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L’AMOUR A LA PLAGE

Non, ce n’est pas encore Omaha Beach, ni le débarquement de 45, mais en 2018, sur les plages de Bali, c’est la guerre ! Finis les orteils en éventail: entre pâtés de sable et moule-bites, l’élevage de mouettes en batterie a pris le pouvoir ! Ecosysteme ou loi littoral ? Mortiers et bétonneuses s’en moquent! La transformation des derniers hectomètres de plages sauvages en beach clubs plus ou moins reussis est en marche, camarade ! Car loin d’avoir des crabes dans les poches, ces malins du business ont compris que ces établissements avaient un spectre d’exploitation large: de tôt le matin à tard dans la nuit. En attendant les méga-projets, comme la version “beach”du Skygarden ou la construction du très hispanique Café Del Mar, voici que s’échouent un peu partout sur nos rivages préférés, ces temples d’un type nouveau, où l’on célèbre divers rituels païens: petit déj’ gluten free, brunchs avec vue, concours de bronzage en string, sunsets mystiques, apéros chics, diners sous les étoiles ou beach parties endiablées. Après Omnia, Ulu Cliffhouse, Finns Club, El Kabron ou Karma Beach, voici la deuxième salve: Alila et ses programmations musicales vaseuses, Ibiza in Bali ou l’installation houleuse des Baléares à Jimbaran, le très laid Tropicola, joyau architectural et clin d’oeil à la piscine municipale de Bourg-en-Bresse ou encore La Brisa et son concept “coquillages-chic” à mi-chemin entre Bob l’Eponge et le Pirate des Caraibes. Et en attendant la reprise probable du désertique LV8 par OMNIA. Quand les gros poissons se battent entre eux, les crevettes se sentent tranquilles. Une multitude de petits bars de plage ont poussé comme des psylos sur les bouses de vaches: Laizan, Kokoloko, Brekele, The Shack pour ne citer qu’eux, proposent des versions plus prolétariennes du rêve américain. Petits coups de coeur tout de même pour le nouveau 707, qui a enfin quitté son terrain vague et ses odeurs de poubelles pour se rapprocher de la concurrence et le très reussi Tukan Beach a Berawa,et son French flair musical et gastronomique.

Coté dancefloor l’ambiance est insolite: fini les“ce dj est trop bon”ou“tu crois que ce sont des Louboutins ?” fréquents en clubs. Dorénavant on danse en subissant pèle-mèle:“passe-moi la crème solaire”, “Elle est super bonne quand on est dedans”, “Bien sûr que je peux nager jusqu’à la bouée, mais là je viens de manger”, “C’est des vrais ou des faux à ton avis ?”, “Comme il se la pète le surfer, ça va moi aussi je peux le faire”. “Tu veux mes yeux ? Elle doit avoir 15 ans espèce de porc !”, “Oublie pas de te mouiller la nuque!”, “Avec les poils qu’il a au dos j’aimerais pas voir sa raie du cul à celui-là” ou surtout le très classique: “On est pas bien là ?”

Mais attention qu’un grain de sable ne vienne enrayer cette machine infernale. Alors que la saison des pluies approche, qu’adviendra-t-il de ces lieux qui misent tout sur le concept du “plein air”? Car, en matière de mer, comme dit le vieux sage breton:
– Goéland qui se gratte le gland, signe de mauvais temps.
– Goéland qui se gratte le cul, il ne fera pas beau non plus !

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