Accueil Papua, île aux trésors

Premiers trocs à Jakapis, Eroko, Esmapan et Weo

21 octobre 2007

06h00

Anisa nous a préparé du thé avec des biscuits, nous faisons notre programme de la journée avec Pak Limbang qui accepte de nous accompagner. Il a une meilleure connaissance du terrain et de la population que Nur.


8h00

La pirogue est chargée de bidons de pétrole, juste de quoi faire un aller-retour sur un bras de rivière. Nous serons de retour à Sawa ce soir. Nous prenons quelques vivres avec nous ainsi que des bâches en cas de pluie. Direction Jakapis, un village retiré à 4h de navigation de Sawa en direction de la montagne. Le dernier sur ce bras de rivière que nous prenons à contre-courant.

12h00

Arrivée à Jakapis. C’est un petit village d’une centaines d’âmes juste au bord de cette petite rivière. Les cabanes qui servent de maisons sont délabrées et le jeu (la maison des hommes) est en piteux état.
Ce village est un des plus pauvres de la région. Excentré, il reçoit très peu de visiteurs voire jamais et les gens sont complètement illettrés. Ils vivent de la chasse, principalement d’oiseaux comme le perroquet, le kakatoès ou le casoar.

Quelques jeunes du village, la morve au nez, dépenaillés, maigres comme des clous et estropiés pour certains, nous accueillent sur la berge. Je leur explique que nous sommes ici en quête d’art Asmat et que nous serions ravis d’acheter ou d’échanger contre de la nourriture tout objet qu’ils possèdent et utilisent dans leur vie quotidienne. Le chef de clan ainsi que la plupart des anciens sont partis dans la forêt pour chasser et les femmes taillent le sagou.

Après avoir fait la coutume avec les plus anciens de la tribu présents à ce
moment, le troc commence. Tous refusent l’argent, Sawa étant à une ou deux journées de pirogue à rame, ils préfèrent bien sûr nous échanger ce qu’ils ont contre de la nourriture et du tabac. Chacun d’eux nous apporte son tifa, percussion en bois et peau de lézard, objet le plus ancien que l’on puisse trouver actuellement chez les Asmat. Ils utilisent ces tambours pour des cérémonies. Ce sont les seuls instruments de musique. On nous apporte des arcs et des flèches, des couteaux en os de casoar, des plats en bois sculpté, des lances en bois de fer, très solides, utilisées pour la chasse au crocodile ou au sanglier.

Rapidement la pirogue se charge de tas d’objets traditionnels, tous utilisés dans la vie courante des Asmat. Nous sommes très contents de ce qui nous est apporté. Certaines pièces sont vraiment très anciennes. Pak Limbang se charge de la distribution des vivres. Ils sont tous ravis de pouvoir se ravitailler. On dirait que personne n’est passé par ici depuis des années.


14h00

Le village n’a plus rien à nous proposer et nous décidons
de redescendre la rivière pour rendre visite au village
d’Eroko.

15h00

Eroko est un village à peine plus grand que Jakapis, le chef de la tribu nous reçoit dans le jeu et je lui remets un petit sachet rempli de tabac et de riz. Coutume faite, tous les hommes du village nous rejoignent dans la maison des hommes et nous proposent tout leur attirail. Ici pas question de troc, tous veulent de l’argent, qu’ils dépenseront immédiatement avec Pak Limbang qui a pris suffisamment de provisions avec lui.
Ici aussi, à l’exception de quelques tifa et salawaku (boucliers Asmat), nous n’avons trouvé que des outils à usage traditionnel. Nous quittons donc Eroko une heure plus tard. La pirogue est déjà à moitié pleine d’objets mis en vrac. Nous ferons le rangement plus tard à Sawa.

17h00

Arrivés à Esmapan, rencontre avec le chef de la tribu dans le jeu. Peu de chose à acheter dans ce village moins accueillant, les prix annoncés sont exorbitants. Nous essayons de négocier, mais plus nous négocions à la baisse plus ils haussent les prix. Voyant la situation sans issue, je remercie gentiment mes hôtes, mais l’atmosphère devient vite hostile, nous devons partir.
Les Asmat, furieux de nous voir sortir sans rien acheter, bloquent l’entrée du jeu et nous demandent 500 $ de taxe. Nous nous en tirons en ne payant finalement que 20$.

17h45

Arrivés à Weo, tribu très accueillante contrairement à la précédente. Peu de choix de sculptures mais le chef, qui en est vraiment désolé, nous promet de mettre son village au travail pour notre prochain passage dans quelques mois. Le chef de tribu m’offre un collier en dents de chien. Je lui en achète deux autres. Il en a une dizaine autour du cou. Les colliers en dents de chien sont de très grande valeur chez les Asmat. En effet, à l’époque où les chiens étaient plus rares, un jeune homme voulant se marier devait acheter sa fiancée avec des sangliers et des dents de chien. Le chef ici devait avoir plusieurs filles vu le nombre de colliers pendant à son cou.
Nous récupérons aussi de très beaux tifa très anciens. Puis, à notre grande satisfaction, ils nous sortent les trésors de leurs grands-pères. La pirogue est vite pleine et nos vivres et marchandises, à la grande déception des villageois, épuisées.
Nous devons rentrer à Sawa. Heureusement, c’est la pleine lune et le ciel est dégagé. Le seul inconvénient, ce sont les moustiques. La pirogue avance lentement car la rivière est truffée de troncs flottants. L’embarcation et le moteur de
40 CV qui la propulse sont vieux de plus de 20 ans. Il faut faire attention au risque de chavirer dans cette eau boueuse infestée de crocodiles.


20h00

Nous sommes de retour au kios de Pak Limbang. Anisa nous a préparé un bon repas de riz et crevettes. Il pleut à torrent. Des dizaines de fûts sont installés autour de la maison pour recueillir l’eau de pluie qui coule du toit. Plus la maison est grande et le toit plat, plus on récupère d’eau…

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