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Le sourire magique des Indonésiens

Récemment j’ai pris l’avion pour rentrer en France. A côté de moi était assis un jeune homme asiatique au visage fermé. J’ai pensé qu’il était Thaï, Malaisien ou de je ne sais trop quel pays. Son silence rendait le voyage encore plus longuet. Vers la fin mon voisin est sorti se dégourdir les jambes puis, à son retour, il m’a fait un sourire qui m’a fait m’exclamer direct « Orang Indonesia !? » à quoi il a hoché la tête. De face j’ai même deviné qu’il était Balinais – c’est un coup d’œil à prendre.

C’est étonnant comme le sourire indonésien est reconnaissable – un sourire plein de gentillesse, de patience, de gaieté, de candeur, d’humour et d’ouverture d’esprit. Un sourire enfantin éclairant un visage d’adulte, un sourire magique. Un sourire à la Jokowi (euh, je n’ai pas dit qu’il était le messie non plus !). Eh oui, rien que ça ! Parce que vous croyiez, vous, que c’était à cause des plages et des paysages tropicaux que vous avez été attirés par Bali ? Il y en a des plus beaux ailleurs! Mais des visages rayonnants comme ça…

Nous avons bavardé le restant du voyage. Made travaille sur des navires de croisière comme beaucoup de ses compatriotes. Il est vrai que les Indonésiens sont un peuple très doué pour la vie en collectivité (ils arrivent même à me supporter, c’est dire) et savent se mouvoir dans un groupe sans se bousculer. Et ils sont serviables – parfois trop même ! Bref, ce Made rentrait à sa base, à Miami, après son congé de Nyepi et avait le visage triste et préoccupé simplement parce qu’il n’allait pas revoir les siens pendant sept mois.

Quelques jours plus tard, je suis descendue de Paris à Montpellier et, dans un supermarché, je remarque un vendeur asiatique aux cheveux longs. C’est lorsqu’il m’a souri que ça a fait tilt : « Orang Indonesia ?! » et il a ri, surpris. C’était un Javanais et j’ai encore pu practiser mon bahasa indonesia un petit coup. Le lendemain dans le même magasin je repère encore un autre employé indonésien. Un copain. De Sumatra ce coup-ci. Sourire moins naïf quand même. Enfin je ne sais plus, j’étais partie pour vous parler sourires mais ces types m’ont appris qu’il y a toute une communauté indonésienne à Montpellier (ville ensoleillée où les gens se parlent encore) et qu’ils se réunissent le 27 de ce mois-ci. Dommage, je serai déjà rentrée à Bali m’imprégner encore de cette atmosphère magique qui me chuchote que dans la vie tout est possible. Mais on ne peut quand même pas être partout à la fois !

Ce mois-ci, réduction électorale : deux billets pour le prix d’un ! 

Souvenirs d’une âpre bataille électorale

Mon souvenir le plus vif restera celui de cette militante pour le candidat Prabowo, Ratna S., qui s’est exposée aux yeux du pays entier avec son visage bouffi et tuméfié suite à, disait-elle,  s’être fait attaquer par des partisans de Jokowi, le candidat opposant et Président sortant. En fait, il s’est avéré que cette femme d’un certain âge, voilée, et d’apparence respectable, s’était fait botoxer et que le résultat n’était pas très réussi ! Si cela a rendu cette Ibu célèbre pour la postérité cela n’a pas fait de pub à son chirurgien esthétique ni non plus pour le candidat Prabowo, cela a montré ces personnages grimaçants et menteurs et la télévision s’est fait un plaisir de relayer cette histoire ridicule en boucle. « Une grand-mère, mentir comme ça à son âge, quel exemple ! » s’est exclamé un Indonésien à côté de moi. Au moins on a tous bien rigolé.

Dans ma chaumière à moi mon chéri hésitait malheureusement sans fin entre les deux candidats. Une partie de ses amis et de sa famille votait pour l’un, l’autre partie votait pour l’autre. Yoyok était assez angoissé, me disant : « Il y a des gens qui étaient amis depuis la maternelle et qui se brouillent à cause de ces élections ! ». Il craignait aussi une guerre civile après le dépouillement des bulletins.

Je lui ai dit que je ne m’y connaissais pas vraiment en politique mais que quasiment tous les Indonésiens intelligents et éduqués de ma connaissance votaient pour Jokowi – aussi simple que ça !

Finalement mon chéri, qui, très franc, n’est pas capable de dire qu’il a voté pour l’un alors qu’il a voté pour l’autre, a trouvé une solution très indonésienne pour ne se fâcher avec aucun ami de longue date ou récent : il s’est débrouillé pour arriver en retard, quand le bureau de vite avait fermé. C’est pas mignon, ça ? Eh oui, beaucoup d’Indonésiens ont encore du mal à assumer leurs choix.

Quant à ma femme de ménage, Nyoman, que j’ai revue à mon retour de France deux semaines après les élections, je lui ai demandé : « Alors, contente que ce soit Jokowi ? », en sachant que la grande majorité des Balinais avaient voté pour lui. Surprise, elle m’a répondu : « Ah bon c’est lui qui a gagné ? » . Elle n’avait pas encore percuté car, ayant entendu sur Youtube que c’était Prabowo le vainqueur, dégoûtée, elle n’a pas cherché à en savoir davantage. Pour la conscientisation politique certains ont encore quelques progrès à faire !

Nancy Causse

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