Accueil Billets Les pieds dans le plat

Pour ce qui est du professionnalisme…

L’autre fois, mon amie Tina va refaire sa coloration chez son coiffeur habituel. Mais où est passée Ayu, son employée préférée ? Ah, rentrée au kampung ? Ah, on ne sait pas jusqu’à quand ? Qu’à cela ne tienne : une autre Balinaise apparait. Voisine ? Cousine ? Qu’importe : elle assure qu’Ayu et elle, c’est du pareil au même. Alors Tina s’assoupit, confiante, dans le fauteuil usé imitation cuir.
Elle n’ouvre les yeux qu’une fois tout terminé. Mais la teinture a débordé de partout, lui dessinant comme un casque noir autour du visage ! Horreur ! « Ben… vous comptez laisser ça comme ça ? », s’exclame Tina. Elle doit pointer du doigt car l’employée a l’air de penser que sa cliente rêve: « Là ! » « Oh là ? C’est pas grave ! Ca partira dans quelques jours ! »
Comme Tina, je ne vais pas dans les salons de beauté de luxe et le service n’est pas toujours à la hauteur. Il faut dire qu’à Bali, il y a un gros turnover. Les salaires sont peu motivants, ce qui ne fidélise pas les employés. Il n’y a de loyauté ni d’un côté ni de l’autre et les Indonésiens, timorés et redoutant les conflits plus encore que la dengue, démissionnent souvent sans préavis : ils ne reviennent pas le lendemain, voire après la pause déjeuner. Les plus jeunes, la fameuse génération Y – phénomène international – phobiques de l’engagement, disparaissent souvent au moindre accroc ou au premier symptôme d’ennui : de toute façon, ce boulot, ils ne le « sentaient » pas, c’était une erreur d’aiguillage de leur karma, « it wasn’t meant to be ». Bref, ils zappent. Eux sont capables de fausser définitivement compagnie au boss à la pause cigarette. Bref, il faut retrouver du staff vite fait et le client sert de cobaye au stagiaire, au copain de la sœur de Komang qui vient de débarquer à Kuta ou à la voisine désœuvrée, lasse d’attendre assise dehors sur les marches. Une fois, j’ai été suivie jusqu’à la cabine du Beauty Salon par une bande de jolies petites Indonésiennes hilares, curieuses et avides d’action. Jusqu’au moment où j’ai dit « Dites-moi, vous êtes très mignonnes et gentilles et c’est tout à votre honneur de vous intéresser mais j’avoue que je préfère que vous ne regardiez pas l’épilation du maillot ». Et hop ! Elles se sont envolées comme une nuée d’oiseaux.
Le mois prochain, on verra encore comment, dans un univers moelleux, on peut néanmoins se retrouver, par inadvertance, sous pas mal de stress. Ce sont les surprises de Bali !

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