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Le cadre qui rend nos enfants heureux

Lundi matin, à la porte de ma classe, j’accueille mes élèves. Théo, 4 ans, est en larmes parce qu’il ne veut pas entrer. Etonnée par ce comportement inhabituel, j’apprends que Théo vient de passer un week-end fantastique avec ses cousins fraîchement arrivés en vacances et qu’il ne voulait pas les quitter ce matin pour venir à l’école. Rassurée, je m’assoie auprès de Théo et lui explique posément qu’il va passer du bon temps avec ses copains en classe ce matin et qu’il retrouvera ses cousins à midi. L’argument fait sens, et Théo, comprenant qu’il est en train de « perdre la partie », se met à pleurer de plus belle. Sa maman s’accroche à lui comme à une bouée de sauvetage, elle semble souffrir physiquement des pleurs de son fils. Je me sens désolée pour elle et j’essaie de la rassurer aussi quand, à ma grande consternation, je l’entends dire à l’enfant, « Nous rentrons à la maison, si tu ne veux pas aller à l’école, après tout, c’est ton choix et nous devons le respecter ! »

Il faudra des mois à Théo pour oublier cette « contre-leçon ». Ses cousins seront partis depuis longtemps qu’il continuera à faire des crises chaque matin et sa maman, complètement dépassée, viendra à plusieurs reprises me demander conseil. Un enfant de 4 ans n’a absolument pas la capacité de comprendre l’intérêt de quitter le doux cocon familial chaque matin et il se sent trahi si on lui laisse le choix un jour pour le lui nier ensuite. La maman de Théo n’est pas une « mauvaise maman », elle fait tout simplement partie de cette nouvelle génération de parents, mieux renseignée sur les questions d’éducation, mais qui semble avoir une interprétation erronée sur ce qu’est l’autorité d’une part, l’amour et la compassion de l’autre, comme si ces deux aspects parentaux s’excluaient mutuellement.

Avec cette nouvelle mode de « discipline positive  », les parents de Bali ou d’ailleurs, sont de plus en plus encouragés à faire copain-copain avec leurs enfants, à leur laisser systématiquement le choix et la possibilité de négocier. Malheureusement, la capacité d’embrasser liberté, choix et négociation évolue avec la maturité de l’enfant, et si cette maturité n’est pas prise en compte, on ne fait qu’accentuer le sentiment d’insécurité de celui que nous voulons pourtant protéger. Vous viendrait-il à l’idée, par grande chaleur, de demander à votre enfant de 18 mois s’il préfère sauter dans la piscine ou rester à l’ombre ? Pourtant une telle question vous semble appropriée si votre enfant a 10 ans. A 4 ans, Théo est à même de choisir entre manger des coquillettes ou de la purée, certainement pas de comprendre l’intérêt d’aller à l’école ou pas.

Plusieurs études ont été menées, dans différents pays et dans différentes cultures, et toutes s’accordent à avancer que des limites claires et des figures parentales bien définies sont nécessaires au bien-être de nos enfants. En 2009, le Britain Institute of Education a publié une étude impliquant 12 500 familles et enfants. La conclusion de cette étude est que les enfants dont les parents appliquent des règles de discipline claires tout en étant chaleureux et à l’écoute, ont de meilleurs résultats scolaires, de la maternelle au lycée, ont moins de problèmes comportementaux et une meilleure estime de soi. Devenus adolescents, ils maintiennent des relations positives de respect et de confiance avec leurs parents et la transition vers l’autonomie se fait plus en douceur.

Notre rôle dans la vie de nos enfants, c’est d’être leurs parents, certainement pas leurs copains. Il est très important de ne jamais oublier qui est responsable du bien-être de l’autre. C’est le seul moyen de leur donner une base solide de sécurité à partir de laquelle ils pourront petit à petit explorer le monde.

Lidia Olivieri
éducatrice Montessori

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