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LOMBOK SORTIRAIT-ELLE DE SA LETHARGIE ? SIX PROFESSIONNELS REPONDENT

L’île voisine de Bali fait beaucoup parler d’elle en ce moment dans la presse avec les efforts entrepris par le président Jokowi et son gouvernement pour développer le sud de l’île à travers un projet pharaonique appelé Mandalika sur plus de 1000 hectares. Cette actualité nous a incités à partir à la rencontre de quelques Français installés sur cette île tranquille et encore très préservée, pour savoir entre autres comment Mandalika allait impacter leur choix de vie et la marche de leurs affaires…

 

DEVELOPPEMENT ECOLO POUR UN TOURISME RESPONSABLE
Vivant sur Bukit à Bali et cerné par trois grands hôtels qui se sont construits en hauteur en bafouant les lois de l’île, Pascal Lalanne a pris conscience que plutôt que de se battre contre des moulins à vent, il faudrait tenter de produire un exemple économiquement viable de développement environnemental pour proposer des alternatives attractives aux effets ravageurs de l’ultra-libéralisme indonésien.
Ce Breton qui a bien réussi dans les affaires depuis 1984 en Indonésie en équipant entre autres 12 millions d’abonnés du logiciel Mobicarte, s’investit depuis pour l’avenir des communautés : «  J’ai d’abord monté en 99 une association pour les enfants défavorisés qui finance actuellement l’éducation de 2400 jeunes de 27 bidonvilles de Jakarta, Surabaya et Medan et dont 37 ont déjà atteint l’université. Pour rendre l’association pérenne, j’ai investi le reste de mon argent dans l’acquisition de 100 hectares de terrains sur la péninsule de Tanjung Aan adjacente au projet national Mandalika afin de développer des projets de conservation naturelle, certains sans empreinte carbone, dont l’intégralité des bénéfices ira à la fondation Isco. », explique-t-il. Cet ingénieur à la double formation en agronomie et énergie se définit comme un impact investor, un terme anglais nouveau qui désigne ces gens soucieux de développement durable. « Je me suis beaucoup intéressé à la manière dont le Costa Rica a développé le tourisme dans des sanctuaires naturels », précise-t-il de manière enjouée. Il se dit encore étonné d’avoir entrainé dans son sillage des gens altruistes comme l’architecte de la loi littoral Bretagne-Nord et un prof de l’université de Rennes pour travailler sur la climatisation innovante d’un premier hôtel troglodytique, basée sur l’énergie solaire et le changement de phase d’huile de noix coco qui, pour les nuits et les jours sans soleil, restitue son froid en passant de l’état solide à liquide. « A Bali dans un rayon raisonnable de l’aéroport, le foncier est trop cher pour faire du green, alors certains investisseurs font du green washing. Voilà pourquoi j’ai choisi Lombok en 2007, non seulement il y restait de grandes zones naturelles à protéger mais le nouvel aéroport International commençait à se construire et je savais qu’un jour ou l’autre Mandalika prendrait forme. J’ai mis 11 ans à acquérir 80 parcelles de collines calcaires bordées par la mer et des petites plages où viennent pondre quelques tortues. Il nous reste à présent encore 8 ans de travail pour construire les 5 boutique hôtels de 0 à 5 étoiles et une petite dizaine de cafés, restaurants ou spas, le tout en stricte intégration dans le milieu naturel. L’objectif est de réserver 80% de l’espace à la végétation, mais aussi d’offrir 10 kilomètres de chemins équestres et de mountain-bike, des via ferrata au-dessus de l’océan, et bien sûr du surf et kite-surf. » Conseiller du commerce extérieur bénévole auprès de l’ambassade de France et donc au courant de quelques grands projets, il a suivi de près lors du voyage de François Hollande en 2017 la signature d’un contrat entre Vinci Construction Grands Projets et ITDC (compagnie d’état en charge du projet Nusa Dua à Bali et Mandalika) pour la construction de 5 hôtels sur 120ha et d’un circuit moto GP. « Cet immense projet de Mandalika avait été monté par la famille Suharto et les terrains ont été récupérés en 1998 par le gouvernement », nous explique cet homme amoureux de l’Archipel. « Le projet a ensuite été concédé à un consortium national de Dubai en 2006 engagé à investir 2 milliards de dollars sur 15 ans pour la construction de 10 000 chambres et voilà pourquoi la première pierre de l’aéroport a été posé en 2007. Puis la crise des subprimes s’avéra fatale aux ambitions de Dubai en 2008, le cousin Abou Dabi forcé de venir à son secours et l’obligeant à abandonner le méga-projet qui revint à ITDC en 2010. Pendant les 4 années suivantes, rien n’a bougé jusqu’à ce que le président Jokowi y mette son grain de sel et y insuffle son énergie, après avoir nommé de nouveaux directeurs à l’ITDC », conclut Pascal Lalanne.
turtlereef.gandi.ws

