Tous les ans de juillet à octobre, Negara est le théâtre de courses de chars spectaculaires. Peu fréquentées par les touristes, il faut trois heures de route depuis Denpasar, ces compétitions ont lieu quasiment tous les dimanches, avec en point d’orgue la Coupe du Bupati (le 4 août prochain) et la Coupe du Gouverneur (courant octobre). L’histoire de ces courses, mekepung en balinais, où deux équipages se mesurent sur près de deux Km, remonte au 19e siècle lorsque des fermiers de l’île de Madura sont venus s’installer dans cette région de Bali. A l’origine, ces courses se déroulaient dans les rizières pendant la période des semences, le conducteur se tenant debout sur la charrue. Populaire depuis les années 30, cet événement de l’ouest balinais a vu son règlement évolué.
Les charrues sont maintenant équipées de roues et la piste est en terre dure. Les jockeys sont répartis en deux équipes, l’une avec la bannière rouge, Ijo Gading Timur, l’autre avec la bannière verte, Ijo Gading Barat, du nom de la rivière qui scinde Negara entre l’est et l’ouest. Chaque équipe riveraine possède cent paires de buffles des rizières et va disputer à l’autre l’honneur de la victoire. Le circuit a la forme d’une piste de course à pied et n’offre de possibilités de dépassement qu’en mordant sur le bas côté en herbe où les spectateurs se pressent. Les chars passent à vive allure dans un nuage de poussière qui ne se dissipe que lorsque la paire suivante se profile à son tour. Inutile de dire que les exigences de sécurité sont minimales et que les conditions de traitement des buffles feraient sourciller plus d’un ami des bêtes… Le fouet du jockey est terminé par des clous et la croupe et l’anus de l’animal sont oints à la purée de piment avant le run, sans doute pour bénéficier de « l’effet turbo » ! Quand tous les concurrents sont passés, ils reprennent le circuit en sens inverse et on recommence le comptage des points par manche. Prix de l’entrée pour ce « Quarté Plus Maisons-Laffitte » balinais (des paris sont organisés plus ou moins discrètement), 1000 rp l’année dernière. Des variantes de cette tradition maduraise existent dans la région de Buleleng et bien sûr à Madura.
