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Museum Pasifika, un océan de trésors

« En fondant Museum Pasifika, j’ai voulu me montrer reconnaissant envers le pays qui m’a accueilli il y a 25 ans et faire partager ma passion de l’art. » C’est la réponse de Philippe Augier à la question : « Comment vient l’idée à un particulier de fonder un musée ? » et qui prouve que les Français peuvent avoir des idées ambitieuses et arriver à les concrétiser.

Car pour réussir le grand écart entre la conception d’un tel défi et la réalisation d’un plan qui frôlait l’insolence par ses dimensions, il faut non seulement être un amateur d’art éclectique, mais également un homme d’affaires éclairé et posséder une bonne connaissance
du pays. « Les principales difficultés
lors de la création ont été les délais d’obtention de certains documents administratifs… » Pour matérialiser son rêve, l’inspirateur et le principal promoteur de cette institution à la triple vocation culturelle, éducative et touristique, a dû s’entourer d’amis influents et d’experts compétents.

Comparée à l’ensemble du territoire indonésien, Bali peut se targuer de posséder la plus grande densité de musées, surtout en ce qui concerne l’art pictural. Ubud, notamment, en regorge et possède les plus courus de l’île. Ouvrir un énième musée avec des peintures balinaises n’aurait donc pas été la trouvaille du siècle. En revanche, élargir le champ des collections en considérant Bali comme le centre de l’espace « Asie-Pacifique », témoigne de la veine créative de son auteur !

Faire découvrir au public des œuvres originaires de la moitié du globe est un dessein pour le moins audacieux. Néanmoins, ce projet a été mené à bien et le résultat existe aujourd’hui à Nusa Dua : huit pavillons d’une blancheur exemplaire, disposés autour d’un agréable jardin intérieur, contiennent onze salles d’exposition qui hébergent des collections de peintures, sculptures et autres objets d’art tribal. L’ensemble des 600 œuvres de l’exposition émane d’artistes de diverses nationalités, mais leurs travaux se rapportent toujours à la région Asie-Pacifique.
C’est ainsi que le Museum Pasifika a réuni des créations d’origine asiatique et pacifique qui traitent tout spécialement de l’Indonésie, l’Indochine et la Polynésie. Le visiteur ébahi se promène d’un pays à l’autre et découvre des auteurs de chefs-d’œuvre, dont Affandi, Ida Bagus Nyoman Rai, Rudolf Bonnet, Theo Meier, Raden Saleh, Arie Smit et Walter Spies ne sont que quelques-uns des auteurs.

« Pasifika se donne comme mission de divulguer les multiples facettes des traditions des peuples d’une région qui forme un melting-pot culturel. » Ceci représentait le deuxième challenge pour l’instigateur du musée : en abordant un territoire aussi vaste, le risque de s’y perdre était à l’avenant. Mais grâce aux compétences du conservateur Georges Breguet (cf. La Gazette de Bali n°17 – octobre 2006), il n’en est rien : les thèmes sont bien structurés et s’ordonnent autour de collections séparées d’une salle à l’autre. A aucun moment, le visiteur ne court le danger d’être noyé dans l’immensité de l’espace Asie-Pacifique.

Le ministère de la Culture a proclamé cette année comme « Visit Museum 2010 Indonesia » afin de promouvoir le tourisme culturel (voir encadré). Espérons que cette campagne servira aussi à gonfler le nombre d’entrées pour Pasifika, jusqu’alors insuffisant pour couvrir les frais de fonctionnement. « Nous souffrons surtout de l’indifférence de certains hôteliers, alors que notre présence est un plus culturel indiscutable pour Nusa Dua. » A l’avenir, Philippe Augier espère mieux profiter de l’énorme contingent des 5000 chambres de la zone.
Tapi tout au fond du fameux complexe hôtelier BTDC, avec trop peu d’ancienneté pour figurer dans les éditions des guides et un site Internet mal référencé, le musée pâtit d’une absence évidente de notoriété. Excentré pour les résidents de Sanur et de Kuta/Legian, ignoré par les touristes et snobé par les hôteliers alentour, le musée est loin d’avoir acquis la popularité qu’il mériterait par la qualité de ses collections.

Pour obtenir la réputation d’un lieu culturel incontournable et détourner les longues files de visiteurs assoiffés d’art d’Ubud vers Nusa Dua, il ne suffit apparemment pas de présenter des chefs-d’œuvre, encore faut-il communiquer pour se faire connaître. Peut-être les lecteurs de La Gazette seront-ils les premiers à faire ce « détour » pour découvrir à Nusa Dua les trésors cachés du Pacifique ? C’est tout le mal que l’on peut souhaiter au Museum Pasifika !

Museum Pasifika
BTDC area, BLOK P
Nusa Dua – Bali
Tél. : 0361 774 935
Fax : 0361 774 559

[www.museum-pasifika.com->www.museum-pasifika.com]

[[email protected]>[email protected]]

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