EKAS BREAKS : ENTRE REVE DE ROBINSON ET PRISE DE POSITION
En 2000, à l’âge de 20 ans, Guillaume Jacquemoud rêvait d’Indonésie et c’est dans l’Archipel qu’il a réalisé avec un ami son premier grand voyage et découvert Lombok où il s’est promis de vivre un jour. Au fil des années, il y retourne pour le surf, le kyte-surf et le farniente et avec trois copains d’université, ils décident d’y investir pour leur avenir avec le désir d’être le plus possible dans la nature et proche de la population. Ils ont donc ouvert en avril 2013 dans l’est de l’île un petit resort de 12 bungalows et 6 suites « proche d’une plage idyllique avec une vague parfaite », nous détaille ce jeune père de famille qui était conseiller en gestion de patrimoine en Suisse. « A notre avis, c’est le meilleur spot de surf de Lombok. C’est la vague la plus régulière et la plus accessible autant aux débutants qu’aux surfeurs confirmés, mais le spot est encore un peu secret. Particularité de notre endroit, on y surfe le matin et on y pratique le kyte-surf l’après-midi de l’autre côté de la falaise, c’est très rare de trouver cette configuration », nous dit-il. L’endroit est tellement isolé dans la jungle qu’il leur a été difficile de trouver un manager, c’est donc un des partenaires qui a séjourné là-bas les premières années. « Notre personnel à Ekas n’avait jamais travaillé pour personne, il a fallu leur expliquer les attentes des clients, raconte-t-il amusé. Et formaliser les rapports de travail, tout de A à Z. C’est une des raisons qui explique sans doute que le montage des affaires à Lombok est plus ardu qu’à Bali, mais les gens de Lombok ont la même volonté de bien faire et de satisfaire et la même gentillesse que partout ailleurs en Indonésie. » Après ce premier investissement qui a connu une croissance à deux chiffres dès la première année mais souffre encore en basse saison, ils ont pris position au sein du projet Mandalika pour bénéficier du développement attendu. « Nous avons créé à Kuta Lombok un centre d’activités sportives outdoor à destination des hôtels, nous proposons entre autres du parapente, du jet ski, du wake-board, du kyte-surf et nous sommes en pourparlers avec ITDC, le promoteur de Mandalika, pour un circuit de quad. En parallèle, nous avons aussi repris l’épicerie fine dernièrement et le restaurant Riviera que nous allons transformer en une sorte de sports bar un peu chic, nous sommes d’ailleurs les seuls à avoir une licence d’alcool », poursuit-il. Vingt ans après avoir posé le pied en Indonésie, Guillaume franchit enfin le pas de venir s’installer en Indonésie cet été avec sa famille et un des autres partenaires, le rêve se réalise enfin complètement !
www.ekasbreaks.com

A SENGGIGI, SUSPENDU AU DEVELOPPEMENT DES LIAISONS AERIENNES
« A l’époque où je suis arrivé à Lombok il y a 11 ans, se rappelle Dominique Duvivier, actuel manager du Sheraton Senggigi, les compagnies aériennes qui desservaient Lombok étaient toutes blacklistées par l’Europe, aucun tour opérateur ne pouvait donc avoir recours aux compagnies aériennes locales. Le seul moyen d’arriver à Lombok relativement rapidement était donc de prendre l’avion pour Bali puis le bateau rapide pour Lombok via les Gili. C’était un périple ! A présent, les compagnies ne sont plus sur liste noire mais nous souffrons encore du peu de liaisons aériennes qui desservent notre île, seulement deux vols internationaux depuis Kuala Lumpur et Singapour et quelques liaisons quotidiennes principalement depuis Jakarta et Bali, voilà pourquoi nous attendons beaucoup du projet Mandalika. » Ce Breton qui vit en Asie depuis 25 ans se plait beaucoup à Lombok malgré son relatif isolement. « Tout le monde m’avait déconseillé à l’époque de venir à Lombok, l’île traine encore une mauvaise réputation mais ce qui arrive en tête de liste des commentaires de mes clients, c’est la gentillesse de mon personnel et je confirme. Pour le reste, c’est sûr qu’il y a moins de vie sociale et d’activités qu’à Bali, mes clients qui proviennent autant d’Europe que d’Asie et d’Indonésie, vont passer parfois une journée aux Gili qui se trouvent un peu plus au nord de l’île ou bien vont visiter des cascades ou encore le sud de l’île vers Kuta Lombok. Ici, on se ressource véritablement, voilà pourquoi beaucoup de nos hôtes reviennent chaque année, certains pour deux à trois semaines. Senggigi ne bouge pas, ça fait du bien finalement dans le tourbillon du monde actuel », explique-t-il. D’un point de vue business, le directeur général reconnait que les prix de l’hôtellerie sont encore très bas à Lombok : « A prestation relativement égale, nous affichons des prix bien en dessous de certains Sheraton. Marriott International est aujourd’hui le premier groupe hôtelier mondial avec  plus de 6200 hôtels et 30 marques différentes, nous avons de quoi comparer ! » Hormis le Sheraton, l’Oberoi et le Novotel, il n’y avait jusqu’alors pas d’autres chaines hôtelières installées à Lombok mais c’est en train de changer avec le projet Mandalika sur lequel tout le monde fonde beaucoup d’espoir. « C’est un peu qui de l’œuf ou de la poule… les hôteliers attendent de nouvelles liaisons aériennes et les compagnies aériennes d’avoir suffisamment de lits à remplir et de promotion pour mettre en place des liaisons plus régulières. En 2014, Jet Star avait commencé à relier trois fois par semaine Perth à Lombok et ça avait sérieusement contribué à améliorer notre taux d’occupation. Alors, sabar sabar ! »
www.sheratonsenggigi.com

