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Le petit prince fait reluire les stars

Il était une fois, dans un petit village des bords du lac Toba, un pauvre tailleur qui travaillait dur pour nourrir sa famille. Et il cousait, cousait… Pour ses sept enfants, pas question de couture, ce métier de crève-la-faim !

Jakarta, mai 2007. « Je ne sais pas coudre. Je ne sais ni faire un patron, ni dessiner », avoue avec un grand sourire Raden Sirait, 37 ans, le petit dernier des enfants du tailleur, aujourd’hui à la tête des quelques cent salariés de la maison Luire (Jakarta, Yogya, Bali). « Mon père nous a endoctrinés : l’école, il n’y avait que ça ». Pas de design pour le petit prince (Raden). Son destin ? Premier de la classe, et tous les ans, s’il vous plaît : au sortir d’une école de village, c’est le seul moyen d’être admis sans concours à l’institut agronomique de Bogor. Mais la famille s’est endettée pour payer les frais de scolarité. Diplôme en poche, Raden entre au siège d’une grande banque de Jakarta, comme spécialiste en agro-business. C’est là que la couture le rattrape.

« Je n’avais pas un sou, mais je faisais les boutiques avec mes collègues, à Senayan ou Plaza Indonesia : Versace, Gucci, Prada... ». Même après deux ans de formation continue et une réorientation dans le marketing multi-level, Raden ne se sent pas à sa place. Il en discute avec sa grande soeur Rospita qui, « elle, était douée pour la couture ». Et ils se lancent. Rospita apprend le dessin, Raden travaille de jour pour la banque et rêve ses modèles de nuit, combine les matières, les formes, les couleurs… Autodidacte, et fier de l’être. « J’ai appris en faisant des erreurs. Et tu vois ? Pas de patron. Le patron est dans ma tête ! ». En 95, il a vendu sa première jupe 5000 roupies. Dix ans plus tard, il crée des robes pour les stars et les Miss… La chance ? Moue dubitative. « Les occasions, nous en avons tous. Mais il faut savoir les saisir. KDI (La « Star Ac’ » de la musique dangdut – ndlr) a peut-être appelé des tas d’autres couturiers, mais moi, j’étais prêt à les suivre sur les 32 semaines ».

Depuis 2005, le téléphone sonne suffisamment pour que Raden se consacre à plein temps à son rêve de paillettes. Le nom de sa collection, Luire, sort d’un dictionnaire de français. Personne n’arrive à le prononcer correctement. « Pas même moi », sourit-il. Mais Paris, c’est « couture », et ça brille… « Depuis toujours, je vise le niveau mondial ». La recette du succès, c’est le bouche à oreille, de kebaya en kebaya, sa spécialité, même s’il crée aussi des robes du soir et du prêt-à-porter. Son expérience de manager compte aussi, bien sûr : il n’est que de le voir virevoltant pour séduire ses clientes (« Osez, osez ! Si vous ne voulez pas être trendsetter, ne venez pas chez moi ») ou activer les petites mains de l’atelier, au rez-de-chaussée de la maison familiale. Ses projets ? La scène internationale, d’abord, une école de mode, à la mémoire du petit tailleur Batak ? Et puis, à l’horizon 2010, un défilé géant et un livre, pour le lancement de sa collection de prestige. Parce que « la vie commence à 40 ans ! ».

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