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DEPE-JUPE : crépage de chignons et peines de prison

Comment raconter cette histoire typiquement indonésienne et furieusement pipole ? Vous avez deux actrices – et aussi chanteuses de dangdut – connues pour être des sex-bombs comme on les aime ici, c’est-à-dire plutôt en chair et dotées d’une forte poitrine. Toutes les deux sont un tantinet vulgaires, sacrément fortes en gueule, contreviennent avec assiduité aux bonnes manières indonésiennes et apparaissent constamment en Une des médias à sensation pour leurs amours ou leurs photos plus ou moins dénudées sur Internet. Quand ce n’est pas un décolleté qui lâche par hasard en plein direct à la télé ! Ces deux poids-lourds du showbiz local, Dewi Persik (Dépé) et Julia Perez (Djoupé), ont été castées ensemble en 2010 dans un de ces films d’horreur à deux balles comme il s’en tourne 50 par an en Indonésie : « Arwah Goyang Karawang » ou « Le fantôme dansant de Karawang ». A n’en pas douter, une affiche qui promettait ! Et qui a tenu ses promesses en effet…

Les deux divas popu, connues pour leur rivalité dans la vraie vie, avaient une scène dans laquelle elles devaient s’affronter verbalement. Mais ces deux chattes sur un tournage brûlant ont vite pris des libertés avec le scénario et ont réellement commencé à se crêper le chignon toutes griffes dehors devant la caméra de plateau et les portables du staff technique. Le lendemain, leur combat de tigresses en furie était en plusieurs versions sur YouTube et provoquait un certain émoi dans tout l’Archipel, enfin, surtout auprès des Indonésiens friands d’infos sur les selebriti, mais ils sont nombreux, on le sait. La production du film, pragmatique, a inclus la scène dans son montage final et le film a été un succès lors de sa sortie en 2011. On aurait donc pu croire à une petite escroquerie marketing mais, quatre ans plus tard, l’« affaire » n’est toujours pas terminée.

Après l’altercation, Depe et Jupe sont allées à la police pour porter plainte l’une contre l’autre. On sait la police peu encline à démarrer des enquêtes sur ce genre de querelle mais quand il s’agit de stars aux comptes en banque bien remplis, elle fait un petit effort comme par enchantement. L’affaire est donc allée en justice après que les rapports médico-légaux constatant traces de griffure et autres touffes de cheveux arrachés aient été faits en bonne et due forme. La plainte contre Jupe déposée par Depe est la première à avoir été présentée au tribunal et en 2013, après une longue procédure, Jupe a été condamnée à trois mois de prison et six mois de mise à l’épreuve. Depe, la plaignante, a été reconnue comme la victime par les juges.

Jupe a déposé un recours mais celui-ci a été rejeté et finalement, après avoir disparu pour suivre un traitement médical à l’étranger qui lui a valu d’être déclarée comme « fugitive » par la police, elle a purgé sa peine à la prison Pondok Bambu à Jakarta. Elle en est ressortie devant les caméras trois mois plus tard vêtue d’un magnifique costume d’hôtesse de l’air rouge vif très moulant. Pendant sa détention, elle a cuisiné et enseigné le français aux autres détenues, a-t-elle dit. Il est vrai que Jupe a été mariée à un Français par le passé (d’où son nom Perez)… Elle a également souhaité publiquement que sa rivale soit condamnée à son tour. Et c’est ce qui a fini par arriver car tout peut arriver sur le tapis vert indonésien. Coupable, victime, c’est un peu pareil non ?

Depe, la victime, a donc été jugée à son tour dans la procédure intentée par Jupe et a été condamnée à deux mois de prison et quatre mois de mise à l’épreuve par le tribunal de Jakarta- Est. La belle a fait appel mais le procureur a cette fois requis six mois ferme. Les juges, parmi lesquels on trouve une grosse pointure du monde politico-judiciaire en la personne de l’ancien député Gayus Lumbuun, ont toutefois été plus cléments et ont tranché comme Salomon l’aurait fait, en lui donnant une peine de trois mois, la même que son ennemie jurée. Habituée à faire des déclarations absconses, Depe a invoqué une « machination politique » avant de déclarer dans un style à la Eric Cantona : « S’ils veulent devenir célèbres ou s’ils veulent devenir députés, qu’ils ne le fassent pas en rendant une autre personne célèbre ou en mangeant la chair de votre propre sœur. » Comprenne qui pourra ! En attendant, les fans se demandaient bien quelle tenue elle allait revêtir pour son incarcération qui s’est déroulée bien sûr devant les caméras de toutes les télévisions…