LA CABANA DE LA LIBERTE A KUTA
Nico Weimert a posé les pieds en 2011 à Lombok et il n’en est jamais reparti. Ce rebelle amoureux de voyage et de liberté a commencé à sillonner le monde à 17 ans avec la ferme intention de partir un jour définitivement et de quitter la France qu’il trouvait trop oppressante. Débarqué d’abord à Bali, son séjour a tourné court après quelques incidents, il a mis les voiles vers Lombok. Et là, révélation ! « J’ai vraiment eu un sentiment de pure liberté comme jamais, plaide-t-il, ni tee-shirt, ni casque, ni tong, une nature magnifique, des plages de dingue pour surfer, j’ai compris tout de suite que j’avais trouvé l’endroit. Les locaux étaient sympas et indifférents à mon look, et on mangeait à l’époque pour 8000rp. Ici, tout le monde se connait, les commerçants font crédit aux gens de confiance. Quand je prévois de partir 10mn, je rentre deux heures plus tard, après avoir discuté avec tout le monde. » Devant son émerveillement, tout le monde s’empresse de lui proposer d’acquérir un terrain et il se retrouve rapidement en possession d’un terrain escarpé juste à la sortie de Kuta Lombok avec une vue imprenable sur la mer. « Avec mon métier de cuistot, avoue ce jeune hôtelier de 33 ans originaire de Lorraine, je n’étais pas armé pour construire un hôtel mais j’ai tout fait tout seul de A à Z faute de moyens, j’ai été bankrut 15 fois, mais je me suis accroché, et j’ai fini par bâtir le lodge de mes rêves qui comprend 3 chambres et 4 bungalows. » Depuis la construction de son hôtel, le projet Mandalika a pris un formidable essor et totalement modifié l’environnement proche au pied de son terrain. « À moins de 5 km de chez moi, on construit le plus grand golf d’Asie et aussi un circuit de moto GP, ajoute-t-il, mais l’emplacement change, encore rien de fiable. Et aussi des hôtels inspirés de la démesure de Dubaï, les gens parlent de 7 étoiles… Même à la télé en France, on voit des reportages sur ce projet qui a l’ambition de dépasser la renommée de Bali. En attendant, nous avons les plus belles routes d’Indonésie et la 4G partout. » A la question de savoir comment son hôtel va s’intégrer dans cet univers de luxe, Nico répond un peu fataliste qu’il « restera de la place pour des hôtels comme le mien sans prétention où les gens peuvent se sentir comme à la maison. On propose du yoga, pas mal d’activités et je suis en train de construire une piscine. »
www.kutacabana-lodge.com

