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Menjangan : avec Suparno, la bonne affaire est dans le sac

Pour ce guide du Parc national de Bali-Ouest et de l’île de Menjangan, c’est l’esprit d’entreprise qui doit venir à la rescousse de l’environnement. Le résultat ? Toute une collection de sacs faits de ces emballages mini-dose que personne ne veut ramasser car trop petit et sans valeur. Entre vision pour l’environnement et possible bon coup entrepreneurial.

Certes, l’idée n’est pas nouvelle. Recycler des déchets pour créer des objets de consommation de tous les jours comme des sacs de plage ou de commissions n’est pas une idée née du cerveau de ce Javanais originaire de Negara (Bali-Ouest). Non, la bonne inspiration vient indubitablement de son application à Bali qui est littéralement recouvert de ces emballages minuscules, reflets d’une société de consommation balbutiante, et dont on ne sait que faire. Ces petits sachets multicolores, s’ ils attirent sans aucun doute le chaland, restent après usage toujours ignorés des pemulung pour qui ils n’ont aucune valeur marchande. Pour trouver la solution, il fallait simplement penser à les regrouper, à les coudre ensemble pour être précis, afin qu’ils deviennent à nouveau une matière exploitable.

« Je suis guide dans le parc et tous les jours, on brûlait ces déchets. Alors, en 2008, j’ai pensé à les coudre », explique celui qui se fait appeler Pak Nono à Teluk Teri ma, où se trouve son atel i er qui emploie aujourd’hui 15 couturières, plus trois ouvrières pour le nettoyage et la finition. Au départ, il a fallu convaincre les pemulung qu’il était intéressé par ces mini-doses habituellement délaissées, à la condition toutefois qu’elles soient dans un état exploitable, c’est à dire proprement déchirées. Ce qui est loin d’être garanti. Alors, afin d’améliorer la qualité de sa matière première, Suparno a fait le tour des warung de la région pour leur demander de couper proprement les sachets. « Un Indonésien boit trois kopi ABC par jour en moyenne, alors ça va vite. Je rachète les petits sachets 50 roupies et les grands, ceux pour la lessive, jusqu’à 300 », commente-t-il.

<emb2645|left> Tous les hôtels, villas et restaurants de cet te région touristique du Nord-ouest de Bali ont aussi été contactés afin de fournir les déchets adéquats. Certains, comme le Puri Ganesha Villas ou le Matahari Beach Resort vendent même ses produits (65 000 roupies pour un sac de plage) qu’ on peut par ailleurs trouver à Labuhan Lalang, en face de l’île. Un importateur danois vient de passer une commande de 700 sacs. Des écoles en Australie et aux Pays-Bas distribuent également sa production, présentée comme une bonne idée simple et efficace de recyclage. Avec fierté, Suparno affirme avoir été copié à Denpasar et à Ubud après que TVRI eut fait un reportage sur lui. « Tant mieux, dit-il, plus on sera nombreux, mieux ça sera. » Le business, c’ est une chose, mai s l’engagement écolo n’est pas en reste pour ce guide passionné de nature. « Nous invitons les enfants des écoles deux fois par an pour des clean up days avec camping sur l’île de Menjangan. A cette occasion, nous leurs donnons des trousses fabriquées en mini-doses et leur expliquons le problème des détritus », ajoute-t-il. Suparno affirme réinvestir une partie de ses gains pour la préservation de Menjangan. A ce stade, il souhaite désormais améliorer la qualité de sa production, déjà très correcte, grâce à l’achat de nouvelles machines et pense diversifier ses produits. Il vient de mettre au point un sac pour ordinateur et des corbeilles de bureau.

Enfin, dernière idée, il va contacter Unilever Indonesia pour obtenir des aides financières. Si Suparno n’est jamais à court d’idées, souhaitons quand même l a di spari ti on à terme de ces petits emballages. Pour ça, il faudra que la croissance et les habitudes de consommation du pays passent à un autre niveau. Et ce n’est pas encore gagné…

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