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Ming : ses restos, ses amours et la France

« Je vous parle d’un temps / Que les moins de vingt ans / Ne peuvent pas connaître / Montmartre en ce temps-là… » Les accords d’Aznavour s’entremêlent avec ceux du gamelan tant la culture de Ming est à cheval entre Bali et la France. Les souvenirs fusent d’abord sur le Bali d’avant, d’avant l’électricité, les voitures, la pollution. « Une ambiance magique régnait la nuit à cause du manque d’électricité. Les Balinais faisaient brûler devant chez eux de la bourre de coco pour égarer les esprits malfaisants, on vivait dans une fumée douce et dans l’obscurité de ces quelques braises. » Les sens du jeune Ming se sont aussi éveillés très tôt en regardant les Balinaises : « le plaisir, c’était de voir les Balinaises aux seins nus, surtout quand elles battaient le riz, et ça bouge, et ça bouge, se rappelle-t-il dans un grand fou rire. Il enchaîne sur la sensualité de ces femmes qui à l’époque ne se coupaient pas les cheveux et les enduisaient d’huile de coco, et de disserter sur cet inoubliable parfum naturel, une expérience à jamais révolue avec l’apparition des shampooings…

Sa passion des femmes l’a amené à tomber amoureux au début des années 80 d’une Française avec qui il a découvert Paris. « Elle m’a initiée aux Beaux-Arts et aux arts de toutes les cultures. Jamais je n’avais réalisé auparavant la beauté des objets qui m’entouraient à Bali, j’ai ouvert les yeux sur ma propre culture. J’ai aussi amélioré ma vision de la cuisine en me promenant sur les marchés en France et en poussant la porte de nombreux restaurant au moment où
Mc Do débarquait sur les Champs-Elysées ! » Quelques années plus tard, il a favorisé l’implantation du Club Med à Bali en décrochant pour le promoteur un rendez-vous chez le gouverneur, ça lui a valu de devenir le premier GO indonésien et d’y passer plusieurs saisons. « A l’époque, il n’y avait pas encore de fournisseurs. Il fallait se rendre au marché trois fois par jour pour acheter les meilleurs produits en petites quantités aux paysans ou aux pêcheurs, on se levait à 4 h du matin. »

Dans les années 80, Ming possédait un restaurant de cuisine internationale, le Kulkul, qui ne désemplissait pas. En ouvrant le Resto Ming en 92, il s’est recentré sur la cuisine française et le succès a été tout de suite au rendez-vous, tous les guides sont intarissables sur cet établissement, le rapport qualité-prix est parfaitement adapté à la clientèle de Sanur. Il y a quelques mois, il a eu l’opportunité de construire un nouveau restaurant, Charming, dans le magnifique décor d’un joglo, très bien illuminé et habilement rehaussé de quelques œuvres d’art. Même s’il a déjà beaucoup délégué à ses enfants, il veille encore jalousement sur ses deux établissements où tout le personnel passe régulièrement en stage à l’Alliance française : «  non seulement j’ai beaucoup d’amis qui viennent dîner tous les soirs et avec qui j’ai envie de passer un bon moment mais je fais aussi attention au service et à changer régulièrement la carte selon mon inspiration et les produits du marché ! »

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