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Plongée : l’Aurora devra prendre sa vitesse de croisière

Les lecteurs de ce journal connaissent bien Jérôme Perrussel (cf. La Gazette de Bali n°77 – octobre 2011), ce Français à la tête de la société Atlantis, spécialiste de la plongée autour de Bali depuis 20 ans. Aujourd’hui associé à Dune, il propose désormais des croisières-plongées aux confins de l’Archipel sur l’Aurora, un phinisi au confort et à l’équipement des plus modernes malgré sa ligne sortie d’une autre époque. Avec le directeur opérationnel Mohammed Kerbich, un Franco-Algérien de 43 ans, revenons sur les défis et les enjeux que représente un tel investissement dans un marché déjà très concurrentiel…

L’Aurora nous attend dans la baie de Serangan. Il n’est pas tout seul dansAurora @ Banda Sea -Apr2016-11 ces eaux, tant ce type de bateau en bois fabriqué à Célèbes depuis des siècles est populaire encore aujourd’hui auprès des touristes, et notre hôte Jérôme Perrussel nous le montre du doigt. Le navire est en réfection. La semaine prochaine, il sera en cale sèche pour le travail sur la coque. Mohammed Kerbich, dit Momox, nous attend sur le pont. A bord, de nombreux ouvriers, mécaniciens et autres employés s’activent dans cette effervescence mesurée typiquement indonésienne. Sans attendre, Momox nous entraîne à sa suite pour la visite. L’Aurora est un navire de 40m qui possède 9 cabines, en double, pour les couples et même en famille avec deux lits. 14 à 16 voyageurs peuvent embarquer. Auxquels il faut ajouter 14 hommes d’équipage et trois guides pour la plongée.

On nous montre une grande cuisine, une chambre froide imposante, on nous apprend que le bateau est équipé d’une connexion téléphonique par satellite, nous descendons en salle des machines pour admirer le puissant V10 Nissan à gasoil, l’appareil de désalinisation, les différents générateurs électriques… Nous visitons les cabines du staff, celles des passagers, climatisées, nous admirons les salles de bain dans le plus pur style Bali. Nous visitons enfin une salle avec ordinateurs, toute dédiée à la photo, nous dit-on. Les plongeurs aiment prendre en photo la faune et la flore qu’ils découvrent dans les fonds marins et cette salle leur offre tout loisir d’admirer leurs images avant leur retour. Installés à l’ombre à l’arrière du navire, Jérôme et Momox nous entretiennent désormais en détail de ce projet qui a démarré il y a quelques mois mais dont la genèse remonte à quelques années. « Atlantis s’est associé à Dune pour développer cette activité de croisière qui nous manquait », nous explique Jérôme. Présent en plongée à Bali, mais aussi en trek avec Amanaska, Atlantis envisageait une expansion vers les activités de croisières.

Une démarche d’armateurs
C’est désormais chose faite dans ce partenariat avec Dune et les deux sociétés ontAurora @ Banda Sea -Apr2016-14 acheté l’Aurora et investit les fonds nécessaires à l’obtention de toutes les autorisations, le tout pour une somme rondelette. Dune Atlantis est donc propriétaire du bateau, une particularité dans un secteur où les navires sont le plus souvent affrétés par des boites de tourisme. Momox lui travaille depuis 16 ans pour Dune, une société de croisière qui souhaitait mettre un pied en Indonésie. « Nous voulons être proprios à 100% afin d’avoir le contrôle total de nos opérations », explique ce capitaine de navire marchande sur les raisons qui les ont poussé à devenir armateurs. « C’est un investissement lourd, sur du long terme, il faut payer toutes les licences d’exploitation », surenchérit Jérôme de son côté.

