui-ci, perplexe, l’auscultait et l’interrogeait en vain – et pour cause ! Il lui a néanmoins signé l’arrêt de travail tant convoité et prescrit une longue liste de médicaments à acheter de préférence dans la pharmacie de la clinique. Ainsi on a pu reprendre la route pour aller aux noces de Komang…

Quelque temps plus tard, désirant donner à un ami un exemple de l’extrême timidité de nombreux Balinais et de leur difficulté à s’affirmer, notamment devant leurs employeurs, je lui racontai l’histoire de ce pauvre Ketut contraint de recourir à un stratagème pathétique pour pouvoir assister au mariage de sa sœur. Ce copain m’a répondu « Pff ! Il a dû déjà tellement souvent sécher le travail et marier tellement de fois tous les membres de sa famille qu’il était à cours d’alibis. » Je sais, certaines personnes sont mauvaise langue. Néanmoins cette scène délicieusement balinaise me fait encore sourire quand j’y repense.

Nancy Causse

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