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Les deux-roues E-GO : le motoriste qui voyait vert…

Le constat de départ est simple et chacun a pu le faire. Si vous connaissez Bali depuis de nombreuses années, vous vous êtes bien évidemment rendu compte de la perte de qualité de vie au fur et à mesure du développement de l’île. Le trafic routier est de plus en plus congestionné et la pollution grandit en adéquation. L’industrie du motocycle se frotte les mains de cet état de fait, vantant à loisir ces chiffres de vente mirifiques et les politiciens se félicitent de voir leurs électeurs accéder toujours plus nombreux à la consommation. Dans un pays émergent qui voue un culte sans retenue au dieu du développement, difficile de mettre un bémol à tout ce processus. Luc Slegers a lui une autre idée sur la question et c’est avec courage qu’il s’attaque à la citadelle réputée imprenable. « A Bali, la situation du motocycle est terrible. Avec ce projet Bali Green Point, nous proposons une solution en montrant l’exemple », explique-t-il. Première cible, les deux-roues qui, contrairement à une idée communément répandue, sont bien plus polluants que les automobiles.

Sous la marque E-Go, Luc Slegers propose une gamme de cycles et motocycles à des prix variant de 5 à 35 millions de roupies. Fabriqués en Chine, où il a travaillé longtemps dans l’industrie automobile, ces engins sont aux normes européennes et correspondent à des standards de qualité irréprochables. Rien à voir avec les tentatives précédentes d’introduction de ce type de véhicules à Bali, qui ont d’ailleurs toutes échoué par manque de sérieux et d’engagement. « Tout ça a commencé de façon émotionnelle. Je ne monte pas ce projet seulement en fonction d’un business plan », ajoute l’ingénieur belge. Le projet n’est pas dénué de sens en effet… Avec un scooter E-Go, acheté à peine plus cher qu’un modèle à essence, vous serez libéré des contingences liées au moteur à explosion. C’est-à-dire plus de passage à la pompe, plus de vidange, plus d’entretien coûteux et fastidieux, plus de papier d’immatriculation, plus de permis et accessoirement plus de port du casque obligatoire. Pour un niveau de performance presque égal, avec en plus le couple extraordinaire de la propulsion électrique au démarrage et sans pollution sonore, vous n’aurez comme contrainte que la recharge des batteries. Une charge complète prend 4-5 heures et c’est aussi simple que de recharger votre téléphone portable… Et à peine plus coûteux, 2800 roupies environ pour un « plein ». Comptez un changement des batteries tous les trois ans.

L’autonomie se situe aux alentours d’une centaine de kilomètres selon l’utilisation. C’est là le seul hic. Si cela convient tout à fait pour des déplacements de proximité, ce qui de toute façon constitue la majorité des trajets des utilisateurs de deux-roues, cela devient un problème pour des déplacements plus lointains ou des utilisations plus intensives. D’où la nécessité de mettre en place un réseau de recharge, quasiment sur toute l’île. Pour l’instant, Bali Green Point n’a trouvé que quelques partenaires, les bonnes volontés sont donc bienvenues, mais le réseau est appelé à grandir avec le temps et la croissance du nombre d’e-motards. La chaîne des Cafés Moka, le restaurant Mannekepis, la villa Babar, les villas Karisa (qui a d’ailleurs commandé une armada de véhicules pour sa clientèle), les villas Bali Asri font déjà partie de ce réseau de recharge. Auxquels il convient d’ajouter désormais Ons Waroeng, Naughty Nuri’s Kerobokan, Benoa Palms, Little Tree Bali, Rumah Bekoku, Komilfo et Tauch Terminal Tulamben Resort. Bali Green Point est également en train de démarcher banques et hôpitaux. Tous ces points de recharge sont visibles sur Google Map.

Le réalisateur de documentaires Douchan Gersi, résident à Bali et e-motard enthousiaste, est devenu par conviction l’ambassadeur de ce projet ambitieux sur l’île. Il fait les relations publiques pour son nouvel ami Luc Slegers avec une énergie qui ne nécessite aucune recharge et va mettre ses talents de cinéaste au service du projet. En préparation, un film de dix minutes qui sera visible sur YouTube et une campagne de sensibilisation dans les écoles sur la nécessité de se mettre aux deux-roues non polluants. Un sujet devrait passer bientôt sur Bali TV et Douchan Gersi va présenter son petit film également auprès des chaînes hôtelières pour gagner de nouveaux adhérents à ce réseau Bali Green Point.

Luc Slegers explique que si le projet se développe normalement, il sera en mesure d’y apporter de nombreuses améliorations. Par exemple, il est en train de dessiner des stations de recharge qui fonctionnent avec des panneaux solaires, il a commandé la mise au point d’une moto d’enduro toute électrique et il compte également mettre tous ses véhicules E-Go à louer dans un réseau spécial dédié aux engins non-polluants à compter de l’an prochain à Kuta, Legian et Seminyak. N’en doutons pas, un choix qui s’imposera tout seul auprès des touristes responsables. Adhérent de Greenpeace, Carbon Footprint, Engineers Without Borders, Earth First et WSPA, Luc Slegers présente son profil mi-entrepreneur, mi-écolo avec candeur et sincérité. « La mission de Bali Green Point est de mettre en place des moyens de transport alternatifs et écologiques dans cette partie du monde », clame sa brochure avec une rhétorique plus proche de celle de l’environnementaliste que du dealer de motocycles. Et vous, êtes vous prêts à rouler électrique à Bali ?

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