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La fine fleur de Bali

Si votre excuse pour ne pas avoir offert de fleurs (bunga) à votre Valentin(e), blond(e) ou brun(e) le 14 février était du type « j’ai pas trouvé de fleuriste », je ne vous félicite pas et vous conseille de garder précieusement cette page pour l’année prochaine… Il suffira probablement d’ajouter 20 ou 30% aux prix que je vous indique plus bas. Si c’est parce que vous avez offert des chocolats, je vous pardonne… même s’il paraît qu’ici pour conter fleurette, mieux vaut offrir des bunga fraîchement tombées de son deposito (ce qui revient donc à « compter » fleurette, puisqu’on dit aussi bunga pour les intérêts des placements financiers). Parce qu’à Bali les appareils reproducteurs végétaux (les fleurs quoi) servent surtout pour les offrandes et les ouvertures de magasins. Il est de bon ton pour les fournisseurs et partenaires commerciaux d’envoyer un horrible bunga papan, horrible à cause du panneau en polystyrène expansés sur lequel sont fixées les fleurs, qui finira sa course dans une décharge après un seul usage…

Une petite devinette, quelle est la fleur – qui n’en n’est pas une, puisqu’il s’agit en fait d’une partie de la feuille, la bractée, déguisée en fleur parce la fleur est petite et blanche, bref pas très attrayante – que les Indonésiens appellent fleur de papier (bunga kertas) ? Le… bougainvilliers, à cause de la consistance des bractées qui ressemble à du papier, justement. Mais ça ne s’achète pas, on se contente de les admirer dehors… Attention aux épines si d’aventure on décidait d’en « prélever » quelques branches pour un bouquet.

Saviez-vous que les fleurs séchées de frangipanier (rien à voir avec la frangipane de la galette des rois, vous pouvez essayer mais ça risque d’être franchement bizarre), que l’on appelle ici kemboja et ailleurs plumeria, ces mêmes fleurs qui jonchent toute l’année votre pelouse si vous avez un frangipanier dans le jardin, se vendent (par les particuliers que nous sommes) jusqu’à 100 000 rp le kilo ? Certes, il faut 6 semaines pour obtenir 1kg avec 2 petits arbres, mais ça fait toujours une moyen simple de faire contribuer nos bambins aux tâches de la maison – ok, votre staff qui avait « oublié » de vous dire qu’il vend les fleurs de votre jardin depuis toujours va faire un peu la tête, mais vous serez assurément fier de faire croire que vous avez trouvé ça tout seul. Merci la Smart’aine – je peux bien me jeter quelques fleurs non ? Evitez les fleurs de kemboja blanches pour les petites déco fleuries (elles sont associées aux crémations) et si vous êtes en couple mettez- les plutôt sur l’oreille gauche – les jaunes ou les roses, pas les blanches donc – que sur la droite, pour éviter d’embrouiller les dragueurs polynésiens.

Je déconseille fermement (jeux de mot à retardement rapport au phallus de titan qui arrive bientôt), en dépit de son éloquente étymologie, d’offrir à quiconque une Amorphophallus Titanum (phallus de titan amorphe donc), fleur endémique de l’Est de Sumatra, déjà parce qu’elle mesure jusqu’à 6 mètres de haut et qu’elle est mieux à Sumatra, mais surtout parce qu’en bahasa indonesia (langage particulièrement imagé et parfumé s’il en est, mais c’est un autre sujet…) elle s’appelle bunga bangkai : fleur charogne (hummm)  en raison de son odeur de vieux tas de vomi pourri, c’est-à-dire un parfum plus évocateur de la fête d’Halloween que de celle des amoureux.

Pour terminer sur une note aromatique un brin plus agréable, trois mots sur la fleur (puspa) nationale (bangsa) indonésienne, le jasmin blanc (melati putih) qui représente la pureté, la simplicité et la sincérité, ces trois valeurs en font une fleur incontournable pour les mariages (à Java, Sumatra, Sulawesi) et les funérailles (à Bali)… et les noces de jasmin (en France), petit rappel : les noces de jasmin se célèbrent après 66 ans de mariage… Ah oui, quand même.

