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ONU : la Pancasila contraire aux principes démocratiques

Certes, ce n’est pas exactement ce qu’ont dit les experts des Nations Unies mais c’est la conclusion légitime qui s’impose. Non, il s’agit précisément de la loi sur les organisations de masse qui menacent selon eux la liberté d’association, d’expression et de religion dans l’Archipel. Les hauts fonctionnaires de l’ONU ont demandé que les députés indonésiens amendent cette loi afin qu’elle se conforme aux standards internationaux en vigueur sur les Droits de l’Homme. Explication.

Cette loi stipule que les associations ne peuvent pas contrevenir à la Pancasila, dont les cinq principes servent de piliers à la constitution indonésienne, notamment celui qui requiert la croyance dans « un dieu et un seul », et aussi qu’elles doivent obligatoirement maintenir des valeurs religieuses. Mais pour les hauts fonctionnaires de l’ONU, il s’agit d’une atteinte aux libertés démocratiques. « L’Etat doit s’assurer que toute restriction sur les droits de liberté d’association, d’expression et de religion est vraiment nécessaire dans une société démocratique, proportionnelle au but recherché et ne heurte pas les principes de pluralisme, de tolérance et d’ouverture d’esprit », a expliqué Maina Kiai, le rapporteur de la commission onusienne.
Les contours de cette loi « peuvent violer la liberté de religion ou de croyance. Cette liberté a une application large, elle couvre aussi les convictions non religieuses mais également athées », explique le rapport qui note en substance que cette loi va à l’encontre des progrès du pays vers la démocratisation et la pleine expansion de sa société civile. Les associations sont par conséquent limitées à certaines catégories d’activités et également sujettes à des interdictions confusément définies qui incluent « la conduite d’activités qui mettent en danger l’unité et la sécurité de la République d’Indonésie » et « embrassent, instiguent et propagent croyances et religions contraire à la Pancasila. »

« Je suis accablé par ces restrictions, elles sont illégitimes et doivent être amendées en conséquence, a poursuivi Maina Kiai. Les associations devraient être libres de déterminer leurs statuts, structure et activités et prendre des décisions sans interférence de l’Etat. » Ainsi assujetties, ces associations doivent également faire face à des complications administratives sans fin à leur création mais aussi durant leur maintien en activité. Le rapporteur note également que la ville de Jakarta a proposé d’empêcher « les activités qui sont habituellement sous la juridiction des représentants de la loi et du gouvernement  », ce qui pourrait nier à certaines associations citoyennes indépendantes le droit d’enquêter sur les cas de mauvaise gestion, mauvaise gouvernance, et bien sûr les cas de corruption.

La loi réduit également conséquemment les activités d’associations étrangères sur le sol indonésien, qui doivent obtenir un permis du ministère des Affaires étrangères qui les oblige à ne pas compromettre « la stabilité et l’unité » du pays, leur interdit toute « activité politique pratique et collecte de fonds  » et « toute activité qui pourrait compromettre les liens diplomatiques. » Les ressortissants étrangers souhaitant cofonder une association doivent également faire face à des discriminations puisqu’ils doivent déjà avoir vécu au moins sept ans dans le pays et déposer 10 milliards de roupies de leur fortune personnelle pour l’association.

Le rapport poursuit ainsi : « ces restrictions de la loi empêchent donc le travail légitime de la société civile en Indonésie, en particulier celui des organisations étrangères.  » Comme d’habitude, les conclusions des Nations Unies sont passées complètement inaperçues dans la presse indonésienne à l’exception de la presse anglophone. Il n’y a eu aucune réaction officielle cette fois, contrairement au rapport précédent qui condamnait les atteintes aux Droits de l’Homme et auxquelles un ou deux ministres avaient bien été obligés de répondre (cf. La Gazette de Bali n°91 – décembre 2012). Parions que ces conclusions accablantes, comme beaucoup d’autres émises par diverses organisations internationales à l’encontre de l’Indonésie, resteront purement et simplement lettres mortes. Enfin, notons que si l’Indonésie doit un jour progresser véritablement sur la voie démocratique, elle ne pourra pas faire l’économie d’une révision de ses principes fondateurs. Une remise en question qui devrait prendre un certain temps au vu des mentalités actuelles.

