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Lettre d’une vacancière … balinaise à Rainer

Récemment, nous avons reçu la visite d’une amie qui s’offrait un mois de vacances après avoir subi la double épreuve d’un divorce et d’un licenciement. Nous avons guidé ses premiers pas sur le sol asiatique et lui avons fait découvrir les attraits de notre charmante île. Voici la lettre qu’elle nous adresse après son retour en France.

Mes chéris,
Dur, dur le retour… la gorge serrée, le coeur lourd (presque aussi lourd que mon sac, c’est dire), je n’étais pas spécialement prête à re-affronter l’autre monde. Celui des imbéciles et des ignorants. Cela a commencé sans détour dans l’avion : je m’installe dans mon fauteuil, et, épuisée par les larmes du départ (j’avais oublié comme ça fatiguait de pleurer!), j’appuie sur le petit bouton du bras de mon fauteuil afin de m’incliner légèrement pour mieux supporter les longues heures de vol qui m’attendent. Et là, stupeurs et tremblement, je découvre mon voisin de derrière : un passager rougeaud, oeil mauvais et canine droite légèrement dévoilée par une babine aux abois, prêt à me sauter dessus (mais pas parce que je l’excitais…), vociférant dans un anglais incompréhensible. Je crois deviner que c’est mon siège « légèrement incliné » qui le dérange.
Ce que j’aurais fait avant d’avoir été à Bali :
Instinctivement, j’aurais dévoilé mes DEUX canines, TOUTES babines retroussées, le cheveu en pétard, fixant ma proie avec un regard de furie du haut de mes 1,60 m (comme Madonna, quand même), face à cette armoire à glace. J’aurais hurlé plus fort que lui en lui demandant « c’est quoi, ton problème? » en lui montrant la carte de visite de mon avocat.
Ce que j’ai fait réellement :
D’un calme olympien, j’ai redressé mon siège sans broncher et j’ai appelé le gentil steward indonésien qui n’arrêtait pas de me reluquer depuis mon arrivée. J’ai pris mon air le plus angélique dont la nature m’a gratifié et que j’ai pu peaufiner avec le temps. J’ai laissé couler une bonne grosse larme, en me concentrant sur la dernière image que j’ai eue de vous en entrant à l’aéroport, ça a marché super bien ! J’ai pris ma petite voix enfantine (celle que j’avais à huit ans) et j’ai demandé poliment avec mon anglais scolaire à souhait « s’il vous plaît Monsieur, il sert à quoi le petit bouton, là, sur le bras de mon fauteuil ? »
Sur ce, le steward s’est fait un plaisir de m’expliquer l’usage dudit bouton, tout en me faisant une démo comment on pouvait incliner son siège à volonté, afin de passer un voyage agréable. Je lui ai demandé s’il pouvait expliquer la même chose au monsieur derrière moi, il m’a souri et s’est exécuté. J’ai eu à peine le temps d’apercevoir le nuage de fumée sortant du canal auditif du passager irascible que je me suis assoupie, sereine, dans mon siège incliné au maximum !!! Salope ? Non, pourquoi !?!
Comme souvent, ce n’est qu’avec le temps et la distance que l’on prend réellement conscience de ce que l’on a vécu. Et moi, je m’extasie (non, pas avec des cachets !) de tout ce que j’ai pu m’enrichir durant ces quatre semaines. Pour l’instant, les souvenirs se baladent pêle-mêle dans ma tête. Plus les matins se succèdent ici, lorsque j’ouvre les volets sur de la grisaille, plus les souvenirs des moments passés sur cette île sont présents. Difficile de résumer tout ça, le retour est un peu rude pour moi. Mon voyage n’aurait jamais été le même si vous n’aviez pas été là, c’est certain. Je ne sais pas trop quoi dire à part MERCI ! J’attends de vos nouvelles et je vous embrasse très fort !
Mimi

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