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Le martin-pêcheur, la merveille volante de Bali

Je vis à Sukawati, au sud-est de Bali, et je passe une bonne partie de mon temps libre à traîner dans les rizières et le long de la rivière près de chez moi à l’affût de la vie sauvage. La plupart du temps, je rentre sans avoir vu grand chose, mais une chose est sûre, j’aurai au moins vu à chaque fois, ne serait-ce que brièvement, un martin-pêcheur. Accompagnées de puissants cris qui résonnent en écho le long de la vallée, une ou deux brillantes formes bleutées volent avec rapidité au-dessus de la rivière. Effrayés par mon approche, ces oiseaux craintifs se réfugient rapidement dans le rassurant sous-bois en contrebas…

Avec leurs couleurs claires et vives et leurs plumes d’un bleu métallique, les martins-pêcheurs sont facilement reconnaissables d’autant qu’ils sont omniprésents dans les rizières, les rivières et les forêts de Bali. On les repère souvent sur les fils téléphoniques le long des routes qui coupent les champs, leurs yeux perçants à la recherche de nourriture. Et ils se rendent on ne peut plus visibles lorsqu’ils déploient leur miroitant plumage en volant, leurs ailes battant avec rapidité. Plusieurs espèces sont également présentes sur les côtes, particulièrement dans les mangroves du sud et du nord-ouest de Bali.

D’après leur nom, on pourrait croire qu’ils ne vivent que de la pêche ou de créatures aquatiques mais certains se nourrissent aussi d’insectes, de grenouilles, de lézards et d’autres petits animaux. La petite mare de mon jardin est donc visitée régulièrement par ces oiseaux qui convoitent avec envie les poissons qui y prospèrent. Les martins-pêcheurs font leur nid sur les berges des rivières et dans les creux des troncs d’arbre. Ils pondent de deux à sept œufs, selon l’espèce, et certaines se reproduisent tout au long de l’année.

Les noms indonésiens du martin-pêcheur sont burung udang (oiseau crevette), raja udang (roi des crevettes) ou cekakak, tout cela nous donnant des indications sur leurs habitudes alimentaires et leurs cris. Et n’importe quel oiseau qui fait des raids contre les bassins d’élevage de crevettes sera bien évidemment perçu comme une nuisance… A l’échelle de la planète, les martins-pêcheurs ont une répartition très large allant des tropiques à des contrées plus fraîches et tempérées du globe. Les Australiens connaissent bien l’iconique kookabura, qui appartient aussi à l’espèce des martins-pêcheurs. Une autre famille d’origine australienne, c’est le martin-pêcheur sacré (Halcyon cyanoventris) qui migre chaque année vers l’Indonésie. 13 espèces de martins-pêcheurs sont répertoriées à Java et Bali, dont huit ici, bien que certaines soient très rares, voire éteintes désormais.

De la fenêtre de ma chambre, j’avais l’habitude de voir un grand martin-pêcheur de Java (Halcyon cyanoventris), avec son grand bec rouge brillant, perché sur un arbre proche dans les rizières. Malheureusement, un jour, l’arbre a été abattu, laissant une souche mal taillée, empêchant ainsi l’oiseau d’occuper son point de vue stratégique au-dessus de l’eau et me privant de mon plaisir de l’observer. Cette espèce est endémique de Java et Bali, on ne le trouve nulle part ailleurs.

A l’occasion, la vie sauvage s’invite à la maison. C’était vers l’heure du déjeuner, alors que j’étais assis à mon ordinateur, j’ai entendu un violent bruit de collision contre la fenêtre de mon living room. Dans une posture désordonnée se trouvait sur le sol un jeune martin-pêcheur sonné par le choc qu’il venait de recevoir après sa collision avec les rideaux. Il ne s’est pas débattu lorsque je l’ai ramassé gentiment, mais se mit à cligner des yeux comme s’il était groggy. En retrouvant ses sens, il se mit à se débattre violemment dans mes mains et je découvris ainsi à quel point son bec était puissant et coupant.

Lors d’une visite au Parc national de Bali-ouest, j’ai eu la chance de voir le très joli martin-pêcheur à dos roux (Ceyx rufidorsus). Accompagné par un des gardes-forestiers, nous ne parcourûmes qu’une petite distance depuis leur bureau, le long de la route qui coupe le parc d’est en ouest. Nous marchâmes quelques centaines de mètres de plus dans la forêt, le long d’un lit de rivière asséchée. Là, nous attendîmes, et cela ne dura pas bien longtemps avant que notre guide ne pointa son doigt en direction de la canopée feuillue. Perché délicatement sur une branche fine se tenait le petit martin-pêcheur.
Il disparut presque instantanément mais réapparut aussi vite au même endroit. Avec des jumelles, sa splendeur se révélait dans la lumière basse, bien qu’il fit trop sombre pour prendre une photo. J’avoue ne pas être trop passionné par les oiseaux – reptiles et invertébrés attirant plus facilement mon attention – mais à cette occasion, je fus très heureux d’admirer cette merveille volante de la jungle.

Bien qu’ils soient très attrayants, ils ne font pas de bon oiseaux en cage et leur chant rugueux est loin d’être mélodique ! On en voit cependant de temps en temps au marché aux oiseaux. Les gens les attrapent et les revendent comme ça se présente, sans considération pour leur rareté ou leur incapacité à vivre en captivité. Il est courant de voir des spécimens mis en cage qui ne survivront que quelques jours avant de mourir misérablement. Sinon, d’autres espèces qui sont perçues comme des nuisances pour les récoltes ou les bassins d’élevage seront tout simplement capturées et vendues pour s’en débarrasser. Plus vers l’Est de l’Indonésie, les cacatoès qui sont réputés pour être de redoutables nuisibles dans les champs de mais, ont souffert de cet état de fait, même si, en ce qui les concerne, ils ont la réputation de pouvoir vivre jusqu’à 50 ans en cage.

Afin d’en savoir plus sur les martins-pêcheurs et autres volatiles de Bali, je vous recommande le livre de Victor Mason « Birds of Bali ». Avec ses descriptions passionnées et détaillées et les anecdotes de Victor ainsi que les illustrations soignées de Frank Jarvis, cet ouvrage de 1989 est désormais épuisé mais ça vaut le coup de le chercher en livre d’occasion. Autrement, quiconque intéressé par les oiseaux de Bali et qui souhaite être guidé par des spécialistes doit absolument contacter Su, avec qui Victor Mason a organisé des « Bali bird walks » pendant des années ([www.balibirdwalk.com->www.balibirdwalk.com]).

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