Momox nous explique ensuite par le menu les points suivants : « En Indonésie, on doit payer pour tous les endroits où le bateau mouille. Par exemple, à Raja Ampat, il faut payer un droit d’accès à l’année
de 30 millions de roupies, que tu viennes ou pas. Pour chaque touriste amené, c’est 1 million par tête. Il faut payer les formalités de port, environ 5 millions de roupies à chaque passage, le ravitaillement, le droit d’ancrage. Quand nous descendons en plongée, il faut payer une taxe coutumière au village le plus proche. A Komodo par exemple, les formalités portuaires sont entre 3,5 et 5 millions par croisière. 200 000rp par jour pour les visiteurs, plus encore une taxe pour le trek de visite aux dragons. » Momox, qui a écumé la Mer Rouge sur des navires de croisière nous rappelle aussi que l’Indonésie est bien plus chère à cause du prix du gasoil qui est plus important ici et qui représente un tiers du budget sur une sortie en mer.

La croisière-plongée, un marché élitiste
Sans compter les salaires qui sont plus élevés. « Un capitaine égyptien coûte deux fois moins cher. La maintenance est aussi plus chère, les pièces détachées, les taxes sont plus importantes. C’est trois fois moins cher d’organiser une croisière-plongée en Mer Rouge », explique-t-il. L’Aurora vogue vers Alor, la mer de Banda, le fameux archipel de Raja Ampat, Komodo et les Moluques. Une croisière prix public vers Komodo coûte 360$ par jour, vers Raja Ampat, 390$. « Un plongeur qui vient ici 15 jours va dépenser entre 4000 et 5500$. 13 nuits à Raja Ampat coûtent dans les 5000$, vols intérieurs compris. Auxquels il faut ajouter le billet d’avion jusqu’en Indonésie. C’est donc pour des gens plutôt aisés », confie Momox pendant que Jérôme énumère les professions libérales de leurs clients habituels.

La clientèle de l’Aurora est surtout européenne, Italiens, Allemands, Suisses, Français… Mais aussi asiatique avec Singapour, Hongkong, la Chine et Raja_landscaped’ajouter encore quelques citoyens des Etats-Unis et des Australiens. Les Indonésiens sont rares. Dans ce marché élitiste, les sociétés comme Dune Atlantis jouent néanmoins sur du velours avec les merveilles que l’Indonésie a à offrir en termes de croisières et plongées. « Dans la vie d’un plongeur, il y a la biodiversité indonésienne sur la carte. Plonger aujourd’hui à Raja Ampat, c’est être un pionnier. Ici, il y a encore des découvertes à faire, que ce soit de sites ou d’espèces », nous explique avec passion Momox. « Et puis, la chance qu’on a en Indonésie, c’est qu’elle protège son environnement, la pêche est limitée à Raja Ampat par exemple. Les parcs naturels sont gardés. A Komodo, c’est bien protégé », surenchérit Jérôme.

Sur 290 jours de navigation de l’Aurora par an, la société Dune Atlantis a besoin d’un taux de remplissage de 60% minimum et les deux compères affirment avoir établi leur plan d’investissement sur 10 ans. Ils ont d’ailleurs déjà un projet de deuxième navire. Il est vrai que la concurrence est bien présente à Bali avec une trentaine de bateaux en rotation tout au long de l’année pour ce type de croisière. Momox nous rappelle cependant qu’en Mer Rouge, la flotte de croisière s’élevait à plus de 400 bateaux avant les événements du Printemps arabe. L’Indonésie n’en est donc qu’au début et avec la volonté présidentielle de faire de l’Archipel une plaque tournante maritime internationale, les perspectives semblent plutôt radieuses pour ce type de business. En attendant, Jérôme et Momox font la promotion tous azimuts de l’Aurora sur les salons du monde entier, en France, en Italie, à Singapour, en Malaisie, à Hongkong, à Shanghai et aux Etats-Unis dès l’an prochain. Souhaitons-leur bon vent sur les routes de croisière du plus grand archipel au monde !

www.auroraliveaboard.com
[email protected]
Tél. (0361) 284 131

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