Affaire Usman et Harun : Singapour et Jakarta comme chien et chat

Imaginons deux pays voisins (Indonésie, Singapour) appartenant à une organisation régionale de coopération politique et économique d’envergure mondiale (Asean) dont l’histoire commune fut entachée par le passé d’une confrontation (konfrontasi) qui n’est certes pas allée jusqu’au conflit ouvert mais très certainement jusqu’à des attentats et des échauffourées. Il s’agit donc de l’histoire de l’Indonésie et de la Malaisie (issue de la fédération de Malaisie et qui incluait Singapour jusqu’en 1965). Le Proclamateur Sukarno voyait dans cette fédération un succédané de la politique coloniale britannique et avait déclaré un « état de confrontation permanent » avec cette assemblage de régions voisines de l’Archipel qui inclut jusqu’à 11 ex-colonies anglaises à son apogée.

En mars 1965, une opération secrète est lancée par Jakarta pour plastiquer le bâtiment MacDonald de Singapour où de nombreux responsables de cette nouvelle Malaisie modelée par l’ancien colonisateur ont l’habitude de se réunir. Deux marines indonésiens sont chargés de cette opération – Usman Ali et Harun Said – qui fait plusieurs morts et de nombreux blessés. Les deux agents secrets sont finalement arrêtés par Singapour puis exécutés par pendaison trois ans plus tard. Presque 50 ans après, l’état-major de la marine indonésienne a l’idée peu délicate de nommer une corvette du nom des deux militaires : « KRI Usman-Harun ». Cela créé un incident diplomatique immédiat qui a pour effet de voir l’Indonésie se draper dans ses beaux habits nationalistes habituels. Il ne sera pas question de rebaptiser cette corvette d’un nom plus consensuel, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Marty Natalegawa qui rappelle que Jakarta « ne doit aucune explication à Singapour. » La ville-Etat a affirmé pour sa part que la corvette indonésienne sera interdite de navigation dans ses eaux territoriales. Convenons que la route est encore longue pour l’Asean avant de ressembler à son modèle avoué : l’Union européenne…

L’islam, c’est aussi simple que cela

Pour terminer notre tour des médias, une petite pépite trouvée sur le quotidien musulman Era Muslim. Mais d’abord, qu’est-ce que ce journal ? C’est l’organe de presse du Hizbut Tahrir d’Indonésie, une organisation pan-islamique qui prône le retour au califat dans les pays musulmans et prétend, en Indonésie, être la plus importante organisation de masse du pays. En 2007, une conférence du Hizbut Tahrir Indonesia a réuni plus de 100 000 personnes dans le stade Gelora Bung Karno de Jakarta.

Sous le titre « Conversions à l’islam versus apostasie », Abu Farras Mujahid explique à ses lecteurs la chance qu’ils ont d’être musulmans et commence son papier ainsi : « D’un point de vue rationnel, l’islam est recevable. Il n’est donc pas surprenant qu’en Occident, les nouveaux convertis à l’islam soient des gens éduqués, intelligents, critiques et qui possèdent un désir d’apprendre supérieur. Une partie d’entre eux se livrent à un véritable examen détaillé, font une étude comparative des religions et finissent par embrasser l’islam comme celle qu’ils avaient toujours cherchée. »

A l’inverse, les apostats, « ceux qui renoncent à l’enseignement d’Allah, n’ont jamais une bonne conscience ni une bonne compréhension de la religion qu’ils délaissent ni de celle qu’ils rejoignent. Si bien que l’argumentation de leur apostasie est facile à contrer, principalement par les gens savants. Certains d’entre eux renoncent pour des raisons matérielles, s’ils obtiennent des mie instan, du pain ou de l’argent tous les mois. Bien des cas d’apostasie en vérité se produisent dans les villages et les régions où les habitants sont pauvres du point de vue économique. D’un autre point de vue, ils sont aussi pauvres côté jugement, au point qu’il est facile de les faire changer d’avis ou de leur laver le cerveau », poursuit le rédacteur. Les gens intelligents embrassent l’islam, les idiots y renoncent… C.Q.F.D, ce qu’il fallait démontrer !

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