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Mon Bali par Jamal

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Algérien par son père et Français de la communauté des gens du voyage par sa mère, (descendante de l’illustre Django Reinhardt), Jamal est un nomade des temps modernes qui a les voyages et l’esprit bohème (version chic) dans le sang. Un thé fumant est posé sur un bureau en bois clair. Des senteurs d’huiles essentielles nous enrobent. Le créateur de la marque de vêtements GingerSnap a un regard un brin enfantin & mutin, passionné par tout…et c’est communicatif ! Cet homme de goût, qui aime le beau et préfère « sortir peu mais bien » a pris le temps de nous narrer son Bali exclusive 

Avez-vous eu un “appel balinais” ou est-ce le fruit du hasard ?

Je n’ai rien planifié du tout : ni Bali ni mon métier de créateur de ligne de prêt-à-porter. A 29 ans, après des études en psychologie-sciences humaines, je pars avec un ami, sac sur le dos pour 1 an de vadrouille trek (Turquie, Iran, Turkmenistan, Ouzbekistan, Népal,…). Nous finissons cette aventure à Yogyakarta. Et j’en profite pour apprendre la technique du batik. Dans la foulée, en 2000, on lance « Des airs de désert », une petite marque de vêtements de yoga avec des tissus inspiration batik, en rayonne. On revient en France pour la vendre sur les marchés puis sur les routes de festival. Et ça cartonne ! A l’époque, il n y avait pas vraiment une telle offre. Et puis on racontait notre voyage, je faisais des démonstrations de fabrication de batik.

Sans que je n’aie le temps de m’en rendre compte, GingerSnap allait naître et essaimer à Bali et en France. De deux employés il y a 20 ans, nous sommes passés à 80 personnes dans l’atelier de Kerobokan. Donc très vite, j’ai dû partager mon temps entre Bali et la France. Aujourd’hui, on propose des vêtements urbains, d’inspiration asiatique très contemporaine.

A quoi ressemble votre foyer loin de la France et de vos proches ?

En fait, j’ai transposé une habitude française à ma vie balinaise. Je travaille et j’habite à Kerobokan en semaine, mais du vendredi au lundi, je file à la campagne (vers Ubud) dans ma résidence secondaire. Les pieds dans le riz, au bord d’une rivière : je suis encore dans le Bali d’il y a 20 ans. Y a pas un chat mais quelques coqs (rires). J’ai une bibliothèque très fournie dans cette maison Limasan en bois, d’origine javanaise. Je l’ai juste modifiée pour l’habiller de parois vitrées à 360°. C’est ça le luxe balinais : pouvoir s’isoler, ralentir le rythme et profiter de la lumière. J’y ai instauré une ambiance  très bohème, avec des objets venant de tous mes voyages. Mais voici les adresses balinaises où j’ai déniché une partie de ma décoration.

  • L’incontournable Galerie Tony Raka (à Mas) où j’ai trouvé des statuettes, cadres et  batik centenaires. Son créateur est vraiment une référence en matière d’antiquités balinaises et indonésiennes. Et il accueille souvent des évènements éphémères artistiques.
  • Dans la Jl. Raya Mas,  je vous conseille d’aller à la rencontre de petits artisans dans les petites galeries. On peut leur soumettre un dessin pour avoir un objet sur-mesure et unique à des prix très raisonnables, alors pourquoi s’en priver ?
  • Je vais peut être vous étonner mais je craque pour les verres d’inspiration vintage de chez Zara Home (à Jakarta).
  • Et pour du linge de maison avec une touche tendance contemporaine, il y a bien sûr les boutiques Mercredi, créés par des Français. J’y ai notamment déniché un chemin de lit très original avec un motif en grosse laine tressée.
  • Et enfin, je pioche des idées de plantes et d’aménagement pour mon jardin dans le très chic hôtel restaurant Desa sini (Canggu) avec un jardin fleuri et potager, avec des petits ponts.

Vous nous servez une transition parfaite pour parler de bonnes tables…

Après 10 ans à manger dehors, j’ai finalement décidé de principalement manger à la maison pour savoir ce qu’il y a dans mon assiette. On commande en ligne des paniers de fruits et légumes frais, chez Bali Direct qui se fournit notamment auprès de fermiers autour d’Ubud et de Bedugul. Ça me permet d’avoir mon Jamu frais,  c’est mon rituel alimentaire indonésien. 

J’adore aussi aller me perdre dans les rayons du supermarché épicerie japonais Papaya (Kuta) à chaque fois j’y déniche des nouvelles saveurs. Et quand je sors pour manger au restaurant alors je m’offre le plaisir de grandes tables, pour vivre une expérience culinaire.

