Tous les jeudis soirs à 20h00, TV7 nous propose une demi-heure de télé réalité, « Turis Dadakan », avec en principe de base de l’émission, cette idée selon laquelle le touriste est un homme providentiel, un homme par qui la vie de patachon devient possible. Pour ça, il suffit de l’accompagner… L’animateur est un Occidental habillé en touriste, appareil photo en bandoulière, qui part à la recherche d’un pauvre dans les quartiers déshérités pour lui proposer un week-end de rêve tous frais payés. Une camera à l’épaule filme le duo ainsi formé dans une épopée qui va durer deux jours et une nuit. Avant le départ en avion, notre animateur laisse de l’argent à l’épouse de l’heureux choisi et les voilà en route tous les deux pour l’aventure. Les sponsors, visibles de bout en bout, sont la justification première de ce programme et c’est bien sûr eux qui payent la virée.
C’est cependant le touriste occidental, cet homme providentiel, qui tire tout le prestige supposé de régler les frais, sous le déguisement de l’animateur. Notons que l’indonésien impeccable dans lequel s’expriment les différents animateurs occidentaux de « Turis Dadakan » fait d’eux tout sauf des touristes. Les téléspectateurs se moquent de ce détail et sont tout à leur joie de voir le plouc du kampung évoluer avec maladresse dans l’univers luxueux des étrangers. Il enlève ses sandales sur la passerelle qui le mène à l’avion, ou bien mange la garniture qui décore son cocktail de bienvenue à l’hôtel. Au programme, il aura encore shopping à volonté, séance de massages et jacuzzi, soirée salsa ou partie de golf. Bref, la belle vie des Occidentaux et l’occasion de se moquer de lui à chaque rebondissement de l’émission qu’on devine plus scénarisée que spontanée tellement les gags sont énormes. Le malaise nous gagne très vite et des réflexions nous submergent devant cette vision caricaturale des rapports entre Indonésiens et étrangers. Une certaine élite de l’audiovisuel de Jakarta, au solide pouvoir d’achat, en fait ses choux gras et programme une émission qui dépeint l’Indonésien moyen comme un rustre sans manières et l’étranger comme un portefeuille sur pattes toujours prêt à débourser. Et les sponsors suivent, comme le Français Novotel, partenaire de l’émission…
