Que faire quand vient l’heure de manger, que seule une brique de lait périmé trône dans votre frigo et que toutes vos casseroles, abandonnées piteusement dans l’évier, dégagent une odeur nauséabonde ? Comme d’habitude, prendre de bonnes résolutions ! Mais pour l’heure, direction « la cantine »… A savoir cet endroit simple, sympathique et populaire, dépositaire de l’âme du quartier, où l’on croise toujours des amis, fins gastronomes ou fées du logis comme vous, ces fameux « collègues », comme on dit dans les Bouches du Rhône.
Mais à Bali, les brasseries et autres bars PMU sont rarissimes, alors où aller ? Dans Benesari, au célèbre Brasil Bali. Si le pourquoi du « Bali » parait évident, pourquoi « Brasil » ? « Et pourquoi pas » vous répondra stoïquement l’aimable personnel. Après tout, il y a bien 5 plats brésiliens à la carte et des drapeaux ori verde un peu partout. Mais il y a surtout l’emblématique cocktail au nom évocateur, la caïpirinha. Façon Brasil Bali toutefois ! Un subtil mélange d’arak, d’eau, de sucre et de citron, le tout passé au mixer et servi dans une choppe de bière avec une paille. Et il y aussi le bœuf/poulet/autres accebolado. C’est-à-dire un steak servi avec du riz, de la chapelure, une salade chaude de tomates et oignons et une soupe de haricots noirs. Vous mélangez le tout, vous évitez de penser à l’aspect du résultat dans l’assiette et vous dégustez. Quand, quelques jours plus tard, vous l’aurez enfin digéré, vous en redemanderez assurément.
Le Brasil Bali est un lieu sans âge. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui savait exactement depuis quand il existe, ni depuis combien de temps les mêmes serveuses sont fidèles au poste. Il passe à travers les époques sans rien changer, ou presque. En effet, on notera qu’un étage a été construit en 2003 et que les cassettes « Best of UB40 » et « Best of Bob Marley » ont fait place après des années de service à des CD « Best of UB40 » et « Best of Bob Marley » flambant neufs. On verra qu’un ventilateur a été ajouté et que la photo hommage à Lady Di a été troquée contre une illustration psychédélique de Ganesha. Enfin, on reconnaîtra que les toilettes, qui vous rappellent vos dernières vacances en camping, ont quand même été nettoyées l’an dernier. En revanche, l’encadré de la photo agrandie du passeport de la patronne est bien toujours au-dessus de la caisse et la cuisinière met toujours autant d’huile dans ses fritures. L’atmosphère de ce lieu unique traverse donc les modes. Si, à part les raisons évoquées plus haut, il n’y a pas vraiment lieu de manger au Brasil Bali, étonnement, il n’y en a pas non plus pour l’éviter. Si bien que si vous y passez, le « magnétisme » de l’endroit vous y fera revenir inévitablement. On s’y croisera sûrement…