Par exemple, j’aime le cérémonial du restaurant Apéritif à l’hôtel Vice Roy (Ubud). On démarre dans un bar magnifique avec des bartenders au look dandy qui pratiquent la mixologie. Une multitude de petites fioles avec des épices, des fleurs etc qui donnent lieu à de supers cocktail. Puis, le maître d’hôtel nous emmène directement dans les cuisines. Trois chefs étrangers nous font chacun faire une petite dégustation avec les explications détaillées autour du plat. Puis on passe dans la salle de restaurant, pour un menu de 7 ou 8 plats. 

Il y a aussi Api Jiwa at Capella (Ubud). Pour de la gastronomie japonaise qui s’apparente à de la “haute couture”. D’abord, il y a une vue imprenable sur la forêt.Tout le repas – 11 plats sous formes de bouchées – se savoure avec du saké divin. Puis, on nous accompagne dans un jardin avec un grand amphithéâtre en plein air pour regarder de vieux films muets de danses balinaises. Le tout, en buvant un chocolat chaud maison et en mangeant des guimauves que l’on peut griller sur un feu de camp.

Pour les desserts, foncez chez Yamuna pastry. Agus est un balinais trentenaire passionné de desserts et de thés. C’est la coqueluche des magazines branchés à Jakarta. Il n’ouvre que du vendredi au dimanche car le reste de la semaine, il travaille pour des mariages ou banquets. Ça n’est jamais écoeurant ou trop sucré, même pour les wedding cake. Testez son Es Teler, très moderne !

Et pour la nourriture de l’esprit ?

En septembre, j’ai fait le Festival de musique de Jatiluwih, pour de la musique jazz et blues.

Mon coup de coeur et qui reste trop méconnu, c’est le Festival Tepi SawahIl présente une offre de grande qualité, avec du folklore et de la danse, même des simulations de transe pour transmettre du patrimoine local aussi. Je peux dire que c’était l’un de mes plus beaux moments de 2019.  Avec des amis, installés sur notre natte pour pique-niquer, on a partagé de supers moments avec des Indonésiens.

Je trouve qu’on sous-estime aussi l’offre culturelle de Jakarta pourtant il s’y passe des choses formidables. Des amis m’ont par exemple fait découvrir Kine Forum un cinéma d’art et essai associatif contre une donation minimale de 20 000rp, vous pouvez découvrir des films longtemps censurés comme Kucumbu Tumbuh Indahku.

Bali c’est surtout faire le choix du bien-être : des produits ou adresses coups de coeur ?

Depuis que j’ai 20 ans, pour me ressourcer je fais des séances d’acupuncture, ça me permet de me rééquilibrer si je suis fatigué ou stressé.

L’un de mes praticiens a une gamme de médecine chinoise, Ming Herbs. Après la séance de massage, une fois qu’il a observé les dysfonctionnements potentiels, il peut vous préparer des gélules naturelles, avec un mélange ciblé.

Je vais aussi au Spa Karima (Canggu) pour des soins au gant de crin et savon noir,  dans un hammam très propre et agréable. Ils y proposent même un massage atypique sur un matelas… flottant. 

Enfin, la marque ISHA pour les spray diffuseurs d’ambiance, c’est un voyage des senteurs !

Vous travaillez beaucoup, où allez-vous pour vous échapper ?

J’aime aller voir un horizon plus dégagé, du côté de Bedugul par exemple. Je conseille Cabins by the lake où l’on est formidablement accueilli par Putu. 5 chambres-cabanons sur le lac, avec des statues de femmes mystérieuses, et plein de petites surprises pour le confort : un lit avec matelas chauffant (car c’est la montagne) et lorsque vous êtes couchés, à l’aide d’un bouton dans la table de nuit, vous pouvez profiter d’une lucarne dans le toit pour profiter des merveilles du ciel. 

Vers Ubud, il y a les chutes d’eau de Tegenungan. Pour changer un peu d’ambiance, vous y trouverezun café grec, tout bleu et blanc, super sympa et au pied des chutes. Didu’s homestay (à Banyuwangi, Java) on s’y sent comme à la maison dans une ambiance de voyage, avec plein de bibelots rapportés de partout par ce couple d’Indonésiens. On prend son scooter et c’est parti pour du vert, du vert et du vert. Et ensuite, je file faire l’ascension du Ijen.

Alors Bali, un paradis ?

Dès que je suis arrivé il y a 20 ans tout m’a plu : les paysages, les gens, l’ambiance.  C’était magnifique. Les commerçants étaient indonésiens, on apprenait tous la langue, on échangeait simplement. Et puis il y avait seulement une poignée d’expatriés grands voyageurs : on se voyait partout et tout le temps, donc un vrai esprit de famille.  Alors depuis, les choses ont changé mais j’ai su me construire mon havre de paix. Comme dans tout microsome, ça fait du bien de faire des petits sauts de puce et d’aller voir ailleurs ce qu’il se passe. Mais j’insiste, cette île ne se résume pas à Seminyak ou Canggu, il reste encore des terres authentiques, des paysages préservés et de belles valeurs humaines.

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