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Lutte finale footballistique… à la Balinaise

Je n’aime pas le foot ! Contempler une quarantaine de cuisses velues poursuivre un ballon pendant 90 minutes ne me passionne guère. Puis, je déteste les stades bourrés de beaufs qui hurlent et s’embrassent à la moindre action. Quand La Gazette m’invite à la finale de la « Bali Social Football League », j’y vais en traînant les pieds.

Au Canggu Club, une heureuse surprise m’attend : il n’y a pas foule ! Je trouve facilement une place parmi les quelques dizaines de spectateurs (150 selon les organisateurs !) et confie mon double quintal à la fragilité d’une chaise en plastique rouge qui détonne au milieu des installations somptueuses et l’ambiance très country. En face, le Club House au style colonial aligne des transats bigrement cosy. J’y lorgne envieusement, mais ce confort reste réservé aux membres payants.

Le terrain, dit-on, dispose d’un réseau souterrain pour drainer les pluies tropicales. Rien que ça ! Pourtant, la pelouse a déjà souffert et est parsemée de taches d’ocre : des mottes de gazon arrachées par de cruels crampons. Mon voisin de chaise m’apprend que Canggu United, tout en noir, est opposé à Kawan – dont la Gazette est un des sponsors – casaque et culotte rouges. Imbattable, Canggu a écrasé tout le championnat.

Soit. Fort de cette information, j’observe cette équipe à la mi-temps et découvre une organisation tout à fait germanique. Assis en demi-cercle parfait devant leur entraîneur, les joueurs écoutent consciencieusement ses instructions données en allemand, anglais et indonésien. Un joli mélange de statures nordiques et de gabarits locaux, les avant-bras des uns ayant l’épaisseur des mollets des autres, protège-tibias inclus.

La nuit est tombée et les puissants projecteurs du Canggu Club illuminent pelouse, joueurs et chauve-souris. Le vol saccadé de ces pauvres bêtes lucifuges indique à quel point l’éclairage opulent les dérange. Absorbé par cette voltige aérienne, je manque presque le but d’un pirate caraïbe en noir. On me signale que ma méprise porte sur Philippe N’Dioro, meilleur buteur du championnat.

Le match se termine conformément aux prédictions de mon informateur avec la défaite de Kawan qui n’a pas à rougir ni de sa performance, ni du score de 5 – 1. Car on me chuchote que plusieurs joueurs auraient déserté cette équipe au bénéfice de Canggu, seul club à ne pas exiger des cotisations.

Bien que j’aie aimé le spectaculaire roulé-boulé de Jeremy Briet, fauché en pleine course, cette acrobatie ne m’a pas transformé en fana du foot. Pour captiver le spectateur, il faudrait des forces mieux réparties entre les concurrents. Cela éviterait des résultats aussi grand-guignolesques qu’un 15-0, et la dénomination « Premier Championnat de Football International de Bali » sonnerait moins grandiloquente.

La 3e mi-temps me révèle la justification du rajout « social » dans l’appellation de la ligue. Une avalanche de trophées attribués flatte les joueurs et le BBQ ravit l’ensemble de l’assistance, pique-assiettes en premier. Être social, c’est savoir contenter tout le monde !

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