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Lio: l’odysse fastueuse d’un grec de Port-Saïd à Bali

« Mon expérience professionnelle a commencé avec la fabrication de meubles en rotin il y a 37 ans au Danemark. Je me fournissais aux Pays-Bas parce que les Hollandais à l’époque avaient le monopole de cette fibre en provenance d’Asie, presque exclusivement de Sumatra et des Célèbes. Quand les Indonésiens ont décidé d’exploiter eux-mêmes cette matière première en fabriquant des meubles, le marché s’est effondré. Avec mes neuf frères et sœurs, nous avons changé d’activité, nous nous sommes lancés avec succès dans l’import en provenance d’Asie>>, c’est ainsi que Christos résume en un éclair 35 ans de sa vie passée. Et puis un jour de novembre 2005, il découvre Bali et décide de s’y fixer, un endroit « magique » où le monde entier défile pour acheter, plus besoin de sillonner les routes d’Europe pour aller à la rencontre de ses clients ; un endroit où la moindre de ses idées et de ses fantaisies créatives devient réalité grâce à l’habileté et la dextérité de ses ouvriers.

Christos est arrivé à Bali avec un capital très confortable qui aurait pu le dispenser de travailler : « le problème, c’est que je dors très peu et que j’ai beaucoup d’énergie, jamais je ne m’arrête ». Alors il applique à la lettre les recettes qui ont fait son succès en Europe. Tout d’abord, son catalogue, disons plutôt un livre magnifique de 520 pages enrichi de belles photos de Bali, une encyclopédie en papier glacé d’un poids de trois kilos sur laquelle on trouve à peu près tout ce qui se vend sur l’île. Présenté dans un coffret et envoyé à ses clients aux quatre coins du monde par porteur spécial avec des fleurs, c’est son « meilleur outil pour faire du container », un outil onéreux mais très lucratif. La seconde recette, c’est le quadrillage. « J’ai ouvert des magasins à tous les endroits stratégiques de Bali qui doivent drainer tous les clients vers mon show-room, mon personnel est briefé, interdiction de laisser repartir des professionnels les mains vides, on leur offre un petit cadeau s’ils ne sont pas encore décidés, c’est ma philosophie », déclare ce Grec né en Egypte. La troisième clef de sa réussite, ce sont « les trois jours à 50% » chaque mois, « ça contribue à faire connaître le magasin ». Enfin, il a racheté aussi une société de transport et une imprimerie pour être encore plus compétitif.

Le soir, tous les clients de la journée se retrouvent dans son restaurant grec Pantarei sur Raya Seminyak, Christos chante et fait danser, l’ambiance est à la fête. Si vous demandez à ce bon vivant, qui semble plus s’amuser que réellement travailler, ses projets pour l’avenir, il vous répondra très sérieusement qu’il ne souhaite rien d’autre que « d’ouvrir un orphelinat d’ici trois ans à Bali ». Etonnant, non !

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