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Le yoga comme moteur de l’ambition

L’éclectisme des passions et des activités de Meghan Pappenheim a sans doute été forgé par la diversité culturelle qui caractérise sa ville d’origine. Native de Manhattan, cette Américaine se dit souvent « limitée par le manque de stimulations intellectuelles et d’opportunités » qui détermine sa vie en Indonésie et avoue avoir besoin de revenir deux mois par an dans la Grosse Pomme pour se ressourcer. Meghan sait toutefois comment rester sereine, elle pratique le yoga depuis l’âge de 15 ans et est diplômée de « l’Alliance Yoga International » depuis 2002, année où elle a ouvert le studio Balispirit à Ubud.
Aujourd’hui en plein essor, le studio va être déplacé dans un espace plus grand, actuellement en construction « au milieu des rizières », précise-t-elle. Elle affirme être « à l’origine de la scène yoga à Bali » et affiche clairement ses ambitions en expliquant qu’Ubud va bientôt devenir l’axe principal de la pratique du yoga dans la région et « devancer les centres réputés de Koh Pha-Ngan en Thaïlande et Byron Bay en Australie ». Si les derniers attentats islamistes d’octobre 2005 ont quelque peu ralenti les activités du studio, Meghan reste confiante et rappelle qu’il n’y a pas moins de quarante centres de méditation et de retraite à Bali et que tous l’appellent pour les cours de yoga.

Prosélyte infatigable, elle affirme avec candeur: « Plus il y a de gens qui font du yoga, mieux c’est ». Les cours, basés sur le yoga vinyasa, mais aussi sur le plus classique yoga hatha, s’adressent aux débutants comme aux pratiquants chevronnés, et sont également doublés de cours de méditation kundalini. La fondatrice de Balispirit explique que les profs sont tous d’éminents spécialistes qui viennent du monde entier. Certains d’entre eux sont « très à l’aise avec le sanscrit » et peuvent donc « enseigner les mantras aux élèves en expliquant leur signification exacte », explique-t-elle. Meghan est en train de monter une école pour former des professeurs indonésiens et ainsi créer des emplois qualifiés à l’échelle locale.

Elle se décrit elle-même comme une « activiste » du réseau international du yoga et passe beaucoup de temps à faire la promotion de son centre « dans le monde entier », notamment au Japon, en Thaïlande, à Hong Kong, en Australie et aux Etats-Unis. Une boutique attenante au studio vend des produits dérivés, livres, vêtements, et toutes sortes de merchandisings liés au yoga. « Un moyen de faire de l’argent » car les cours ne sont pas encore assez rentables pour compenser les sommes dépensées dans la promotion du centre Balispirit, explique l’intéressée qui ajoute que « business et yoga ne sont pas contradictoires ».

Meghan Pappenheim est une authentique femme d’affaires à l’américaine. Avec son mari d’origine balinaise, elle gère un centre de yoga et méditation, un cours de danse, une boutique de yoga, une boutique de souvenirs et d’artisanat indonésien, une fabrique de meubles, un café restaurant avec un coin boutique et un site Internet qui fait le point sur toutes ses activités commerciales, mais aussi non commerciales. Les affaires florissantes de cette New-yorkaise servent en effet de point d’ancrage à des activités humanitaires. Elle réserve un espace de vente à Bali Cares, une coopérative qui vend des produits dont les bénéfices sont reversés à des ONG, un autre à la fondation IDEP, qui met en place des programmes de développement durable et un autre à la disposition de SOS, dédié à la sauvegarde des orangs-outans.

Meghan mesure aujourd’hui le chemin parcouru depuis ce premier voyage en 1992 qui l’avait mené de Bornéo à Bali en passant par Jogjakarta. Etudiante dans une école d’art, elle venait de passer plusieurs mois en Italie et débarqua en Malaisie à la recherche d’art primitif pour le compte du South East Asian Studies Institut. Son périple la mena finalement à Bali où elle fut accueillie dans une famille balinaise pendant quatre mois. L’interprète qui l’accompagna dans ses recherches deviendra son mari. Elle se souvient de cette époque comme d’une « expérience extrêmement positive » où elle idéalise son rapport à Bali. De retour à New York, elle travaille à l’Asia Society et sait déjà qu’elle reviendra à Bali pour s’y installer. Ce qu’elle fera deux ans plus tard avec 6000 dollars en poche et un projet de fabrication de cadres qui marchera pendant un certain temps.

Son café restaurant sert de point de rencontre à tous ceux qui sont à la recherche d’alternatives. Avant tout, les fervents du yoga, mais aussi tous ceux impliqués dans les activités new age. De la méditation aux soins paranormaux ou traditionnels, de la nourriture « bio » au feng shui jusqu’aux « soirées rituelles de méditation à la pleine lune particulièrement étudiées pour l’esprit occidental » comme le proclame de façon un peu impénétrable un prospectus… Plus prosaïquement, Meghan rappelle que son espace rassemble ceux qui cherchent une « vie saine et une alimentation équilibrée », que ce soit « des routards, des hippies, des familles d’Australiens ordinaires, des Japonais, ou des Européens ».
Elle constate avec satisfaction que son café restaurant est devenu « le point de ralliement » de la communauté d’expatriés d’Ubud et que la plupart d’entre eux « viennent pour le yoga ». Sa clientèle commence à être fidélisée, des gens viennent régulièrement du monde entier pour des stages de yoga « de une à deux semaines » et son projet ambitieux pourrait bien devenir réalité rapidement. Un bilan positif qui la conforte dans son choix et l’aide à oublier cette vie culturelle trépidante de New York qui lui manque tant. « Maintenant, je suis devenu hinjew », explique-t-elle en riant, moitie juive, moitie hindoue…

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