<img3546|right>Trafic d’humains : alertez les bébés !

Les histoires de trafic de bébés se suivent et se ressemblent en Indonésie, le plus souvent dans l’indifférence générale. A cause du terreau socio-économique et culturel particulier à l’Archipel, elles se retrouvent généralement banalisées dans l’opinion publique. Cependant, il y a quelques semaines, une histoire de ce type a fait la une. Pourquoi ce regain d’intérêt ? La nouveauté résidait en fait dans le mode de commercialisation puisque le bébé était proposé pour 10 millions de roupies sur un célèbre site indonésien de vente… en ligne. L’info a fait le tour du monde des agences de presse et depuis, comme par enchantement, la police fait le ménage et a découvert de nouvelles affaires dont une de dimension internationale.

Pour information, décrivons le cas de figure type : appelons-la Sumi, elle n’a pas 20 ans et elle vient de tomber enceinte hors mariage. La grossesse se déroule dans le secret, quelquefois même sans que la famille le sache. Sumi se sangle de bandes ultra serrées pour que cela ne se voit pas, Sumi tente sans succès de provoquer une fausse-couche, Sumi cherche désespérément une faiseuse d’anges (l’avortement est interdit en Indonésie) mais elle n’a pas assez d’argent. Bref, la grossesse va à terme, quelquefois même accompagné d’un exil physique quand il n’est plus possible de la cacher aux proches et aux voisins. Et ce faisant, la rencontre éventuelle d’une sage-femme ou d’un gynécologue va aiguiller Sumi vers la bonne clinique. Celle qui lui évitera d’endurer les affres de la fille-mère, la pire des conditions sociales en Indonésie. Une clinique où le couple acheteur est déjà sur une liste d’attente clandestine. Et dans les heures qui suivent l’accouchement, ni vu ni connu, Sumi est soulagée de son fardeau et un couple stérile est comblé de bonheur avec un bébé pourvu d’un acte de naissance en bonne et due forme…

Le mois dernier donc, un fait divers a fait état d’un trafic de bébés cette fois à destination de l’étranger. Basé à Jakarta, le réseau clandestin, établi depuis le début des années 90, vendait des nourrissons dans la capitale mais aussi et surtout à Singapour, en Australie, à Taiwan, en Malaisie et en Europe de l’Est. Les policiers ont expliqué que les enfants étaient achetés quelques centaines de dollars chacun à des familles pauvres. Un des jumeaux d’une famille a été vendu parce que cette dernière « n’avait pas les moyens de payer les frais médicaux », relate un article publié par la BBC. La Commission pour la protection de l’enfance fait régulièrement état de cas de bébés gardés par des hôpitaux ou des sages-femmes parce que les parents ne sont pas en mesure de payer les frais d’accouchement.

Sept personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles des sages-femmes et une mère prise sur le fait en train d’essayer de vendre son enfant. Trois bébés ont été récupérés lors du coup de filet. Le porte-parole de la police, Rikwanto, a expliqué à l’AFP que le plus souvent, les bébés étaient fournis directement par des hôpitaux après qu’on leur ait attribué de fausses identités. Si les prix promis aux futures mamans allaient généralement de 10 à 20 millions de roupies, un bébé exceptionnellement « beau » pouvait être facturé jusqu’à 80 millions de roupies aux parents adoptifs, a détaillé le policier. Complice de ce trafic, l’administration bien sûr où cinq fonctionnaires de l’état civil sont depuis questionnés par les enquêteurs sur leur implication dans la remise de faux actes de naissance. Selon la police, plus de 200 bébés auraient ainsi été vendus par ce réseau organisé depuis une vingtaine d’années. Les trafiquants risquent jusqu’à 15 ans de prison, les fonctionnaires véreux jusqu’à 5 ans.

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