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La mante religieuse est un sacré prédateur

Un soir, alors que je tapais sur mon clavier au bureau, un insecte volumineux est entré par la fenêtre et a atterri sur le rideau près de ma lampe de travail. Là, il a commencé à attraper et dévorer de petits criquets et des mouches qui étaient aussi attirés par la lumière. Il s’agissait d’une mante religieuse, un prédateur courant à Bali. Je me suis approché pour la prendre en photo et j’ai été littéralement fasciné lorsque la créature a tourné sa tête vers moi. A l’instar de certaines araignées, les mantidés ont de très grands yeux pointant vers l’avant qui leur donne une excellente vision binoculaire et elle tournent toujours leur tête ainsi vers quiconque s’approche d’elles. Se retrouver scruté par un insecte de cette façon apparemment « intelligente » a quelque chose de déconcertant pour un humain.

En anglais, ces insectes sont appelés « Praying Mantids » en raison de la façon dont ils tiennent leurs pattes avant dans une position qui rappelle la prière. En fait, leur comportement n’a rien de religieux, ils sont d’actifs chasseurs et mangent quasiment n’importe quel animal plus petit qu’eux. Utilisant leurs pattes avant bardées de picots, ils attaquent avec rapidité les proies en mouvement et les dévorent vivantes en les maintenant avec fermeté. Les parties vraiment dures de leurs victimes qui ne peuvent être mastiquées sont recrachées.

Les femelles ont la réputation de manger les mâles. Ces derniers sont habituellement plus petits et plus fins que les femelles. Un mâle doit approcher sa partenaire très lentement et avec précaution avant de sauter sur son dos pour la copulation. Ce qui se passe ensuite est remarquable et, bien que j’ai eu plein de mantes en ma possession, je ne l’ai observé qu’une fois. A l’occasion donc, une fois que le mâle a engagé le rapport sexuel, la femelle se retourne, attrape sa tête par dessus elle et commence à le manger. Elle continuera ainsi en avalant le thorax, puis l’abdomen, guidant toutes les parties de son amant, dont les jambes, vers sa bouche avec ses pattes avant. Pendant ce temps, la partie basse du corps du malheureux continue les mouvements de va-et-vient et l’inonde de semence. Il est en train d’accomplir sa mission et ne se débat même pas alors qu’il est dévoré vivant.

La mante trouvera ensuite un endroit tranquille pour déposer ses œufs. Ils sont protégés par une masse mousseuse appelée oothèque qui se solidifiera comme une meringue. J’ai eu une fois une mante qui avait déposé son oothèque sur les rideaux de ma chambre et j’ai dû prier ma mère de ne pas l’enlever lorsqu’elle faisait le ménage. Les œufs ont fini par éclore et j’ai passé des semaines à essayer de nourrir une centaine de bébés mantes de la taille de fourmis avec de minuscules mouches à fruits, également trouvées dans ma chambre sur des bananes pourries ! Les jeunes mantes (appelées nymphes) croissent rapidement, changeant de peau plusieurs fois avant de développer leurs ailes à la dernière mue.

Il y a 2200 espèces différentes de mantes dans le monde, qui vivent principalement dans les régions tropicales et subtropicales mais on trouve quelques espèces dans le Sud de la France. Elles sont cousines des cafards et des termites mais, contrairement à ces herbivores, elles sont toutes carnivores. Elles furent importées aux Etats-Unis au 20ème siècle pour contrôler les insectes nuisibles dans les champs et sont aujourd’hui reconnues pour leur utilité dans ce domaine par tous les jardiniers. Heureusement, elles sont inoffensives pour les humains bien qu’elles puissent égratigner jusqu’au sang avec leurs picots si on les tient trop serrées dans la main. Certaines, comme la mante d’orchidée, sont camouflées pour ressembler exactement aux pétales de la fleur ou à ses feuilles mortes, les rendant difficiles à localiser. Certains spécimens de grande taille arrivent à capturer grenouilles et lézards avec leurs puissantes griffes.

La mante résidant dans mon bureau y a vécu heureuse pendant plusieurs jours jusqu’à ce qu’elle soit repérée par un tokai qui, après être descendu le long du mur puis être passé par dessus la lampe, a croqué avec délice l’infortuné insecte avec sa mâchoire. Alors si vous voyez un de ces étonnants insectes, s’il vous plait, prenez un moment pour les regarder avec attention et pensez au bien qu’elles font avant d’attraper l’aérosol de Baygon !

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