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Les Indonésiennes sexuellement insatisfaites ?

Une récente enquête menée par Pfizer, le fabricant du Viagra,
vient de démontrer fort opportunément que la majorité
des femmes indonésiennes, 77% pour être précis, étaient
« sexuellement insastifaites ». La cause ? Leurs maris bien
sûr qui, selon les 578 volontaires interrogées, souffriraient de
problèmes d’érection. Selon Wimpie Pangkahila, président
de l’Association indonésienne de sexologie, entre 15 et 20%
des hommes mariés du pays seraient frappés d’impuissance… Si ce chiffre alarmant
sert indéniablement les intérêts marketing du fabricant de la petite pilule magique, on
peut douter qu’il reflète une quelconque réalité. Surtout dans un pays connu (mais pas
reconnu) pour la frénésie sexuelle de ses habitants et ses abondants lieux de plaisir.
Bars, discothèques, salons de massage, karaokés, cafés, centres commerciaux et mêmes
maisons closes plus ou moins officielles… Pour qu’il y ait de l’offre, il faut bien qu’il y
ait de la demande ! Alors les mâles indonésiens seraient impuissants et leurs épouses
insatifaites ? Rien n’est moins sûr. D’ailleurs, y aurait-il autant de ces kafe le long des
routes à Bali par exemple si presque un quart des hommes mariés du coin n’arrivait
plus à hisser le drapeau ? Cette prostitution endémique en Indonésie, considérée
avec le jeu et la drogue comme des « penyakit masyarakat » (maladies de la société),
est régulièrement la cible des autorités avec de spectaculaires razzias menées par
la police, les satpol (milices de volontaires) et ici à Bali, les banjar. Mais comme en
Indonésie tout est toujours question de petits arrangements entre « amis », ces
activités illégales mais tolérées refleurissent rapidement après l’échange de petites
compensations : « Gimana kalau mau damai Pak ? »

La présence à Bali, début décembre, d’un forum international sur la démocratie
inauguré par le président SBY a donc servi de prétexte à un de ces « nettoyages »
réguliers. Les fameux bordels de Sanur ont été fermés pour quinze jours et tous les
kafe de l’île ont subi des rafles à répétition. Les établissements puissamment connectés,
comme les lieux fréquentés par les touristes, ont bien sûr échappé à cette tempête
de la morale… L’agence de presse balinaise BeritaBali a relaté tous les jours ces
événements par le menu sur son fil. Des dizaines de « cewek penghibur » (filles de
divertissement) ont été embarquées. Celles qui n’avaient pas de carte d’identité locale
provisoire (Kipem) risquent en théorie la déportation vers leur adresse d’origine. Deux strip-teaseuses du Kafe Kamboja, Jl Batu Kapur, Mengwi, ont été prises sur
le fait, rapporte un des articles de l’agence. Une chance pour elle, au moment de
l’intervention policière, elles n’étaient qu’en slip et soutien-gorge, ce qui ne devrait
leur valoir que des ennuis bénins. L’une d’elle, Lia, originaire de Madura, commente en
souriant : « Je fais ça pour l’argent. Travailler dans une laverie par exemple, ça suffit pas
pour payer ma chambre, aider ma petite soeur et tout le reste. Alors je fais danseuse nue
sur commande. » Lia et Rini affirment être payées 100 000 roupies de l’heure pour
danser nues sur les tables. Rini explique même que ses parents sont au courant : « Je
fais souvent des shows nus dans les kafe. Ma mère le sait. Elle dit que du moment que je
reste en contrôle, il n’y a pas de problème. »

Journée mondiale contre le sida oblige, ce mois de décembre a également permis
aux politiciens et autres fonctionnaires vertueux, et dieu sait s’ils sont nombreux,
de manifester leur volonté de combattre le fléau. Alors que les forces de l’ordre
envahissaient les lieux de perdition pour attraper les fautives (mais pas leurs clients)
dans les filets de la décence, tous les carrefours de Bali étaient recouverts d’affiches
affirmant l’urgence de lutter contre la propagation du virus HIV. A Jembrana, on va
même un peu plus loin en combinant les deux actions. Le QG des satpol de Jembrana
a en effet été investi par médecins et infirmiers du département de la santé. But de la
manoeuvre : tester la séropositivité éventuelle des filles arrêtées par la milice. C’est une
vieille habitude dans cette région de Bali qui sert souvent de modèle. Depuis 2005, on
y tient en effet des statistiques sur les péripatéticiennes, avec beaucoup d’application.
A Java, où les phénomènes liés au sexe vénal sont encore plus spectaculaires et
répandus, cette journée du sida a déchaîné la ferveur des islamistes. Le Hizbut Tahrir,
qui regroupe des centaines de milliers de membres dans tout le pays, a manifesté
pour demander l’instauration d’un califat et l’adhésion à la Charia afin de mettre fin
au… sida. « Prostituées, drogués et homosexuels sont les agents de l’immoralité », ontils
scandé. Ils ont également demandé que le programme de distribution gratuite
de préservatifs auprès des prostituées soit immédiatement arrêté. Officiellement,
270 000 personnes sont porteuses du virus VIH en Indonésie, un pays qui compte
228 millions d’habitants dont… 77% d’insatisfaites et 20% d’impuissants. Ah bon ?

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