Pour acheter des fleurs, en toutes occasions, voici quelques adresses et références de prix utiles au sud de l’île, avec une petite requête en échange : refusez les emballages en plastique pour les fleurs (aussi), une feuille de papier kraft, de papier cadeau, ou de journal fera très bien l’affaire. L’offre dans les magasins est assez pauvre, elle se limite à 4 ou 5 espèces, quasiment toujours les mêmes.

Rosa Flowers, sur la Sunset Road à l’angle avec la jalan Mertanadi ( la rue de la prison ), magasin bien nommé puisque les roses (mawar) y sont d’assez bonne qualité et moins chères qu’ailleurs : 5000 rp les 3. 2000 rp la tige de sedap malam, « délicieuse nuit » si on traduit du bahasa indonesia – ou tubéreuse (mouais) en français, quand je vous dis que le bahasa indonesia est une langue fleurie – « délicieuse nuit » parce que c’est une fleur qui libère son parfum la nuit et qui présente l’intérêt de continuer à produire sa molécule qui sent bon jusqu’à 48h après avoir été coupée. Vous me ferez plaisir en ne confondant plus « tubéreuse » et « jasmin », des boutons ronds pour le jasmin et ovales et longs pour la capiteuse tubéreuse. Pas de risque de les confondre en magasin, du moins à Seminyak, puisqu’on n’y trouve pas de jasmin, ce dernier se conservant très mal car cepat busuk (vite pourri). Un peu comme la pureté, la simplicité et la sincérité, serais-je presque tentée de dire.

Monik Florist, depuis mai 2013 sur Jalan Plawa (dans le prolongement de la Jalan Dhyana Pura), propose des tubéreuses à 1000 rp pièce, et des Bunga Heliconia (becs de perroquet, tiens, pour une fois que c’est le français qui me parle davantage !) à 10 000 rp pièce, ainsi que des bouquets de chrysanthèmes (ici pas de connotation « cimetière» pour nos « fleurs de la Toussaint », ce sont même celles que les petits Australiens offrent pour la fête des mères). 25 000 rp les petits, 30 000 rp les grands. Les roses y sont à 3000 rp pièce…Les vendeuses confectionnent tous les jours des petits bouquets et arrangements floraux à partir de 125 000 rp avec le pot, on y trouve aussi des vases assez jolis et quelques fleurs artificielles.

Chez Ayu Bunga, qui a repris depuis le mois dernier sa place d’antan juste en face de Made’s Warung sur la Jalan Seminyak, les sedap malam coûtent seulement 600 rp la tige, et les becs de perroquets de 7000 à 10000 rp pièce, les roses rouges 2000 rp, blanches, 3000 rp. On peut aussi y acheter des orchidées (anggrek) en pot à partir de
85 000 rp, mais sans beaucoup de choix. A noter qu’on y trouve aussi des anthurium rouges (mais si vous savez ce que c’est, ces espèces de coupelles rouges plates avec comme un petit appendice long et jaune au milieu, appendice qui ferait un bon contrepoids au phallus de titan susmentionné) à 7000 rp pièce. Les chrysanthèmes y sont vendus à l’unité, 3000 rp.

Dans ces trois magasins il est possible de passer une commande d’autres fleurs ou de fleurs spécialement fraîches pour une occasion spécifique, si l’on s’y prend avec une petite semaine d’avance. Attention, les fleuristes ouvrent plus tôt que les autres magasins, vers 8h, mais ferment à 17h.

Et si vous n’êtes pas fans de fleurs coupées, je conseille un petit tour chez l’incontournable spécialiste de l’orchidée : Flora Bali, 123 Jalan Kerobokan (à environ 3 km de Lio Square), (0361) 732 290 si vous êtes perdus, où pour 60 000 – 100 000 rp le pot ou 80 000 – 130 000 rp montées sur un support mural, vous trouvez assurément des orchidées à votre goût. Petites, grosses, tachetées, unies, blanches, vertes, noires, jaunes, violettes… Avec un peu de soin et d’attention, elles pourront même refleurir au lieu de pourrir.

Voilà de quoi arriver partout la fleur au fusil, sans passer pour des mufles ni vous envoyer vous faire voir chez les anggrek !

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