Accueil Billets Le billet de Didier Chekroun

Low-Cost Nightlife

“Mesdames et messieurs, bienvenue à bord du vol Canggu Airlines à destination de la Lune. Veuillez attacher vos ceintures et respecter les consignes de sécurité. Nous vous souhaitons un agréable voyage en notre compagnie.” Si nous vivions dans un monde parfait, sortir le soir à Canggu ressemblerait à ça.

Malheureusement, la night de ce côté de l’île s’apparente plutôt à du low-cost. Pas de classe affaires, encore moins de première : ici c’est la bétaillère pour tout le monde ! Car en ces lieux entourés de rizières -qui dans d’autres circonstances pourraient paraître idylliques – on a clairement privilégié la quantité à la qualité.

Résultat : des centaines de jeunes atterrissent de nulle part, dépeuplant la bidochon-ville de Kuta pour envahir ce qui fut jadis le QG hipster d’Asie du Sud Est. Luigi’s en est le triste symbole : véritable centre névralgique de la nuit de Batubolong, le niveau est tombé si bas que c’est dans une pizzeria que l’on fait la fête ! Sans mettre les pieds dans le plat, danserons-nous bientôt chez Flunch ou Carrefour?
Ici on ne ressent pas le Bali chic de type Ibiza. L’ambiance générale est plus proche de la Fête de la Bière, mais sans le houblon teuton. Car à ce niveau-là, c’est low-cost aussi : Bintang à toutes les sauces ! Pas de quoi faire de vous des stars. Décollons de chez Luigi’s et de ses ignobles plateaux-repas, pour nous rendre à Old Man’s, le gros porteur du coin. Une foule de petis porcs bien roses boit des B-52 à défaut de pouvoir se taper des avions de chasse. Attention aux vols intérieurs : planquez vos IPhones, les pickpockets rôdent ! Puis traversons juste la rue pour faire une escale à Island Beach Bar, la version Tupolev de la java à Canggu : grosse techno russe qui tâche et des centaines de zombis déjantés, mais qui ne consomment rien. Du coup, les DJs sont bénévoles. Et une sono qui manque sérieusement de turboréacteurs. Enfin, destination finale : le Sand bar. Le terminal est rudimentaire et, comme son nom l’indique, la piste de décollage est dans le sable. Pas d’hôtesses de l’air charmantes, tout juste une jolie caravelle ou 2, et des boissons au goût de kérosène… bien-entendu non-remboursables. Nous voici mal embarqués !
Alors qu’on attendait beaucoup des nouveaux clubs Lost City ou Vault qui promettaient des voyages musicaux de qualité, il ont dû malheureusement s’adapter à la transhumance bovine ambiante. Et des lieux comme Pablo’s et son hip-hop bon marché ne font rien pour arranger les choses.The Lawn aurait pu représenter un semblant de business class mais les live bands si prévisibles gâchent la fête.
Si Canggu joue clairement un rôle pilote pour ce qui est du street art, de la culture alternative ou encore la cuisine bio, en ce qui concerne la vie nocturne… niveau qualité, c’est la chute libre et sans parachute ! Après 22 heures, une seule solution : filer à l’anglaise.

A ce sujet, et pour conclure, citons notre cher et regretté Président Chirac:
”Aaaah la cuisine anglaise…Au début, on croit que c’est de la merde, au final on regrette que ça n’en soit pas…” Comme la night de Canggu?

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