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Le riz indonésien, high-tech et connecté, avec Hara

Par Meryam El Yousfi

Qui aurait pu imaginer que la riziculture -l’une des pratiques les plus anciennes et importantes de l’archipel-  puisse trouver son renouveau et sa pérennité dans les nouvelles technologies ? Et c’est pourtant bien la mission que s’est donnée Hara (“nutriments” en indonésien) : une entreprise du monde numérique, basée à Jakarta. Voici quelques explications… pour séparer le bon grain de l’ivraie et comprendre ce fascinant projet ainsi que la technologie sur laquelle il repose.

C’est  l’histoire d’une rencontre atypique, ou quand grains de riz, canards et engrais interagissent avec la technologie du « blockchain », le « cloud »  et les monnaies numériques. Un univers et une terminologie encore méconnus ou mal compris par le grand public, et qui est en train de s’attaquer à l’une  des arlésiennes de l’archipel.

En effet, le manque de données fiables concernant la culture du riz est un problème récurrent en Indonésie. Le Ministre de l’Agriculture a même récemment déclaré qu’il fallait créer, dans le trimestre à venir,  une banque de données unique pour harmoniser les différents chiffres qui circulent à travers différentes agences étatiques. 

Alors  pour mettre fin à cette information erronée, pourquoi ne pas regarder du côté de la start-up Hara (lancée en 2015 dans l’archipel) qui se propose d’utiliser la technologie des blockchain afin de collecter et transmettre les données des acteurs de ce marché, à la source desquelles : les fermiers.  Tous ces éléments – variés et précis- détaillent ainsi : l’état des terres et ce qui y est semé, les maladies parasitaires pouvant les affecter, les produits phytosanitaires utilisés, le processus de culture, et même jusqu’aux rendements chiffrés des récoltes. Sans oublier les titres de propriété, les transactions, cours et ventes de riz.

Le fondateur – Regi Wahyu – explique que l’objectif premier est d’améliorer les conditions de vie des riziculteurs.  « Nous voulons donner accès aux petits propriétaires ruraux à des biens agricoles, des modes de financement et des assurances pour leurs récoltes. La clef ? La disponibilité de données précises et transparentes  permettant aux riziculteurs d’obtenir des prêts pour financer leur production ».

Cette entreprise innovante met ainsi en relation 4 types d’acteurs : 

– les fermiers et les entreprises de données satellites, émetteurs de données rizicoles. 

– plusieurs centaines d’agents de terrain -formés par Hara- collectant et validant la conformité des informations.

– des organismes agroalimentaires, banques et assureurs, toujours en quête de données fiables pour ajuster divers tarifs et produits (cours du riz, engrais et produits phytosanitaires, contrat d’assurance et prêts ..).

– des institutions scientifiques ayant le souhait d’analyser, décrypter et donner de la perspective aux informations transmises. 

Et pour se faire, toutes ces transactions sont émises, transmises et stockées via un grand registre virtuel numérique appelé Blockchain (voir schéma ci-contre/ci-dessous) dont l’avantage et de crypter les données pour les sécuriser mais aussi d’assurer la transparence de l’information qui est vérifiable par ses différents acteurs.

Une grande technicité bien masquée derrière un processus finalement classique pour chacun des maillons… La raison ? “La meilleure technologie au monde est inutile si personne ne sait comment l’utiliser ou si les inventeurs ne savent pas comment l’intégrer dans le quotidien des gens de la manière la plus simple qui soit ” Imron Zuhri, Directeur Technique d’Hara.

27 000 agriculteurs (riz et maïs) font déjà parti du système, à Java Est, et utilisent ainsi l’application Hara. Plus l’information partagée est importante et détaillée, plus le fermier obtient de points pour des réductions comme sur des produits agricoles de premières nécessité par exemple.

Une levée de fonds de 5 millions est prévue pour l’année prochaine . L’entreprise affiche donc d’importantes ambitions en souhaitant implanter le système auprès des 34 millions d’agriculteurs du pays mais déploie également son sytème à l’étranger, comme en Ouganda, au Vietnam ou en Thaïlande où la problématique agricole est assez similaire aux problèmes des petits riziculteurs indonésiens.

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