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La fleur de lys: l’esprit de l’entreprise

« N’espérez pas monter votre société en France, tâchez plutôt de faire vos preuves dans une grande entreprise ». C’est en substance ce que les profs d’une des écoles de commerce françaises parmi les plus réputées tenaient comme discours à Rodolphe de Montesquieu à l’issue de ses études supérieures en 2004. « Mais moi, je n’avais pas envie de devenir cadre sup avec costard cravate, rentrer dans le système, je voulais monter ma boîte, » rétorque ce jeune homme de 27 ans. Il a d’abord pris la direction de la Nouvelle-Calédonie où il avait vécu : « il y a beaucoup d’opportunités là-bas, c’est le plein emploi, un haut pouvoir d’achat mais je rêvais d’autre chose, plus exotique. » Après un bref séjour en Thaïlande, il a finalement porté son choix sur l’Indonésie : « entre la possibilité d’être propriétaire à 100% de son entreprise à l’époque, l’apprentissage de l’indonésien bien plus facile que le thaï et le coût de la main d’œuvre nettement plus avantageux qu’en Thaïlande, je n’ai pas vraiment hésité. »

Rodolphe a donc visité un premier salon professionnel à Jakarta pour constituer « un pool de fournisseurs ». « J’ai commencé à vendre sur la Nouvelle-Calédonie des meubles et des matériaux de construction, j’ai rapidement investi dans un entrepôt avec dock de chargement. On ne souffre vraiment pas de la concurrence avec la Chine dans le trading en Indonésie parce que nous sommes beaucoup plus flexibles, on place plus d’une référence dans le container », précise-t-il.
A présent, il a élargi son marché au monde entier et surtout son offre de produits : il vend par exemple du charbon de bois ou du riz en provenance de Thaïlande.
Au bout de deux ans de cette activité, il a pris un nouveau tournant « plus valorisant sur le plan personnel », il s’est lancé dans la marqueterie.

« On vit à l’heure du mobilier jetable, standardisé, j’ai eu envie de faire des meubles uniques, beaux, à prix raisonnable et qu’on puisse transmettre à ses enfants ». Rodolphe est issu d’une grande famille (son célèbre ancêtre a écrit l’Esprit des Lois, qui a posé le principe de séparation des pouvoirs, à l’origine de nos modernes démocraties), il a vu dans le château de ses parents des meubles marquetés qui avaient plus de 200 ans et pas une fissure, c’est cet amour des beaux objets qu’il veut perpétuer en les adaptant au goût du jour. « J’ai commencé par huit mois de recherche et développement avant d’ouvrir le show-room, il a fallu mettre au point les techniques de résine et de collage de matériaux aussi différents que du rotin, du coco ou de la pierre marine. Nous ne sommes que deux à Bali à innover sur le créneau de la marqueterie, les autres ne font que copier ». Il reconnaît bien volontiers que rien n’aurait pu se faire sans le talent et l’ingéniosité de ses ouvriers, ce sont eux par exemple qui l’ont mis sur la piste de cette pierre marine qui bleuit une fois poncée. Rodolphe réalise pour 80% de ses clients de la marqueterie sur mesure et sans surcharge, ça rend chaque meuble unique et ça remporte un franc succès auprès des Français, des Espagnols et des Italiens, une clientèle plutôt européenne. Il s’attaque à présent à des meubles avec inclusion, de toiles de peinture ou de feuilles de tabac. Le marché est immense et le succès déjà là !

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