Parmi les commentaires aussi di-di-dithyrambiques que parfumés que l’on entend ordinairement à propos des Balinais « dont la gentillesse se lit sur le visage » s’en glissent parfois d’autres, moins élogieux, qui affirment qu’en réalité, ils n’en ont rien à faire de nous et que nous ne sommes que des portefeuilles pour eux. Oups ! C’est d’autant plus regrettable quand c’est la conclusion d’un expat de longue date comme j’ai pu lire récemment sur l’Internet.
Je repense à une anecdote qu’on m’avait racontée sur un Français qui était tombé raide amoureux d’une ravissante Javanaise en boîte de nuit malgré les mises en garde de ses copains. Cette créature de rêve sélectionnait les plats les plus onéreux sur le menu sans doute pour évaluer les moyens de cet homme et sa générosité. L’histoire a tourné court le jour où, se réveillant d’une sieste crapuleuse, il a surpris la Femme de Sa Vie en train de lui faire les poches. En un clin d’œil la garce fut trainée jusqu’au poste de police où elle s’est justifiée d’un candide : « Mais je lui ai donné good servis ! ».
Et voilà, le mot est lâché ! Sincères ou non, les Indonésiens nous rendent toutes sortes de services – et pas toujours en nature ! Ils sont même particulièrement doués pour anticiper nos désirs.
Mais une chose est sûre : nous, les bule, on passera après leur famille et leur communauté. Si l’on fait partie de leur vie, il y aura toujours quelqu’un pour les culpabiliser d’être des vendu(e)s. Alors ce n’est pas que votre Putu ne vous aime pas d’un amour sincère mais il/elle subit de la part de ses pairs une pression constante qui n’est pas sans rappeler l’érosion des rochers par l’océan. Même en notre présence, famille, potes ou voisins lui susurrent en langue locale des « tu nous négliges/ tu te la pètes depuis que t’es avec ton/ta bule »…avec le sourire ! Et, comme ici, en cas de problème familial, mettre la main au portefeuille est un must, il ne faut pas s’étonner si nous aussi, leurs dévoués bule, on se retrouve parfois à faire chauffer notre carte de crédit à l’insu de notre plein gré !
Mais en échange, ils nous rendront des tas de services. Et, dans une certaine mesure, qu’est-ce que l’amour sinon des preuves d’amour ? Après tout, les psychologues ne recommandent-ils pas aux femmes, qui sont souvent à l’affût de preuves d’amour de leur ours de mari, d’observer ce qu’ils font pour elles plutôt que ce qu’ils disent ? A cet égard, je dirai que les Indonésiens baratinent peu mais font beaucoup. Mais non, je plaisante : gardons toujours un œil ouvert !
