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L’INDONESIE SUR LES TRACES DE SON GLORIEUX PASSE MARITIME

C’était une des promesses phares de la campagne présidentielle de Joko Widodo en 2014, et une évidence au regard de la géographie de l’Indonésie : l’Archipel souhaite exploiter au maximum son potentiel maritime après l’avoir très largement ignoré pendant de longues années. Deux ans plus tard, où en est la politique maritime indonésienne ?

Les revendications territoriales chinoises sur la Mer de Chine du sud le montrent actuellement de manière flagrante : la mer est un enjeu de premier plan pour les grandes puissances mondiales. Cela est d’autant plus évident pour l’Indonésie, le plus grand archipel du monde et ses milliers d’îles. Pourtant, pendant ces dernières décennies, la mer tant présente dans le quotidien des Indonésiens ne l’a pas autant été dans les politiques gouvernementales.

Le président Jokowi a décidé de mettre l’accent sur cet aspect souligné par la position géographique du pays, entre océans Indien et Pacifique. Jokowi a ainsi articulé une nouvelle vision maritime pour le pays : maximiser son rôle en tant qu’acteur global entre deux océans, et développer l’économie interne afin d’améliorer la connectivité nationale, l’efficacité et la croissance.

Cette vision comporte cinq éléments : la sécurité maritime, la diplomatie maritime, la connectivité maritime, la culture maritime et l’amélioration des ressources maritimes. Cela devrait permettre d’augmenter l’autorité nationale sur les eaux territoriales du pays, de réorienter la perception des menaces et la stratégie sécuritaire, d’améliorer les capacités des forces navales et armées, et enfin de stimuler l’investissement dans les infrastructures maritimes.

Réduire les coûts logistiques entre les îles
Les premières mesures mises en place incluent des sanctions contre la pêche illégale de la part de bateaux étrangers, l’annonce d’un plan de création d’un corps de gardes côtes, la promesse de doubler le budget de la défense sur les cinq années du mandat présidentiel, et la recherche d’investissement dans les infrastructures maritimes.

Jouer ce rôle d’acteur maritime régional majeur représente un processus dont les résultats seront mesurables dans le temps. Les bénéfices que le pays tirera d’infrastructures maritimes modernisées nécessitent en effet d’attirer des investissements étrangers et domestiques importants, que le gouvernement tente actuellement d’organiser.

Des entreprises publiques liées aux secteurs maritimes et de la logistique se sont ainsi associées pour développer des ports et leurs infrastructures environnantes. Le président Jokowi souhaite ainsi pouvoir réduire les énormes coûts logistiques du pays. Ceux-ci sont affectés négativement par l’incertitude des horaires et programmes du transport maritime et par le manque d’infrastructures dans la partie est du pays. Le but de ce programme est de réduire les coûts logistiques de 23,5% à 19,2% du PIB en 2019.

La communauté internationale a également applaudi la vision présidentielle de vouloir faire de l’Indonésie un axe maritime global. Dès novembre 2014, aux sommets de l’APEC et du G20, de nombreux pays (Australie, Chine, France, Allemagne, Italie, Japon, Russie, Pays-Bas et Etats-Unis) ont offert les possibilités d’une collaboration dans les domaines de la pêche et des infrastructures.

55 milliards de dollars d’investissement
La vision de Jokowi de développer un système moderne de transport maritime, appelé « autoroutes de la mer », a commencé à se matérialiser avec des cargos opérant désormais quotidiennement en Papua entre Sorong et Waisai et deux fois par semaine entre Surabaya et Makassar.

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Le programme gouvernemental global devrait nécessiter près de 55 milliards de dollars pour le développement de 24 ports commerciaux, plus de 1000 ports non-commerciaux et l’achat de navires jusqu’en 2019.

Tout cela est en ligne avec l’esprit du programme gouvernemental « Nawacita » (programme en neuf points) qui aspire à construire un état unifié en partant des régions frontalières du pays. En améliorant la connectivité entre ses îles, l’Indonésie améliorera aussi les économies de ses régions éloignées, notamment celles dans l’est du pays, la qualité de vie de ses populations, essentiellement les pêcheurs, et sa capacité à contrôler ses frontières et ses eaux territoriales. La manière dont le pays s’oppose actuellement fermement à la Chine autour des îles Natuna est la preuve de ce nouvel ordre des choses et de la volonté de Jokowi de réaliser son ambition maritime.

De la même manière, les opérations radicales et très médiatiques menées par la ministre en charge de la mer et de la pêche, Susi Pudjiastuti, et consistant à couler systématiquement les navires de pêche étrangers opérant illégalement dans les eaux indonésiennes, a permis au pays de réaffirmer sa souveraineté sur ses territoires maritimes et de soutenir le secteur de la pêche désormais considéré comme une priorité.

Le commerce maritime avait permis il y a des siècles à l’Indonésie et aux régions qui la constituent d’être des acteurs économiques et politiques majeurs et respectés. Depuis l’indépendance, cet aspect a trop souvent été négligé, permettant l’accroissement des inégalités régionales et les atteintes à la souveraineté territoriale de l’Archipel. En replaçant la mer et son économie au centre des priorités de son gouvernement, le président Jokowi entend contribuer à la relance économique du pays dans le contexte de la baisse des prix des matières premières.

L’effort national a commencé. Il devra être soutenu par les investissements locaux et étrangers et s’inscrire dans la durée, quelles que soient les évolutions à la tête du pays, afin de rendre à l’Archipel la puissance maritime qui a contribué à en faire un acteur majeur du commerce mondial dans le passé. Si tel est le cas, le gouvernement actuel aura grandement participé à la nécessaire diversification des ressources économiques de l’Indonésie.

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