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LUTTE DES CLASSES

Entre la night balinaise de l’année passée et celle de 2018, c’est le jour et la nuit. Ou plutôt, la nuit en plein jour, car depuis peu on y festoie surtout à l’heure du goûter ! Après les dinosaures Kudeta et Potato Head, voici que les beach clubs chics poussent comme de l’acnée sur un visage d’ado. Finns Club, Mrs. Sippy, Omnia ou Ulu Cliffhouse proposent des pool parties d’après-midi, adaptées aux petits cadres dynamiques qui les peuplent.

Qu’on se le dise: la fête à Bali s’est mise en mode business. Des millions de dollars investis, des shows hollywoodiens ; Martin Garrix, Ritchie Hawtin, Claptone: des superstars en pagaille pour un public friand de paillettes. Après avoir été appelée l’Ibiza de l’Asie, voici que Bali poursuit sa métamorphose. Chemises Hawaii, moustaches à la Magnum, cigares pour avoir l’air riche et chaire à saucisse en bikini: c’est Miami Vice sur l’Île des Dieux ! Et le nouvel Eden de la beach party se mue en paradis fiscal: des fortunes gigantesques sont dépensées pour des mega-projets. Sans vouloir noircir le tableau, il se dit même que le blanchiment d’argent y serait monnaie courante. A Omnia c’est Las Vegas parano. Un grand groupe aux reins solides de la fameuse capitale du jeu, a misé gros sur ce bout de falaise. Idem pour Ulu Cliffhouse, qui n’a pas hésité à faire venir Carl Cox (God himself), le plus bankable des DJs, pour mixer des hits 80ies. Mais si Dieu est le maître du Ciel, l’argent est le maître de la Terre, alors on applique des formules simples: grands noms, billets à prix prohibitifs pour faire le tri, jolies filles et zones V.I.P.

La musique ? C’est secondaire. Une expérience pavlovienne. Cinquante bimbos refaites dansent devant le DJ et le reste des moutons suit le mouvement en hurlant. Ces élans wagnériens transforment la foule en kangourous survitaminés: “c’était génial, tout le monde dansait et y’avait des petits culs à la pelle ! Je ne me souviens même pas de la musique, mais la sono était énorme !” Au prix qu’on a payé, il vaut mieux avoir aimé. Mais à y regarder de plus près, ça ressemble plutôt à des botox parties dans la Silicon Valley. Règlement de comptes à Cougar City. Autour des petites entreprises en mini-strings, qui ne connaissent pas la crise, rôdent toutes sortes de Madoff de la nuit, moins macroéconomistes que maquereaux, le moule-bite à trois francs six sous et des bitcoins plein la tête. Ah, la crise économique, c’est fantastique et la décadence, c’est la bonne ambiance !

Pendant ce temps, les sans-dents de la night se partagent une Bintang à 3 à Old Man’s ou 707, les pieds dans le sable (quelle horreur, ça raye les Louboutin !). Dieu doit aimer les pauvres, autrement il n’en aurait pas créé autant. Mais à Bali, ces prolétaires de la fête sont beaux, jeunes, surfers, hipsters et eux s’amusent jusqu’au bout de la nuit à Arboon et ailleurs. PLus écureuils que requins, ils recherchent surtout bonne musique et chaleur humaine.

Pour conclure, je serai cash: si l’argent n’achète pas l’amour, il réussit quand-même à faire jouer de la soupe à un génie comme Carl Cox. Un crève-coeur !

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