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Le playboy indonésien est cultivé

A street vendor sells first copies of a local version of Playboy magazine in Jakarta April 7, 2006. An Indonesian publisher launched a local version of the racy magazine despite growing protests from conservative Muslim groups and nationalist politicians on Friday. REUTERS/Supri

Il est enfin sorti et il nous a surpris. Non pas parce que les playmates ne sont pas très déshabillées, on nous avait prévenus et il aurait été suicidaire qu’elles le soient, mais parce que les articles de cette première édition du Playboy Indonesia sont d’une excellente tenue journalistique. Il est même rare de lire dans la presse indonésienne des articles de cette envergure avec une ligne éditoriale aussi courageuse. Jugez plutôt. On trouve un dossier sur le Timor Oriental, alors que cette ancienne province devenue indépendante vient juste de déposer aux Nations-Unies un rapport sur les exactions indonésiennes commises pendant 25 ans d’occupation, et qui porte le titre « Oublier l’Indonésie ». Vient ensuite l’interview du mois avec Pramoedya Ananta Toer, le plus grand écrivain indonésien, ouvertement athée, plusieurs fois nobélisable, forcé au bagne pendant près de 15 ans par Suharto et qui fait le point sur sa vie de combat. Une phrase en exergue dit à quel point il estime que les militaires indonésiens ne sont qu’un « groupe armé tout juste bon à mater les civil, en cas de guerre, ils iraient se planquer en vitesse ».

Ca continue avec une interview de Jamie Aditya, ancien VJ de MTV Asia, acteur très talentueux au discours toujours provocateur et plein d’humour, puis avec un reportage photos en noir et blanc sur les enfants battus, un vrai problème en Indonésie qui commence à trouver écho dans les medias. Enfin, dernier dossier important, un article passionnant sur les religions interdites dans ce pays. Les militants du FPI (Front des Défenseurs de l’Islam) sont bien sûr restés hermétiques à ce contenu rédactionnel de qualité et ont saccagé les locaux du magazine au lendemain de sa sortie, comme promis. Une fois encore, ils n’ont eu aucun compte à rendre à la justice. Saluons le courage de la rédaction de Playboy Indonesia, qui fait curieusement de nombreuses références aux figures de la contre-culture des années 60, Allen Ginsberg, Andy Warhol, Timothy Leary, John Lennon, ou encore Albert Hoffman, le découvreur du LSD, tout au long des pages de cette première édition historique. Peut-être pour nous rappeler un axiome que le monde occidental avait découvert pendant ces années-la, à savoir « que le sexe est politique ».

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