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Le Bale : un art de vivre

Les Asiatiques et les Balinais en particulier aiment se grouper, s’asseoir et discuter. Pour ce faire, ils construisent dans un endroit central mais discret de leur compound*, un immense lit surélevé sur pilotis, couvert d’un toit en alang-alang** et ouvert sur ses 4 côtés : le « Bale ». C’est l’endroit où ils discutent de tout : affaires, amours, familles, actualité.
Etant installée depuis quelques années déjà à Seminyak avec ma nombreuse famille, j’avais finalement décidé de faire construire moi aussi un « Bale » dans mon jardin. Large de 2.50 mètres et long de 5, il peut facilement accueillir une dizaine de personnes. On s’y assoit les jambes pendantes en rangs d’oignons, ou bien en tailleur et en cercle, ou encore on s’y vautre à la romaine parmi des coussins colorés et moelleux. Stratégiquement placé, il domine la piscine et est à distance presque égale des bungalows qui composent le compound. Ainsi, les membres de la famille, les amis, les invités, le personnel et les voisins-voisines s’arrêtent forcément chaque jour un moment au Bale – incontournable.
Je laisse habituellement traîner sur le Bale les journaux locaux (dont la Gazette de Bali), les magazines qui viennent de France, des jeux de cartes, un lecteur MP3 et en dessous, entre ses pilotis, on y range les crèmes à bronzer, les bouées et les jouets des enfants. On y sirote le café du matin face au soleil qui se lève entre les feuilles de l’arbre du voyageur, les jus frais toute la journée à l’ombre fraîche de son toit, la bière au crépuscule et du bon vin la nuit à la lumière tremblante des photophores. Les gens viennent, repartent, les groupes se font, se défont, se modifient.
La magie Balinaise opère alors et les discussions s’engagent dans les multiples langages parlés par tous ceux-là. L’information, les potins et les ragots circulent à une vitesse infernale – Internet tiens-toi bien ! Car si on y parle du mariage de Wayan, de la naissance de Krisna ou des mauvaises notes de Jules, on y parle aussi pétrole, tsunami, Irak et Nouvelle-Orléans. De discussions en disputes, il n’y a qu’un pas et les esprits s’échauffent parfois sous le Bale. Carrefour d’idées, la Bale est aussi le lieu des décisions importantes. Les études des enfants, les projets de vacances et les achats important se finalisent toujours là.
Voila comment le Bale balinais est devenu un Bale français et même international. Endroit de réunions, de discussions, de farniente, de jeux et finalement de vie il fait partie intégrale de la maison et de notre art de vivre « à la Balinaise ». Si vous vous installez à Bali, ou si vous y vivez déjà, optez pour ce merveilleux lieu de communication toujours ouvert et prêt à accueillir ceux qui passent sous son toit et qui s’y assoient. Ils ont forcément quelque chose à vous raconter.

* Le compound balinais est un groupement de petites maisons encerclées d’un mur délimitant les habitations d’une famille élargie (grands-parents, parents, enfants, cousins proches). Seuls, la cuisine et le Bale sont communs a tous.
** Alang-alang = sorte de chaume

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