LOIN DE LA CIVILISATION AVEC 3WDIVE A GILI AIR
C’est ce même coup de cœur qu’éprouvent tous ceux qui ont mis les pieds sur ces îlots sans voiture que José Romero a ressenti lui aussi en 2002 la première fois qu’il est venu à Lombok. Dans la langue natale des habitants de Lombok, les Sasak, « île » se dit gili et c’est sur Gili Air que José s’est installé depuis 2008. Tout d’abord salarié d’un centre de plongée sur Gili Trawangan, il a eu l’opportunité en 2011 d’ouvrir son propre centre. « J’ai ouvert le cinquième centre de plongée sur Gili Air, déclare-t-il, à présent nous sommes 14 sur ce petit îlot qui ne fait que 700m de rayon. »
José reconnait que les Gili n’offrent pas les plongées aussi prestigieuses que Raja Ampat, Bunaken ou Komodo mais la plongée est vraiment l’activité sportive principale, particulièrement prisée des débutants : « Contrairement à Bali où il faut parfois rouler longtemps avant d’accéder au site de plongée, ici il n’y a pas de transport, tout est facile, on part de la plage, se félicite ce plongeur aguerri qui a toujours travaillé dans le domaine du sport. Et puis, les plongées sont faciles et la mer est propre, on trouve beaucoup de poissons et de tortues sur une vingtaine de spots. C’est sans doute la proximité de l’eau sur ces îles basses qui provoquent le déclic de la première plongée pour beaucoup. Nous avons essentiellement des débutants et les débutants aiment être rassurés par des moniteurs qui parlent leur langue, voilà pourquoi il y a autant d’étrangers installés aux Gili. » Selon la saison, son centre de plongée emploie entre 20 et 25 personnes. Bien que le nombre de touristes augmente d’année en année, toujours en provenance de Bali et rarement de Lombok, la concurrence de plus en plus grande et la pression grandissante de l’administration ont changé un peu les conditions d’exploitation ces deux dernières années. « Il faut reconnaître qu’il y avait un petit vent d’anarchie qui soufflait ici, reconnait ce chef d’entreprise, c’était le droit local qui prévalait et on voyait rarement les autorités. Mais Jakarta a repris la main, à coups de bulldozers et beaucoup de business de plage ont été rasés l’an dernier à Trawangan et les contrôles se sont fait très fréquents. Tout s’est normalisé peut-être aussi à cause du projet Mandalika en train de se mettre en place à Lombok et c’est tant mieux, ça nous rend tous plus pro et responsables. » Même s’il avoue avoir passé parfois 8 mois d’affilée sans quitter son îlot et qu’il ressent comme beaucoup à Gili cette vibration qui aimante tous les instructeurs de plongée et de yoga, José part à présent s’aérer tous les mois à Bali, en quête d’un peu d’anonymat et d’espace.
www.3Wdivegili.com

ASHTARI : DU YOGA COMME LEVIER DE DEVELOPPEMENT
« Quand j’ai voulu m’installer à Lombok, j’ai commencé par faire des stats, nous explique posément Jean-Marc Reynier depuis son studio de yoga suspendu au-dessus de Kuta Lombok. Je me suis rendu compte que 70% des nouvelles affaires essuyaient un échec total, il n’y avait que 30 % de survie, le rêve de l’île de cocagne avait donc ses limites ! J’ai donc cherché avec mes partenaires un business existant avec une bonne image et je suis tombé sur ce centre de méditation créé par un couple de hippies à la fin des années 80. Il comprenait aussi un resto végétarien avec 5 femmes qui travaillaient ici, aucune ne savait même lire l’heure sur une horloge. Pour rendre le site plus accessible, il nous a fallu asphalter la route et faire venir l’électricité. » C’est d’abord le surf et la nature intacte de Lombok qui ont conduit cet ancien businessman de Hong Kong à vouloir s’installer sur cette île et en reprenant cette affaire en avril 2013, il nous raconte qu’il avait plein d’idées en tête et que ce nid d’aigle ne serait que le marchepied d’une vaste aventure : « Le point de départ, c’était de pouvoir mutualiser du yoga et du sport pour les hôtels de la région dans la mesure où aucun ne peut se payer un prof à plein temps ou n’a de licence pour le faire. J’ai proposé aux hôtels un deal que personne ne pouvait refuser. Nous avons maintenant 5 profs locaux et étrangers qui dispensent 12 cours par jour chez nous et dans de nombreux hôtels de Kuta Lombok, c’est devenu profitable depuis deux ans avec une rentabilité de 25%. » La seconde étape était aussi de rénover ce restaurant, un vrai repère sur l’île depuis 2006, tout en gardant son style et d’établir une carte vegan en phase avec les aspirations de la clientèle, là encore pari réussi malgré le relatif isolement de l’endroit situé à 10mn du centre de Kuta. « Nous avons abordé à présent la troisième phase, précise-t-il très méthodique, nous construisons des dortoirs et de petits bungalows pour pouvoir accueillir des groupes de yoga ainsi qu’un coworking space pour les voyageurs et tous les entrepreneurs qui ont besoin d’une émulation et d’une bonne liaison Internet pour lancer leur business ici. » Hormis le centre Ashtari, Jean-Marc et ses partenaires mènent aussi de front une activité immobilière: « Compte tenu du peu de fiabilité des entrepreneurs du bâtiment, nous n’avons jamais voulu nous lancer dans la promotion immobilière, nous aidons juste nos clients à trouver les terrains et à nous assurer de la légalité des certificats. Tous les investisseurs de Jakarta cherchent des terrains commerciaux en plein centre de Kuta et de nombreux commerces s’installent. Une école internationale a ouvert l’an dernier ainsi qu’un restaurant chic et une épicerie fine. Nous ne serons bientôt plus à la campagne mais nous apprécions cette ambiance effervescente, une vraie impression d’être des pionniers dans un eldorado pour globe-trotters. »
www.ashtarilombok.com

 

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